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“La balle est dans son camp”. C’est par ces mots qu’Emmanuel Macron a conclu son invitation à l’intention de Marine Le Pen afin de lui proposer un débat, à quelques jours des élections européennes. Dans un entretien avec Le Parisien, le week-end dernier, il a ainsi ouvertement évoqué son envie d’en découdre avec la responsable du Rassemblement national. D’après lui, “si on pense que c’est une élection où se joue une partie du destin de la France, il faut débattre”. Mais pour quelles raisons le président de la République souhaite-t-il tellement débattre avec Marine Le Pen ? Thomas Guénolé, politologue, et Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l'Université Paris II Panthéon Assas, nous éclairent sur les motivations d’Emmanuel Macron.
Débat Macron / Le Pen : les motivations du président
Alors que les élections européennes auront lieu le 9 juin prochain, c’est le Rassemblement national qui mène la danse avec 34% d’intentions de vote. De son côté, la liste de la majorité présidentielle, conduite par Valérie Hayer, perd toujours plus de terrain avec seulement 15% d’intentions de vote. Dans ce contexte, Emmanuel Macron a lancé une invitation au débat à Marine Le Pen en affirmant que si cette dernière était “prête à débattre et clarifier ses idées”, il l’était également. Une proposition qui a peu de chance d’aboutir si l’on en croit l’analyse de Benjamin Morel, maître de conférence en droit public à l’Université Paris II Panthéon Assas.
D’après lui, “l’Europe n’est pas la véritable raison” de cet échange puisque l’augmentation du nombre de députés issus du Rassemblement national ne “change pas la donne sur l’avenir de l’Europe”. Il pointe néanmoins du doigt une élection “avec beaucoup d’abstention”, où l’électorat macroniste est “peu mobilisé”. Il s’agit d’une situation anormale pour un électorat présent à chaque élection. Comme il le rappelle, Emmanuel Macron utilise la même stratégie de dramatisation que celle de 2019, qui lui avait permis de faire remonter les chiffres de Nathalie Loiseau après l’évocation de “la lèpre nationaliste”.
Débat Macron / Le Pen : une volonté de mobiliser l’électorat ?
Comme le précise Benjamin Morel, cette volonté de débattre consiste surtout “à mobiliser sa base électorale”, ce qui fait défaut actuellement dans le parti d’Emmanuel Macron. Il précise que Marine Le Pen n’est pas dans ce cas de figure puisque son électorat est à “35% dans les sondages avec 80% de certitudes de votes”. Selon lui, “il s’agit d’un feuilleton dont on connaît déjà la fin”.
De son côté, le politologue Thomas Guénolé estime, lui aussi, que le débat n’aura pas lieu, tout en affirmant que le véritable enjeu du président de la République demeure “le score de la liste macroniste aux élections européennes”. Il rappelle, dès lors, qu’il est inhabituel de voir ce chiffre être sous la barre des 20%, “qui plus est pour une élection qui concerne l’une des causes chères à leur propre électorat, la construction européenne”.
Débat Macron / Le Pen : aura-t-il lieu ?
Thomas Guénolé poursuit son analyse en expliquant que la présence de Valérie Hayer comme tête de liste renforce les actions d’Emmanuel Macron. Il rappelle que son expérience politique demeure minime par rapport à l’enjeu, ce qui pousse le président de la République à tenter de “sauver le soldat Hayer”.
Dans ce cas de figure, il est fort probable qu’Emmanuel Macron doive porter la responsabilité d’une défaite aux européennes, ce qui l’oblige à s’investir pour inviter Marine Le Pen au débat. Comme il l’explique, la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale a toutefois posé des conditions “inacceptables”, à savoir une démission d’Emmanuel Macron ou une dissolution de l’Assemblée nationale en cas de de victoire du Rassemblement national. Des demandes qui traduisent une volonté de “dire non sans dire non”, comme le conclut Thomas Guénolé.