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Attaque couteau Nantes© Girard Thomas/Abacaabacapress
Justin P., âgé de 16 ans, a agressé jeudi 24 avril quatre de ses camarades du lycée privé Notre-Dame de Toutes-Aides à Nantes. Une attaque qui a causé le décès d'une jeune fille de 15 ans et des blessures graves sur trois jeunes garçons, dont un était hier soir encore en état d'urgence. Quelles étaient les motivations de celui qui est désigné par le ministre de l'Intérieur comme auteur d'un "fait de société ?"

Arrivé sur place, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à immédiatement évoqué devant la presse un "fait de société." Sans attendre les résultats de l'enquête, pointait la maire socialiste de Nantes Johanna Rolland. Mais n'est-ce pas simplement un fait-divers (il ne s'agit pas là d'une bagarre entre bandes) ? Car l'attaque au couteau cagoulé et ganté perpétrée par Justin P., 16 ans, contre quatre de ses camarades, tuant une jeune fille de 15 ans et blessant trois garçons, l'a mené à être interné directement en psychiatrie après une courte garde à vue (son état a été jugé incompatible). Cette agression d'une violence inouïe (un deuxième couteau, de chasse, a été retrouvé) est survenue dans sons propre lycée - privé et réputé tranquille- de Notre-Dame de Toutes-Aides, situé dans le quartier de Doulon. Une autre victime, hier dans une situation d'urgence absolue, était aujourd'hui toujours en réanimation à l'hôpital mais ses jours ne seraient plus en danger.

Qui est Justin P., l'adolescent tueur aux motivations floues ?

Un ami de Justin, âgé lui de 18 ans, s'est confié à BFM TV sur l'élève de seconde, qui se "sentait plus à l'aise avec des personnes plus âgées." Il le décrit comme "très calme" mais étant capable de tenir des "propos radicaux." Qui partaient dans tous les sens : "Il me parlait de temps en temps, quand il avait envie. Il envoyait des vidéos de réseaux sociaux, Tik Tok et tout ça. Il nous parlait de la pollution, il nous parlait de nazis, d'extrémisme, de djihadisme, même du journal d'Anne Frank, plein de trucs... Mais moi, ce qui m'a fait le plus peur, c'est quand il m'a parlé du 11-Septembre. C'est juste là où j'ai eu le plus peur. Il nous disait : 'Ça a l’air incroyable de détourner un avion. De conduire un avion sans savoir le conduire...'"  Bref, on peut en effet s'interroger sur l'état psychique du jeune meurtrier (qui n'est pas encore inculpé pour assassinat, malgré une préméditation qui semble évidente). Il aurait ainsi demandé aux policiers arrivés sur les lieux de "lui tirer une balle dans la tête."

Meurtre ou assassinat : la préméditation de l'acte semble avérée 

Le même témoin, interrogé par la chaîne d'info continue, déplore : "On voulait l'aider, mais il voulait pas de notre aide. Au bout d'un moment, on peut rien faire." Le jeune majeur avait alors pris ses distances, après une conversation sur Internet : "Il nous a prévenus dans un groupe sur Snapchat que c'était la dernière fois qu'on allait le revoir. Il nous souhaitait une longue vie. Il a raccroché direct. Et moi, j'ai eu envie de le rappeler en privé. Il ne voulait pas me parler. Il me disait: 'Longue vie à toi', 'Que du bonheur', 'Prends soin de ta famille'..." Mais le fait accablant est l'envoi par mail à certains de ses camarades (depuis l'espace informatique du lycée même !) 15 minutes avant son passage à l'acte d'un "manifeste" de 13 pages, intitulé l'Action immunitaire  et comprenant trois parties distinctes qui dénoncent pêle-mêle "un écocide globalisé", "une violence systémique et une aliénation sociale", ou encore "le conditionnement social totalitaire".  Entre ses délires radicalistes et ses délires anarchistes et écologistes, il est difficile à l'heure actuelle de comprendre ses motivations. S'il en est effectivement conscient, ce que décideront les médecins pour Justin P., né en 2009 Saint-Herblain (44) et habitant Sainte-Luce-sur-Loire, à 10 km de Nantes selon Le Parisien.

Le courage du corps éducatif salué par Emmanuel Macron

Ce sont en effet des professeurs, d'après ce que nous savons, qui sont intervenus pour maîtriser Justin P., avant qu'il ne fasse d'autres victimes . Toujours selon les informations du Parisien, ce serait le responsable informatique qui l'aurait en premier empêché de poursuivre son massacre, avant d'être lui-même poursuivi. L'adolescent aurait alors lâché "ses couteaux" et se serait laissé maîtriser par d'autres enseignants. Le président Emmanuel Macron a salué leur courage sur X (ex-Twitter) : 

Entre politiques, l'heure est à la récupération : fouille systématique des sacs des élèves, mise en place de portiques de sécurité, renforcement de la présence policière devant les établissements... Tout le monde y va de sa mesure. En attendant, dans la soirée Bruno Retailleau a modéré ses propos parlant d'un "acte isolé."