Dans la retraite de Jean-François : “Tout le monde a l’impression que les retraités sont millionnaires mais ce n’est pas le cas”Istock
A 74 ans, Jean-François se confie sur sa carrière d'hôtelier-restaurateur et le montant de sa retraite.
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Passionnée de cuisine, Jean-François a toujours voulu se spécialiser dans le secteur. Après avoir obtenu son CAP en pâtisserie, il obtient par la suite son examen de fin d’apprentissage (EFA). 

Motivé, Jean-François participe au Meilleur apprentis de France, un concours créé en 1985. “Plus de 6500 candidats s'inscrivent chaque année dans plus de 120 métiers”, indique le site du Meilleurs ouvriers de France. 

Une carrière qui débute sur les chapeaux de roues  

Jean-François est ensuite recruté par le président des maîtres cuisiniers de France. Il décide de passer son CAP de cuisinier pour se perfectionner. Il continue sa carrière dans des restaurants prestigieux dont La Tour d’Argent dans le 5ème arrondissement de Paris ou encore au sein des réceptions du Château de Versailles. 

“C’était un rêve”

Mais Jean-François a un rêve commun avec son épouse : ouvrir leur propre restaurant. 

“C’était un rêve, je n’avais qu’une seule idée en tête depuis tout petit, c’était d’ouvrir une entreprise. Je ne pouvais pas concevoir de travailler pour quelqu’un toute ma vie, j’avais besoin de travailler pour moi-même”, confie le retraité.

En 1977, l’aventure commence. A tout juste 27 ans et 30 ans, Jean-François et son épouse décident de racheter un café de village, presque en ruine. “On avait pas payé cher, c’était un petit truc de campagne qui était presque fermé. L'hôtel était insalubre, c’était un bar de campagne. On en a fait une auberge, on a refait toutes les chambres et on avait un restaurant avec 4-5 salles”, précise-t-il.

“On n’a pas pu vraiment élever nos enfants” 

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Ils renomment leur auberge “L’auberge de la Treille”, car il se trouvait dans un village viticole. “On était dans un village entre Amboise et Tours, au milieu du château de la Loire, on était hyper placé. C’est une région très touristique et très agréable, indique-t-il. “Les gens venaient de loin pour manger chez nous. On était un peu médiatisé, on avait surtout une clientèle fidélisée par le bouche-à-oreille”, se remémore le restaurateur.

Une affaire qui roule, même si elle demande beaucoup de sacrifices. Parents de deux enfants, le couple a des regrets. “On n’a pas pu vraiment élever nos enfants, on ne leur a pas donné tout ce dont elles avaient besoin”. 

“Si tu veux conserver ta femme, il faut absolument la protèger”

En 2003, le couple décide de ralentir la cadence en mettant en vente leur hôtel, sur les conseils de leur médecin. “Il m’a dit : tu sais si tu veux conserver ta femme, il faut absolument la protèger”, confie-t-il. “Mon épouse était la première à se lever et la dernière à se coucher.”

Pour continuer à gagner leur vie, le couple continue de travailler, à un rythme moins effrené cette fois, dans leur seconde entreprise de traiteur. En 2007, ils partent à la retraite.

Passionnée et toujours en forme, Jean-François continue de travailler, toujours dans sa passion, mais à titre gracieux. “J’ai continué à travailler en formant des jeunes dans la restauration. J’ai occupé mon temps car couper directement quand on a eu une vie très active, ce n’était pas très évident”, confie-t-il. 

Un problème de calcul dans la pension de retraite

A l’époque, pour ouvrir leur hôtel-restaurant, la banque octroie un prêt au couple. “A l'époque, les banques faisaient des prêts à 100%. C’était la garantie d’acheter en nom propre. Ce qui veut dire que si on était en incapacité de rembourser l’emprunt, ils pouvaient reprendre l'entreprise et la revendre”, précise le retraité.

Malheureusement, sa compagne n’a pas tout de suite eu le statut de salarié. Elle a d’abord été collaboratrice conjointe avant de passer salariée. Autre problème, sous les conseils de leur ancien comptable, elle est moins rémunérée mais touche des primes pour compenser.

“En réalité c’était un salaire mais les primes étaient cotisées, mais ce n’était pas pris en compte dans le calcul de retraite.", déplore-t-il.

Une faible retraite

Aujourd’hui, Jean-François touche 1 500 euros de retraite. Son épouse touche 600 euros. A deux, le couple touche 2 100 euros de retraite. “Ce qui ne fait pas beaucoup. Quand on vieillit, les dépenses de santé augmentent, même si on n'est pas en mauvaise santé. On se rend chez le médecin assez régulièrement et les cotisations augmentent régulièrement tous les ans. Il faut aussi prendre en compte les dépassements d’honoraires”, déplore-t-il. 

“Il y a aussi le problème énergétique car en vieillissant, on a besoin de se chauffer plus et avec les changements de tarifs ces derniers temps, le budget explose”, indique Jean-François. “On paye 240 euros de soins et 140 euros de charges Edf par mois”, déplore-t-il. “Tout le monde a l’impression que les retraités sont millionnaires mais ce n’est pas le cas”, confie-t-il.

Après la revente de leur auberge en 2003, le couple a acheté un appartement. Grâce à ce bien locatif, le couple obtient 800 euros par mois

Pour compenser leur faible retraite, le couple s’est assuré des revenus réguliers grâce à leur patrimoine immobilier. “Aujourd’hui, nous ne sommes plus propriétaires car nous avons transmis nos biens à nos enfants. On a un statut d’usufruitier. On avait deux maisons, on a donné un bien à chacune de nos filles”, conclut-il.