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Affaire Émile : une erreur d’identification pourrait-elle compromettre l’enquête ? © Lafargue Raphael/ABACAabacapress
Deux voisins de la famille Vedovini affirment avoir aperçu le petit garçon peu avant le signalement de sa disparition. Mais les deux témoignages sont contradictoires et l'hypothèse d'une confusion est envisageable. Explications.

“Le problème de l'affaire Émile c'est qu'elle a tous les ingrédients pour alimenter toutes les hypothèses et donc toutes les attentes. Elle est suivie par tous les citoyens parce qu'ils veulent savoir. Et on ne sait pas. Il n'y a rien de pire dans une affaire criminelle que de ne pas savoir”, déclarait à Planet.fr l'avocat pénaliste maître Randall Schwerdorffer la semaine dernière. 

Le 8 juillet 2023, le petit Émile, âgé de 2 ans et demi, est vu pour la dernière fois par deux voisins de ses grands-parents au Haut-Vernet, un hameau d'une trentaine d'habitants situé dans les Alpes-de-Haute-Provence. “J’effectuais des travaux chez moi et à ce moment-là, j’étais dehors devant mes escaliers”, racontait à BFMTV l’un des voisins en question en septembre 2023. Pas de quoi s’inquiéter selon lui, “le grand-père coupait du bois à une dizaine de mètres de l’enfant”, dans le jardin. Et s’il n’a pas prévenu les secours en voyant le garçonnet tout seul ce jour-là c’est parce qu’il s’agit d’un hameau très tranquille. “Franchement, ces critiques, c’est n’importe quoi. C’est des gens qui vivent à Paris, qui ne connaissent pas la vie d’un hameau, qui disent ça”, avait-il souligné. 

Deux témoignages contradictoires 

C’est sur ces témoignages que sont revenus nos confrères de La Provence, expliquant que “l’hypothèse d’une confusion ne serait pas à écarter”. En effet, le 28 mars 2024, les juges d’instruction ont convoqué dix-sept personnes, dont dix membres de la famille du petit garçon, pour participer à une mise en situation organisée au hameau du Haut-Vernet. Leur point commun ? Elles étaient toutes présentes le jour de la disparition du petit Émile. 

Parmi ces dernières, deux voisins avaient affirmé, lors des premiers interrogatoires, avoir vu le garçonnet entre 16h45 et 17h le 8 juillet 2023, dans la rue principale du Haut-Vernet, où se trouve la résidence secondaire des grands-parents maternels de l’enfant. Néanmoins, leurs témoignages sont contradictoires : l’un affirme avoir vu Émile descendre la rue, tandis que l’autre dit l’avoir vu la remonter.

Les témoins auraient pu se tromper d’enfant 

De même, les témoins pourraient s’être trompés selon nos confrères qui pointent un détail essentiel : les voisins en question n'avaient peut-être pas vu le petit garçon depuis l’été précédent. “Le doute peut être permis” suggèrent-ils avant d’écrire : “Après tout, sont-ils sûrs d’avoir parfaitement identifié un enfant âgé de deux ans et demi qui revenait dans le village, un an après y avoir séjourné lors des précédentes vacances d’été ? En l’espace d’un an, est-on certain de reconnaître tout à fait un enfant que l’on n’a plus vu depuis tout ce temps ? Auraient-ils pu le confondre avec un autre enfant blond, même âge d’un ou deux ans de plus ?”. Et si cette hypothèse s’avère vraie, elle pourrait bien rebattre les cartes de l’enquête.