Retraite et allocation chômage de retour à l'emploi : tous les pièges à éviterIstock
De nombreux retraités ont dû terminer leur carrière au chômage. Une situation complexe, qui n'est pas sans comporter un certain nombre de pièges. Récapitulatif
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Ils sont nombreux, à droite, à juger qu’il faut reculer l’âge légal de départ à la retraite. Certains, cependant, sont plus radicaux que d’autres : Xavier Bertrand, qui a récemment accepté de redescendre au niveau de la mêlée et de participer au congrès de la droite, prône un recul jusqu’à 64 ans. Valérie Pécresse et Michel Barnier, deux de ses opposants parmi les plus sérieux pour l’investiture des Républicains à l’élection présidentielle, envisagent plutôt une cessation d’activité portée à 65 ans. Finalement, c’est Edouard Philippe - l’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron qui vient de lancer son propre parti politique, Horizons - qui propose l’âge le plus tardif : 67 ans. Il en va, expliquent-ils globalement, de l’équilibre des comptes, de la "souveraineté nationale" de la France que le poids de la dette publique mettrait en danger.

Cependant, ce genre de réforme ne serait pas sans poser un certain nombre de questions. A commencer, peut-être, par celle-ci : quid de tous les futurs retraités qui, faute d’emploi, finissent leur carrière au chômage ? La situation existe et, bien souvent, elle s’avère très complexe pour les principaux concernés, rappellait l’Insee sur son site en 2020. "Le taux de chômage des seniors est inférieur à celui de leurs cadets, mais lorsqu’ils sont au chômage, ils ont davantage de difficulté à retrouver un emploi et deviennent fréquemment inactifs", précisent en effet les experts de l’Institut. Dès lors, comment épauler ces Françaises et ces Français qu’une telle réforme forcerait à passer davantage de temps en demande d’emploi, bien souvent dans l’attente de l’âge fatidique du départ à la retraite ?

Chômeurs en approche de la retraite : des dispositifs existent

Un dispositif pensé pour aider ces personnes-là existe bel et bien. Il s’agit de l’allocation chômage d’aide au retour à l’emploi (ARE) à laquelle peuvent prétendre les salariés du privé, rapporte le site du service public. "Pour percevoir l'ARE, vous devez être involontairement privé d'emploi. Vous devez justifier, à la date de fin du contrat de travail, d'une période minimale de travail. Un simulateur permet d'estimer le montant de votre ARE. Le versement de l'ARE peut être cumulé avec d'autres revenus d'activité. Le versement de l'ARE cesse si vous retrouvez une activité professionnelle salariée", peut-on d’ailleurs lire sur la plateforme gouvernementale. Mais comment cela se conjugue-t-il avec la retraite ? Récapitulatif.

ARE et retraite : comment préparer sa cessation d’activité quand on est au chômage ?

"Rappelons d’abord que le chômage ouvre théoriquement des droits à la retraite. Généralement, les années ou les mois passés sans travailler ne permettent pas de profiter d’une bonne rémunération et cela pèse donc sur le niveau final de la pension. Mais cela permet tout de même de valider certains trimestres nécessaires à l’obtention du taux plein", observe d’entrée de jeu Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne. "Cependant, il peut arriver que Pôle Emploi transfère mal les données à l’Assurance-maladie ou à l’Agirc-Arrco. Au moment de préparer sa liquidation, il faut donc s’assurer que vos droits ont bien été pris en compte", alerte-t-il. Un piège de plus par rapport à ceux que connaissent déjà tous les futurs retraités… "Ce sont de petites erreurs potentiellement discrètes mais qui, in fine, peuvent coûter très cher", détaille-t-il encore.

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Du reste, la perception de l’ARE peut en elle-même constituer un casse-tête au moment de réfléchir à son départ à la retraite. Faut-il partir avant la fin de ses droits au chômage ? Ou vaut-il mieux attendre d’avoir tout utilisé ? Il n’y a malheureusement pas de réponse universelle, explique le spécialiste. "Je recommanderai de ne pas se précipiter, ne serait-ce que pour prendre le temps de bien identifier tous les tenants et aboutissants de sa situation. Dans certains cas, il n’est pas pertinent de jouer le temps et rester à l’ARE ; dans d’autres c’est potentiellement indispensable. Cela va dépendre du nombre de trimestres de cotisations préalablement acquis, du temps d’ores et déjà passé à la retraite, du montant exact perçu dans le cadre de l’ARE… Beaucoup de facteurs entrent en compte pour identifier les bienfaits de la démarche", juge en effet l’expert, qui détaille sa pensée : "Un travailleur n’ayant pas cotisé assez pour pouvoir s’éviter le malus de 10% sur sa pension complémentaire pourrait être tenté de rester au chômage, mais dans la mesure où le nombre de trimestres comptabilisés pour le calcul de sa pension est plafonné, ce n’est pas toujours utile s’il a déjà passé un peu de temps sans emploi par le passé."

Autre cas de figure à envisager : le montant de l’ARE est toujours inférieur au dernier salaire perçu. Cela signifie que même s’il est possible d’obtenir de nouveaux trimestres, un chômeur gagnera tout de même moins de points pour sa complémentaire que s’il travaillait. "D’une façon générale, retrouver un emploi est la meilleure solution. Une fois la pension liquidée, il n’est plus possible de l’améliorer. C’est encore possible de le faire quand on est à l’ARE", estime Philippe Crevel. Mais comment faire ?

ARE et retraite : comment améliorer le montant de sa pension ?

Parce qu’il peut s’avérer particulièrement difficile de retrouver un emploi quand on approche de la retraite, ce dernier conseil peut sembler… provocateur. Pourtant, pour Philippe Crevel, il existe plusieurs solutions qu’il faut envisager.

"Difficile, quand on est au chômage, de compter sur l’épargne retraite pour améliorer son avenir. Le plus simple, à mon sens, pour pallier un déficit de revenus c’est d’envisager la création de sa micro-entreprise. La situation du marché du travail est particulièrement tendue. De nombreux secteurs cherchent des travailleuses et des travailleurs susceptibles de faire valoir une véritable expérience, notamment dans les domaines du bricolage, du nettoyage, de l’aide à la personne, à l’entreprise, des cours particuliers… Exercer une activité complémentaire à temps partiel, en tant qu’indépendant, peut donc être une solution", juge l’économiste.

D’autant qu’il est possible de se lancer alors qu’on est encore allocataire de l’ARE et éventuellement de profiter d’un dispositif de retraite progressive par la suite ! A bon entendeur...