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Divulguer les salaires de ses employés ? Rien d’illégal
Sachez-le, si votre employeur décidait demain d’afficher dans le local de la machine à café les salaires de l’ensemble des personnels de la société, il serait dans son bon droit. Aucune disposition ne protège, en France, le secret des rémunérations. L’absence de transparence sur les salaires des uns et des autres dans l’entreprise ne résulte donc que de la pratique des managers et patrons et non d’une contrainte externe. Cette pratique doit-elle changer ?
Les risques de la transparence
En France, l’argent est encore considéré comme un sujet sensible. Le salaire étant associé à la valeur du collaborateur, il touche presque au domaine de l’intime. Encore aujourd’hui, divulguer son salaire à ses collègues demeure risqué et peut déboucher sur un sentiment de malaise et sur des incompréhensions.
Les comparaisons entre collègues engendrent généralement des frustrations : "pourquoi mon salaire est-il plus bas que le sien ?, je travaille autant, même mieux que lui". Les risques d’animosité au sein de la société sont alors bien réels, avec au final, une possible baisse de la productivité, voire des départs.
Une peur infondée ?
Pour autant, ces risques existent même en cas d’absence de politique de transparence affichée. Qui n’a pas fini par apprendre par des voies détournées la rémunération de ses collègues, ou de son supérieur, à la cantine ou dans un couloir ? L’effet peut alors être plus négatif encore que si l’information avait été communiquée officiellement.
D’autres l’ont fait
Des structures ont pourtant adopté la pratique. Le WWF publie ainsi la liste de tous les salaires individuels de l'organisation sur son intranet et tous ses collaborateurs peuvent consulter librement cette liste. Le fonds a bien sûr pris soin de s’assurer que seuls ses employés peuvent accéder à l’intranet. Au début, le WWF a dû faire passablement d’efforts pour convaincre tous les collaborateurs des avantages d’une politique de transparence des salaires. Alors qu’initialement il y avait encore des “listes exclusives”, cette transparence radicale est aujourd’hui acceptée par chacun et elle n’est plus guère l'objet de débat. Elle est mentionnée lors des entretiens d’embauche. On peut ainsi trouver sur l’intranet le nom des collaborateurs, leur fonction, leur salaire pour un poste à 100 % ou leur classement sur l’échelle des salaires (sans les allocations spécifiques) et leur degré d’engagement. Cette liste est mise à jour une ou deux fois par an.
De telles listes doivent bien sûr être protégées pour empêcher les fuites en dehors de la société. Cependant, au-delà de ces craintes, il faudrait, si on accepte cette transparence, se tenir prêt à répondre en interne et sans détour sur le montant de son propre salaire ou sur sa politique salariale lorsque l’on est dirigeant.
Dans le sens du vent
Cette démarche ne semble pas une utopie réservée à quelques ONG. En Suisse, une conseillère fédérale a déposé cette année une motion visant à imposer la transparence au sein des entreprises du pays. En Autriche, depuis le 1er mars 2011, la loi sur l'égalité de traitement fait obligation aux entreprises d'instituer la transparence des salaires en interne, par exemple en ouvrant l'accès à ces informations aux commissions du personnel. Alors, à quand la même chose en France ?