Centres d’appels, objets connectés… Peuvent-ils vraiment vous sauver la vie ? IllustrationIstock
Alarmes de sécurité, bracelets électroniques... Il existe des services pour assurer votre sécurité. Mais ces dispositifs sont-ils réellement efficaces en cas de problèmes ? 
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Objets connectés, centres d'appels : un constat alarmant

Les chiffres font froid dans le dos. D’après France Inter 12 000 personnes meurent chaque année des suites d’une mauvaise chute. C’est la première cause de décès chez les personnes âgées et les enfants. Selon le rapport 2011 de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS) trois quart des décès des plus de 75 ans surviennent après une mauvaise chute. Pourtant, des solutions existent à l'instart des alarmes et des montres connectées. Reste à savoir si elles sont réellement efficaces...

Pour Jean-Marie Vétel, médecin gériatre et actuel Directeur Médical du groupe GDP Vendôme Dolcea , les objets connectés ne sont pas la solution. "Si une personne âgée fait une chute, on l’emmène à l’hôpital et on la renvoie chez elle. Si elle ou sa famille n’ont pas les moyens d’aménager le domicile ou de payer une location dans une résidence service, elle fera une autre chute qui lui sera sûrement mortelle.

Bénédicte Champenois-Rousseau, sociologue spécialisée dans les nouvelles technologies, est du même avis. "Les chutes sont inévitables et c’est tout le problème, les dispositifs ne sont pas fiables à 100%."

"Les nouvelles technologies peuvent être véritablement utiles, le plus important reste une bonne utilisation et une formation de la personne âgée qui l'utilise", tempère Mélissa Petit, sociologue spécialisée dans les enjeux du vieillissement.  

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Objets connectés, centres d'appels : l'exemple américain

Aux Etats-Unis, une jeune fille de 18 ans a eu la vie sauve grâce à sa montre connectée. En France, un cycliste de 61 ans a pu être réanimé grâce à une application mobile qui a permis de détecter un défibrillateur à proximité. 

Pour le docteur Vétel, ces cas ne sont pas à prendre en compte puisqu’ils ne sont pas représentatifs. D’après Bénédicte Champenois-Rousseau, les dispositifs de sécurité sanitaire sont dans une logique de réduction des risques et peuvent creuser des inégalités car la santé connectée est dédiée à des gens qui en ont les moyens. 

Mélissa Petit n’est pas du même avis que ses confrères. D'après elle, il faudrait retravailler quelques paramètres pour que la technologie puisse rendre service à l'utilisateur. "Ce n'est pas la technologie pour la technologie, mais la technologie au service de quelque chose, ici d'un bien vivre ou d'un vivre en sécurité et sérénité, et en lien avec des besoins analysés et des manières d'utilisation spécifiques."

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Objets connectés, centres d'appels : quels sont les risques et inconvénients ?

Ils ne font décidemment pas l'unanimité. Les objets connectés sont-ils prêts à nous venir en aide ? Selon Bénédicte Champenois-Rousseau, les nouvelles technologies peuvent fonctionner pour les gens atteints de maladies chroniques, pour leur rappeler qu’il faut prendre leur traitement, par exemple. "Ce sont des dispositifs qui font du bien, mais pour des cas urgents et qui arrivent brusquement, il n’y a pas de résultats probants."

Comme le rappelle Bénédicte Champenois-Rousseau, lorsqu’on porte ce genre d’appareils, il faut être prêt à bien vouloir être surveillé 24h/24.

"Pour avoir un système 100% fiable, il faudrait que tout soit transparent partout et tout le temps. Nous ne sommes pas des robots, il nous faut une certaine liberté, une certaine autonomie", continue-t-elle. 

Ce à quoi le docteur Vétel acquiesce. "Il y a un grand débat dans le monde gériatrique concernant le respect de la vie privée, qui est éclaboussé par ces objets. Quel genre de médecin serait prêt à coller une pastille entre les deux omoplates de ses patients ?"

Selon lui, ce genre de dispositifs n’est pas une solution car ce sont des outils à faible puissance qui fonctionnent grâce au WIFI et offrent donc une communication aléatoire. "Les médaillons et montres sont souvent boudés par les seniors qui préfèrent les ranger dans leur tiroir ou doivent l’enlever quand ils rentrent sous la douche, là où le risque de chute est le plus élevé !"

Objets connectés, centres d'appels : le prix qui fait débat

Les objets connectés renforcent aussi les différences entre les classes sociales. Souvent hors de prix, Bénédicte Champenois-Rousseau déplore que la santé connectée soit uniquement dédiée "aux gens qui ont un mode de vie plus élevés, ce qui creusent les inégalités sanitaires".

Mélissa Petit rétorque que ce ne sont "pas des gadgets mais des objets connectés qui se développent au fur et à mesure." Elle rappelle, elle aussi, que les personnes âgées ne sont pas friandes de ces outils digitaux car "cela les stigmatise, alors qu'ils veulent des outils proposant de la conception universelle."

D'après elle, "la santé mobile fonctionnera chez les personnes âgées si on les met au centre des créations." Mais il existe beaucoup d'efforts à fournir pour que cette technologie fonctionne à plein poumons et sans accro. 

Objets connectés, centres d'appels : "repenser le logement", une solution alternative ?

Pour le docteur Vétel, la solution contre les accidents de la vie courante réside dans l'habitat et son aménagement. "A 75 ans, il faut se demander si l'on se voit vivre dans ce logement jusqu'à sa mort ou non. Il y a une éducation de la société à faire sur le logement." Avant d'ajouter : "si vous voulez rester autonome et pouvoir rester chez vous pour faire ce que vous voulez, mieux vaut être chez soi !"

En effet, selon un rapport Ipsos, 90% des Français seraient attachés à leur foyer. Mais seulement un senior sur quatre a néanmoins le sentiment qu’il devrait changer de logement parce qu’il n’est plus adapté. 63% des seniors estiment qu’il existe au moins une raison objective qui pourrait les convaincre de changer de logement.

Il rappelle aussi que plus on vieillit, plus il faut se rapprocher du centre-ville, en rappelant que la prise de conscience de la personne concernée est primordiale, car les chutes sont inévitables et que, pour le docteur Vétel, les dispositifs de sécurité ne sont pas infaillibles.