Espionnage : des "taupes" du KGB aux plus hauts sommets de l'Etat ? Istock
De récentes enquêtes journalistiques ont exhumé des témoignages de transfuges russes qui nomment des personnalités françaises ayant par le passé occupé des postes importants.
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Messages dissimulés, fuites épiques, petites bassesses, grands dangers et immenses enjeux politiques…  Tous les ingrédients des bons romans d’espionnage sont réunis. En cette transition vers l’année 2025, deux grands médias français publient une série d’enquêtes dignes d’un John le Carré sur des faits pourtant bien réels et des révélations fracassantes. 

L'affaire Mithrokine

Le Monde publie ainsi une enquête en cinq actes - dont quatre ont déjà paru à l’heure où cet article est mis en ligne - qui repose en grande partie sur les révélations d’un certain Vassili Mitrokhine. Cet ancien archiviste du KGB, le puissant service de renseignement soviétique, était “passé à l’ouest” en 1992, muni d’une liasse de documents au contenu des plus sensibles.

Détenues par les Britanniques et intégrées au fonds Churchill, ces archives furent pa rtiellement publiées en 1999. Elles ont fait l’objet de plusieurs livres outre-Manche. De son côté, l’Express publie également en décembre une série d’articles sur des affaires d’espionnage dans les plus hautes sphères de l’Etat, et même jusqu’à l’Elysée.  

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Plusieurs députés cités

Parmi les personnes nommées dans ces dossiers figurent des personnalités françaises. Cela ne prouve pas pour autant que toutes ont activement “travaillé” pour les renseignements soviétiques. En effet, comme le rappelle Le Monde, des noms peuvent avoir été cités en raison d’une si mple proximité idéologique, ou bien des intentions d’approche, voire de s exagérations de la part d’agents russes cherchant à faire bonne impression auprès de leurs supérieurs. Certains cas semblent plus “évidents”, tels ceux qui ont été rémunérés pour leurs services. Ce qui induit aussi bien des nuances, ce d’autant plus que régnait bien souvent un flou plus ou moins maîtrisé sur le rôle de chacun. 

Ainsi le grand quotidien du soir prend-il des précautions en citant par exemple Pierre Sudreau (1919-2012), ancien résistant, qui fut notamment ministre de l’Education nationale sous la présidence de Charles de Gaulle, député du Loir-et-Cher et maire de Blois. D’après les “archives Mithrokine” évoquées dans Le Monde et l’Express, ce dernier aurait été qualifié “d’agent d’influence” pour le KGB. Aucune rémunération le concernant ne serait évoquée. 

Autres noms avancés : celui de Pierre Godefroy, député gaulliste de la Manche dans les années 1980, ainsi que Guy Desson, ancien député des Ardennes (qui aurait été rémunéré pour ses services), mais aussi Claude Estier (ancien député, sénateur et député européen), qui fut un proche de François Mitterrand, dont le cas semblait toutefois connu des services français.

Le mystérieux "André" 

D e hauts fonctionnaires, un fils de diplomate ainsi que des membres des services de renseignements français eux-mêmes auraient également agi pour le KGB. D’après L’Express, un membre éminent de la rédaction du Monde, surnommé “André” par les membres du renseignement soviétique, aurait contribué à des opérations de désinformation auprès de l’Elysée pour le compte du Kremlin dans les années 1970. Son identité, à ce jour, reste encore un mystère.