
L’enquête dans la disparition du petit Emile Soleil se poursuit et certaines théories émergent sur la mort du petit garçon, notamment celle sur la “signature d’un pervers”.
Cinq jours après le meurtre de Louise, 11 ans, dans l’Essonne, Owen L. a été mis en examen pour meurtre sur mineure de moins de 15 ans et placé en détention provisoire ce mercredi 12 février.
Lors d’un point presse, le procureur a décrit Owen L., 23 ans, étudiant en BTS informatique, comme un jeune homme qui "consacre la majeure partie de son temps libre à jouer aux jeux vidéo et reconnaît pouvoir être pris de violentes colères, ce que confirme son entourage". Il a toutefois précisé qu’il n’avait jamais fait l’objet d’un suivi médical ou psychologique.
“S’il avait été diagnostiqué et pris en charge, il aurait bénéficié d’un suivi médical, ce qui est évidemment un facteur très important”, souligne Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne et autrice.
“Owen a un profil très complexe. Il était livré à lui-même. Il est passé sous les radars de l’Éducation nationale, des services sociaux et de ses propres parents, semblant n’avoir jamais été suivi médicalement”, indique la psychologue.
"Il n’y a pas de profil type de criminel ou de prédateur, mais un ensemble de symptômes qui créent des syndromes. Ce sont des personnalités qui évoluent vers le pire jusqu’au moment où il y a un point de bascule. Dans cette affaire, c’est ce point de tension supplémentaire qui a exacerbé son trouble et qui ne lui a pas permis de gérer sa colère. Attention, on a tous une part de colère en nous. La différence, c’est la capacité à inhiber et à décharger cette colère de façon pulsionnelle”, souligne la spécialiste.
“À chaque fois, ce sont des regards de personnes subjectifs et ponctuels qui décrivent le profil d’Owen. Mais certains signes auraient pu alerter sur son comportement : le repli sur soi, la marginalisation, son exclusion de la vie sociale et professionnelle. Par exemple, son maître de stage, qui l’avait pris sous son aile, le décrit comme une personne qui n’était pas investie.
Il y a aussi la colère qui émanait de lui et le fait d’être décalé jour et nuit du reste du monde. La violence intrafamiliale, c’est un indicatif du trouble du comportement. Quelqu’un qui frappe sa propre sœur, c’est quelqu’un qui peut frapper n’importe qui”, explique la psychologue.
“Dans cette affaire, il n'y a pas de mobile, ce n’est pas une vengeance. Ce jour-là, il y a eu un déclencheur anodin : la partie de jeu. À contrario, chez les prédateurs, il y a un modus operandi, donc un scénario macabre qu'ils doivent assouvir encore et encore.
Le jour du drame, Owen est sorti avec une pulsion de violence qu’il devait évacuer. Malheureusement, c’est tombé sur Louise, mais ça aurait pu être n’importe qui”, souligne la psychologue.
Rappelons que le principal suspect avait déjà tenté une approche similaire trois jours avant le meurtre de Louise. Le 4 février, il avait abordé une collégienne dans le même secteur, prétextant avoir perdu quelque chose. “Il y avait un scénario déjà élaboré. D’un point de vue psychique, cela montre une perte de contrôle, car initialement, il avait pour but de décharger sa colère”, indique-t-elle.
"Les conséquences sont tout aussi traumatisantes pour la famille de l’agresseur que pour celle de la victime. Owen n’est pas devenu un criminel du jour au lendemain. Il est nécessaire d’analyser son parcours en profondeur”, conclut la psychologue.