La stratégie du front républicain, mais qu'est-ce c'est ? ©Durand Thibaut/ABACAabacapress
Alors que le Rassemblement National est en tête du premier tour des élections législatives, les autres candidats en lice appellent à un front républicain, une stratégie électorale créée en 1956, et de plus en plus utilisée ces dernières années.
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Dans les couloirs des sièges des partis politique, le bruit fait trembler : le Rassemblement National pourrait-il emporter la majorité à l’Assemblée nationale comme les résultats du premier tour des élections législatives semblent présager ? Si tout est possible, tous conviennent d’une stratégie blocus : instaurer un front républicain pour faire face au parti représenté par Jordan Bardella, et s’inscrire ainsi comme une ultime alternative, rassemblant les électeurs des Républicains, du Nouveau Front populaire et d’Ensemble.

Emmanuel Macron a été l’un des premiers à appeler à ériger un rempart politique. Dans une lettre retransmise par La Tribune, le président de la République a clairement exposé ses intentions : “Face au Rassemblement national, l’heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour, a-t-il écrit. Mais alors en quoi consiste cette réunification aussi appelée “front républicain" ?

Une alliance pour faire front

Pour faire face à la possibilité d’une majorité élue au Rassemblement National, l’une des options les plus viables reste à créer une seule opposition. Pour réussir à créer une seule autre option de vote, les partis politiques doivent faire le choix de ne pas représenter leurs électeurs à l’Assemblée nationale comme l’explique Jean-Luc Mélenchon (leader La France Insoumise) : “Nous retirerons notre candidature, en toutes circonstances, où que ce soit et dans quelques cas que ce soit”.

Olivier Faure, dirigeant du Parti Socialiste, a lui aussi accepté le sort de sacrifier son parti au profit de ce front républicain, en appelant les candidats PS arrivés en 3eme position dans les scrutins à se retirer “dès lors qu’il y a un risque de faire élire un candidat du Rassemblement national”, a-t-il déclaré à L’internaute.

Emmanuel Macron à quant à lui, appelé à "ne pas se tromper de combat", comme le rapporte Le Parisien. Certains ministres, dont Bruno Le Maire, Catherine Vautrin et Aurore Bergé ont eux appelés à ne voter "ni RN ni Nouveau Front populaire". 

Une stratégie déployée en 1956

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Cette stratégie politique existe depuis près d’un siècle comme le rappelle TF1. En 1956, le premier front républicain voyait le jour pour mettre fin à la guerre d’Algérie. L’union de plusieurs partis remportait alors la –faible - majorité - électorale avec 29,2 % des suffrages.

Depuis, la stratégie s’emploie de plus en plus au fur et à mesure de l’avancée du Rassemblement National, ex Front National. C’était notamment le cas en 2002, où Jean-Marie Le Pen se plaçait au second tour des élections présidentielles. Il y a 20 ans, l’ensemble des partis appelaient à faire barrage en préférant lancer un appel aux votes massif pour le candidat Jacques Chirac.

Même constat en 2017, alors qu’Emmanuel Macron débattait face à Marine Le Pen lors des élections présidentielles, l’opposition à l’extrême droite se rangeait vers l’actuel président de la République, incitant les électeurs à suivre leurs choix.

Une Assemblée désassemblée

Pour le second tour des élections législatives, l’enjeu, là aussi, se veut primordial selon les candidats. Ce constat semble également se vérifier au sein même du gouvernement, alors que Gabriel Attal, Premier ministre, se veut franc : “Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national”, quitte à sacrifier une partie du camp présidentiel.

“Dans plusieurs centaines de circonscriptions nos candidats Ensemble pour la République seront présents au second tour et constitueront le meilleur choix pour éviter que le RN ne dispose d’une majorité absolue”, a-t-il confié, “dans d’autres circonscriptions, cela passera par le désistement de nos candidats dont le maintien en 3eme position aurait fait élire des candidats du RN”.

Mais ce front républicain ne présage-t-il pas d’un échec au sein de l’Assemblée ? Si l’ensemble des partis s’unissent dans le but de faire barrage, leurs idéaux politique ne sont toujours pas en accord. Un essaim de gauche, ou présidentiel, aurait alors le devoir de prendre en charge les opinions de chacun, car tous auraient accepté de se ranger derrière lui pour obtenir la majorité électorale. Ce fut par exemple le cas en 1956 comme relate TF1. Mais alors, quel avenir politique pour la France ?