Ce lundi 25 novembre est celui de la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Zoom sur The Sorority, cette application réservée aux femmes et aux minorités de genre qui propose de leur...
Imaginez. Minuit passé, un appel retentit dans les bureaux de la police scientifique. Les équipes sont chargées d’intervenir sur place afin de trouver les indices permettant de remonter la trace d’un suspect. Nous avons tous ces idées reçues véhiculées par les séries télévisées, FC, technicien en Chef de Police Technique et Scientifique sous pseudonyme, balaie le glamour de son métier difficile et vous plonge dans la réalité du terrainsensible et parfois morbide.
La rédaction : quand fait-on appel aux équipes de la police scientifique ?
FC : On travaille sous les ordres d’un officier de police judiciaire (OPJ), qui nous sollicite sur une intervention. Les infractions balaient aussi bien la délinquance de masse (des vols, descambriolages...), que les affaires criminelles (homicides , viols...).
La rédaction : avant d’arriver sur le terrain, êtes-vous au courant de tous les éléments de l’enquête ?
FC : On a des infos sur le contexte, si c’est en intérieur, en extérieur, mais le plus souvent nous avons des informations parcellaires à confirmer à notre arrivée sur la scène. Elles sont importantes car selon le type d’affaire, on ne prend pas le même type d’équipement.
Les méthodes de terrain
La rédaction : sur le terrain, comment vous organisez vous afin de ne pas louper d’éléments ?
FC : On a une méthodologie en 4 phases. On commence par une prise en compte de lascène. On essaie de comprendre avant d’agir. Quand on rentre sur la scène, on ne doit pas êtreuniquement intéressé par les éléments les plus visibles (un corps, arme à feu par exemple), etpotentiellement oublier les éléments non-visibles, voire les altérer. De ce fait, on commence par délimiter la scène avec des rubalises (bande jaune), puis on s’équipe intégralement (combinaison à capuche, masques, gants, surchaussure) avant de rentrer sur la scène pour ne pas la contaminer. Lorsqu’on pénètre sur la scène on alterne un éclairage de lumière bleu (photoluminescence)et de lumière blanche afin de ne pas altérer ni les traces non-visibles ni la scène. Pour terminer, on fait des photos pour voir la scène de manière identique à notre vision à l’arrivée, avec des appareils photo ou caméras 360.
Quand il y a un procès pénal, il y a souvent une reconstitution qui est faite. Ça permet d’avoir une idée précise de comment était la scène pour ce travail de reconstitution.
On a ensuite une 2e phase de recherche de traces et indices, avec une méthodologie conçue pour ne rien oublier avec un travail dans les 3 dimensions (mur, sol, plafond). En général et en intérieur, on choisit une méthodologie de progression en couloir. Pour trouver toutes les traces visibles ou invisibles à l’oeil nu (biologiques, physiques,...) on alterne entre l’utilisation de la lumière bleue et de lalumière blanche. A chaque élément trouvé, on place des cavaliers numérotés...
Pour la phase 3, on vient fixer les lieux en faisant des photos du général au particulier. D’abord des photos aux quatre coins de la pièce, puis des photos en positionnant chaque cavalier dans son contexte, et une vue en gros plan. On fait aussi un plan à l’échelle, avec un mètre ou un télémètre, en prenant toutes les mesures de la pièce, du mobilier, du corps.
Cette phase est importante car en cas de reconstitution, il faut arriver à repositionner tous les éléments à l’identique de la scène plusieurs années plus tard.
Pour la 4e phase, on détermine, dans un premier temps l’ordre des prélèvements des traces et indices trouvés sur la scène puis on recherche des traces papillaires.. On va prélever du plus fragile au moins fragile. La fragilité peut être en lien avec la nature de l’objet ( biologique par exemple…) ou contextuelle (éléments sous la pluie qu’il faudra prélever en priorité).
Ensuite, il sera effectué des recherches de traces papillaires (par exemple à l’aide de poudre) sur la scène sur les objets non transportables. Pour certaines affaires, on peut être amené à chercher des traces de sang effacées grâce au bluestar qui réagit avec le fer contenu dans le sang et qui va devenir fluorescent. On parle de chimiluminescence.
De retour au service, un dossier technique de scène d’infraction sera rédigé en reprenant les élémentstrouvés sur la scène.
Les difficultés du travail de police scientifique
La rédaction : Comment pouvez-vous être certain de ne rien louper ?
FC : Si on respecte la méthodologie, ça limite les risques, mais on a aucune certitude. Il faut être le plus efficace et méticuleux possible car plus le temps passe plus les indices disparaissent., De plus il est difficile de pourvoir revenir sur une scène plusieurs semaines ou mois plus tard sans risque de déperdition des traces et indices ! Sur une scène criminelle, il faut imaginer que pour une pièce standard, on passe une demi-journée sur place pour l’exploiter intégralement.
Les cold case
La rédaction : quelles traces pouvez-vous retrouver des années après un crime ?
FC : On a ce qu’on appelle les “cold case” où on peut revenir sur les scènes de crimeplusieurs mois ou années plus tard, dès que de nouvelles pistes apparaissent au nivaeu de l’enquete ou parce que les progrès de la science permettent de nouvelles investigations.. (Ça a par exemple été le cas pour l'affaire Fourniret NDLR).
Par exemple, on peut retrouver des traces de sang laissées , en très petites quantités voire effacées, il y a plusieurs années, si elles sont restées dans des bonnes conditions de conservation. Par exemple, suite à un homicide dans un appartement, on a dû retourner sur place près de 10 ans plus tard pour faire des recherches de sang effacés. Après avoir enlevé le nouveau parquet il y a eu une réaction positive de luminescence suite à la vaporisation de bluestar ce qui a permis de définir le lieu précis de l’homicide. Le parquet ayant « protégé » les traces de sang effacées. Sans aller jusqu’à des années mais les conditions de conservations ont un impact sur la « durée de vie » des traces et indices ( traces papillaires en plein soleil et à l’intérieur, sang sous la pluie ou à l’abri).
Si on a un véhicule conservé dans un garage, les traces resteront présentent beaucoup plus longtemps que sur un véhicule garé dehors, en plein soleil.
La rédaction : quels sont les éléments étranges qui doivent attirer votre oeil ?
FC : Tout ce qui sort de l’ordinaire ou que l’on arrive pas à expliquer.Je me souviens que Sur une intervention dans le cadre d’un « vol roulotte » dans un véhicule, on avait trouvé de la terre en haut de la portière forcée coté conducteur, ce qui n’était pas normal ! A l’issu des constatations, on n’ avait trouvé que des traces de gants. En revanche, en se demandant pourquoi il y avait des traces de terre à cette hauteur, on s’est aperçu qu’un autre individu avait dû s’asseoir sur le toit et pousser la portière avec ses pieds pour faire levier, ce qui expliquait la présence de terre. Nous avons fait des recherches de traces papillaires sur le toit qui se sont révélées positives car ce dernier ne portait pas de gants !
Retrouvez bientôt sur Planet.fr, d’autres informations sur la police scientifique, appelée pour retrouver sur le terrain les éléments permettant de résoudre une enquête.