Emploi : ces discriminations vécues par les seniorsgetty
Les préjugés restent tenaces. Le Défenseur des Droits a publié début décembre son 17e baromètre sur les perceptions des discriminations dans l'emploi. Le constat pour les seniors est sans appel.
Sommaire

L’âgisme a la vie dure... Au cours de leur carrière, un quart des 50 ans et plus sont près d’un quart à rapporter de tels freins, que ce soit à l’embauche ou bien lors de leurs activités professionnelles, selon le 13e baromètre du Défenseur des droits en partenariat avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) paru le 4 décembre 2024. Les moins de 50 ans sont encore plus nombreux (31% disent avoir vécu des discriminations) mais il est un motif qui affecte tout particulièrement les seniors, et qui, cumulé aux autres, rend l’accès au travail et son exercice particulièrement éprouvants.

Situations humiliantes

En effet, l’âge lui-même apparaît comme un motif de discrimination. Ce qui apparaît davantage comme un obstacle que comme un atout intervient dès l’embauche. Ainsi, un quart des sondés indiquent que les recruteurs “l eur a déjà dit ou fait comprendre qu’ils étaient trop âgés pour le poste lors d’un entretien”. Le rapport reproduit à cet égard des témoignages accablants : 

”Lors d'un entretien, la personne m'a dit qu'elle me recevait parce que c'est la loi mais qu'elle savait, du fait de mon âge, que je ne serai pas choisie”, peut-on lire par exemple. 

Un autre personne dont le nom n’est pas cité indique avoir “envoyé entre 500 et 800 CV et lettres de motivation”, sans parvenir à décrocher un emploi; une autre révèle que des postes ont été écartés d’emblée par un conseiller en raison de l’âge de la postulante. “Ses remarques m'ont fortement humiliée sur le moment, de plus j'étais accompagnée de ma fille à qui il s'est adressé en lui disant que je ne valais plus rien.”

Si le taux de chômage des plus de 50 ans se révèle relativement plus faible que pour les autres générations, les actifs considérés comme seniors sont aussi ceux qui risquent le plus d’être confrontés au chômage de longue durée. Ce témoignage recueilli par Planet au cours de l’été en apporte une illustration. Le patronat a récemment réussi à faire accepter l’idée d’un contrat spécial, dédié aux seniors, et censé améliorer l’employabilité des actifs les plus âgés. 

Vidéo du jour

A lire aussi : Que vaut le contrat de valorisation de l'expérience ? 

Des préjugés tenaces

L’un des préjugés les plus ancrés reste l’idée que les seniors seraient moins flexibles ou moins à l’aise avec les nouvelles technologies que leurs collègues plus jeunes. Ces perceptions, souvent infondées, entraînent des refus d’embauche ou des mises à l’écart au sein de l’entreprise. 

La mobilité professionnelle semble également affectée. Les seniors se voient proposer moins de promotions ou de mutations stratégiques que leurs homologues plus jeunes, réduisant leur capacité à gravir les échelons. Dans certains cas, ces discriminations se traduisent par des incitations à partir anticipées ou des contrats précaires qui ne leur permettent pas ou peu de se projeter.

Cumul des discriminations

Une fois encore, le genre apparaît comme un facteur aggravant. Ainsi, les femmes âgées de 50 à 65 ans sont deux fois plus susceptibles que les hommes actifs du même âge à craindre les discriminations dans l’emploi en raison de leur âge. Tous âges confondus, elles sont également plus nombreuses (26% contre 20%) à faire état de discriminations ayant eu lieu au cours de leur carrière. 

Le cumul des discriminations affecte également davantage les personnes perçues comme non-blanches. Les seniors de cette catégorie sont ainsi 43% à déclarer avoir déjà été discriminés alors que les autres sont 22% dans ce cas. 

La pénibilité mal prise en compte

Il ressort également de cette enquête que les seniors s’estiment peu considérés en matière de santé et pointent des cadences parfois difficiles à suivre. Un nombre non négligeable d’entre eux (25%) dit craindre “des répercussions sur le poste en cas d’évocation des difficultés”. En principe, en vertu d’un décret de 2009, les entreprises de plus de 50 salariés sont tenues de se référer à leurs accords de branche ou d’entreprise pour édifier un plan spécifique à destination des seniors incluant la prévention des situations de pénibilité.  

Vous avez été victime de discrimination au travail en raison de votre âge ? Partagez votre témoignage en écrivant à [email protected]