Emploi des seniors : ce que réserve le futur “contrat de valorisation de l’expérience” Istock
Lors de négociations achevées le 14 novembre 2024, les partenaires sociaux se sont accordés sur la création d'un nouveau type de contrat visant les seniors. Une initiative plutôt bien accueillie par les recruteurs, mais qui soulève quelques questions.
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C’était devenu une sorte de “serpent de mer”. Un mars 2024, après un échec des sénateurs pour instaurer, le Medef avait tenté sans succès de relancer l’idée de créer un “CDI Senior” lors des dernières négociations avec les partenaires sociaux. Cette fois, le projet aboutit, avec un nouveau nom “contrat de valorisation de l’expérience”.Le principe ? Les salariés de plus de 60 ans qui signeraient ce nouveau type de contrat avec une entreprise signaleraient la date à partir de laquelle ils peuvent bénéficier d’une retraite à taux plein, autorisant alors l’entreprise à mettre un terme au contrat. 

Cette initiative est censée inciter les entreprises à embaucher des seniors, alors que l’âge de départ à la retraite tend à reculer. Certes, le taux de chômage des plus de 50 ans semble moins élevé que pour les autres classes d'âge. Il s’établit à 5.1% contre 17,2% chez les 15-24 ans et 7,3% pour l’ensemble de la population, d’après les dernières données de l’Insee, publiées le 13 novembre. Mais cela cache en réalité des situations bien différentes, notamment le cas de celles et ceux qui "sortent" de ces catégories car ils cessent d'être en recherche active d'emploi. En outre, l a question de l'abrogation de la dernière réforme des retraites reste en suspens

“Plus de visibilité”

“C’est une mesure qui ne résout pas tout, mais qui me semblait pertinente”, se réjouit Benoît Serre, vice-président délégué de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), interrogé par Planet.fr.  Cela “permet à l'entreprise d'avoir plus de visibilité lorsque l’on embauche un senior”, estime-t-il.  “Nous observons que les entreprises ont appris à mieux retenir leurs seniors, mais pas à les embaucher. I l fallait casser cette logique-là. “

Le représentant des recruteurs regrette toutefois l’âge minimum retenu pour autoriser la signature d’un tel contrat. 

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Le bon âge ? 

En effet, l’accord entre le Medef et les représentants des syndicats de salariés s’est arrêté sur l’âge de 60 ans.  “Ce qui est curieux, c’est que la négociation a maintenu une assurance-chômage de 27 mois pour les plus de 57 ans. C’est une manière de les protéger plus que les autres”, juge Benoît Serre. Il poursuit: 

“Les négociateurs sociaux ont considéré que 57 ans c'était un âge pivot. Cela aurait été assez logique de rendre le CDI senior applicable à partir de cet âge, dans des conditions à définir : que la personne soit sans emploi depuis un an par exemple.

D'autres freins à l'embauche des seniors

L’ancien directeur des ressources humaines de l’Oréal insiste sur l’importance de lutter contre le chômage de longue durée : “on sait que si quelqu’un perd un emploi, plus il met de temps à en retrouver, plus ça devient difficile d’être embauché. Il faut casser la mauvaise machine très vite”. 

Enfin, même si le "CVE" est adopté, rien n'assure qu'il aura du succès. Les employeurs demandaient une exonération des cotisations versées à l'assurance chômage. Cette mesure n'est pas encore actée et, si elle l'était elle ne serait applicable qu'à partir de 2027, comme l'indique un article publié sur le site de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Encore faudra-t-il que le CVE ait fait ses preuves

“Est-ce que cela suffira sur le terrain? Le temps le dira. Un sujet reste selui de la compétence détenue. Nombre de seniors sont sans emploi en raison de l’obsolescence de leurs compétences. Il faut s’en occuper beaucoup plus tôt. Aujourd’hui, on prévoit un bilan de compétence à partir de 58 ans, cela me paraît tard", relève pour sa part Benoit Serre.