Affaire des viols de Mazan : le mari, accusé d'avoir orchestré une décennie d'horreurIstock
Le procès des viols de Mazan s'ouvre cette semaine avec les témoignages des accusés, 51 prévenus passeront les portes du tribunal, en commençant par Dominique Pélicot, le mari de la victime désigné comme le "chef d'orchestre" de l'affaire.
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Le procès des viols de Mazan, une affaire glaçante qui a choqué le pays, entre dans sa deuxième semaine. Au centre des débats se trouve Dominique Pélicot, un homme de 71 ans, accusé d'avoir orchestré de 2011 à 2020 les viols répétés de son épouse, Gisèle Pélicot. Il est décrit par l'un des 50 coaccusés comme le "chef d'orchestre" des violences sexuelles. Le procès, qui se déroule devant la cour criminelle de Vaucluse à Avignon, doit durer encore quatre mois.

Un homme à double facette

Lundi 9 septembre, les experts psychiatres ont dressé un portrait sombre de Dominique Pélicot. Décrit par certains comme un "pervers manipulateur", il aurait mené une double vie. La nuit, il recrutait des hommes sur internet pour violer son épouse qu'il avait préalablement droguée, sans demander de contrepartie financière. Il les faisait venir en toute discrétion à leur domicile.

Le jour, le père de famille apparaissait comme un "grand-père attentionné" et un "super mec", selon des témoignages de son entourage. Cette manipulation psychologique et criminelle a été confirmée par des coaccusés et les proches de l'accusé. Certains membres de la famille Pélicot, dont ses deux fils et son frère, devraient également témoigner cette semaine pour apporter plus de détails sur cet homme aux multiples facettes.

Un profil sans "aucune pathologie ou anomalie mentale"

Aujourd’hui âgé de 71 ans, Dominique P., ex-salarié d’EDF, ne souffre "d’aucune pathologie ou d’anomalie mentale" mais d’une "déviance sexuelle ou paraphilie de type voyeurisme", selon plusieurs examens psychiatriques réalisés lors de l’enquête révèle Centre Presse. Il est décrit comme un  "patriarche", "manipulateur" doté d’une personnalité "perverse", utilisant sa femme comme "appât".

Lors de ses témoignages, il aurait expliqué qu'il trouvait du "plaisir" à voir sa femme contrainte de faire des choses qu'elle refusait normalement. Véronique Le Goaziou, chercheuse associée au Laboratoire méditerranéen de sociologie, spécialiste des violences sexuelles, explique que "soumettre quelqu'un peut donner un puissant sentiment de contrôle et de domination sur une personne plus faible", explique-t-elle à l'AFP. 

L'accusé principal, qui dit avoir été violé à neuf ans par un infirmier, a exprimé ses regrets aux enquêteurs, affirmant qu'il était "pris dans une addiction" qui l'empêchait de stopper ses actions.

Qui sont les 50 autres accusés ?

Parmi les autres accusés dans cette affaire, on trouve des hommes âgés de 26 à 74 ans, tous issus de diverses professions telles que pompier, artisan, ex-policier, électricien ou encore journaliste.

Ils seraient tous sans antécédents judiciaires, la plupart sont des hommes insérés dans la société, souvent en couple et parfois pères de famille. Certains nient avoir su que la victime était droguée et inconsciente, pourtant totalement inerte sur les vidéos.

D’autres reconnaissent avoir agi en connaissance de cause, une version confirmée par le mari et des échanges sur un forum échangiste. Seuls quelques-uns ont exprimé des doutes quant à l’immobilité de la victime, tandis que la majorité n’a pas remis en question les circonstances.

Des audiences échelonnées jusqu'en décembre

La majorité des accusés pourrait être condamnée à 20 ans de réclusion criminelle pour "viols aggravés". Les audiences se tiennent actuellement dans une salle exiguë où les accusés comparaissent librement, ils se retrouvent côte à côte avec les parties civiles, qui ressentent cette situation comme une véritable "agression" indique Nouvelles du jour

Bientôt, le tribunal pourrait voir une réduction du nombre de protagonistes. Le président de la cour, Roger Arata, envisage d'accéder à la demande de plusieurs avocats de la défense, qui souhaitent que leurs clients comparaissent librement, ne soient pas contraints d’assister aux audiences qui ne les concernent pas directement.

Chaque semaine, la cour poursuivra l'audition de nouveaux accusés, avec des audiences programmées jusqu'en décembre.