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Réforme des retraites : un problème de financement dont personne ne parle ?
La réforme des retraites portée par l’exécutif a d’ores et déjà fait l’objet de nombreux débat. Emmanuel Macron entend créer un système de retraite universel. L’objectif ? "Des droits identiques pour tous, une plus grande équité", déclarait Edouard Philippe devant les caméras de LCI. Des mots repris, entre autres, par Christophe Castaner pour qui "le système des retraites actuel est injuste".
Le système des #retraites actuel est injuste. Il va dans le mur.Nous voulons plus d’équité. Avec notre réforme : chaque personne qui travaille, qui cotise, aura les mêmes droits pour 1€ cotisé. #BourdinDirectpic.twitter.com/gZTg4lvIlR
— Christophe Castaner (@CCastaner) 31 mai 2018
Il n’est donc pas question, souligne le quotidien économique Les Echos, de réaliser davantage d’économies. Pourtant, le Conseil d’orientation des retraites (COR) alerte sur les problèmes d’équilibre financier du système des retraites. "Le COR est un organisme connu pour son optimisme. Pourtant, il parle de déficit du système des retraites dès 2022", rappelle Philippe Crevel, économiste libéral et directeur du Cercle de l’Epargne.
"D’après les prévisions du COR, qui table sur une croissance moyenne de 1,5% environ, le système retrouverait l’équilibre en 2036. Toutefois, si la croissance s’avère finalement moins forte qu’espéré, voire accuse un recul, on assisterait à une forte dégradation du solde des retraites", ajoute l’économiste pour qui le risque est clair. "Fondamentalement, le danger c’est d’assister à une forte baisse des pensions de retraites. Le niveau de vie relatif et absolu des retraités devrait perdre 10 points d’ici un peu moins de 15 ans", détaille-t-il. D’après le quotidien, c’est même déjà le cas, quand bien même l’évolution demeure presque indolore dans l’immédiat. A terme, le nombre de retraités sous le seuil de pauvreté devrait exploser…
Réforme des retraites : le choix de la politique de l’autruche ?
L’argument de l’exécutif, selon lequel il n’y aurait plus de besoin de financement à combler, est également avancé par la majorité des partenaires sociaux. En effet, comme l’indique Les Echos, les organisations syndicales et patronales ont fait sienne cette rhétorique.
"Si ce problème n’est pas adressé c’est avant tout parce que, aujourd’hui, le régime est à l’équilibre. Mais c’est le fruit de réformes passée", estime Philippe Crevel. "Aujourd’hui, on mène une politique de l’autruche, précisément pour éviter les sujets qui fâchent. Les syndicats refusent le report de l’âge légal du départ à la retraite, seule solution pour un système équilibré de façon durable, tandis que le patronat ne veut pas entendre parler de hausse des cotisations pour financer les retraites", explique l’économiste qui pointe également du doigt les "atermoiement électoralistes de ces organisations qui cherchent à remporter les élections en entreprise". "Il n’est pas question, pour de nombreux syndicats, de se ré-engager dan un nouveau cycle de réforme", poursuit-il, parlant d’«un jeu de dupe ou personne ne l’est vraiment".
Réforme des retraites : vers un recul de l’âge de départ à la retraite pour palier le déséquilibre ?
Du côté du gouvernement, la raison de ce silence pourrait être différente. "Emmanuel Macron ne souhaite probablement pas polluer sa réforme avec des questions financière", analyse Philippe Crevel. "C’est probablement pour cela qu’il n’évoque pas la réforme sous un aspect financier. Toutefois le passage à un système par point permet un meilleur pilotage de l’équilibre du régime : l’Etat est en mesure de modifier le prix de rachat du point", précise l’économiste.
Une autre solution pour palier le déséquilibre annoncé par le COR consiste à inciter les travailleurs à partir plus tard à la retraite. C’est avec cette idée en tête que le gouvernement, qui a promis de ne pas toucher à l’âge légal de la cessation d’activité, a évoqué la possibilité d’un âge-pivot établi à 63 ans. D’après le COR, pour assurer l’équilibre financier du système des retraites l’âge moyen du départ à la retraite devrait être supérieur à 63 ans dès 2025 et d’au moins 64 ans à partir de 2035.