Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
C'est un petit château dont l'histoire est immense et légendaire. A quelques dizaines de kilomètres d'Auch, dans le Gers, le château de Lupiac a vu naître Charles de Batz de Castelmore, plus connu sous le nom de d'Artagnan.
"L'histoire de d'Artagnan dépasse largement les frontières du Gers, de l'Occitanie et même de la France", soulignait il y'a quelques semaines David Taupiac, député du Gers pour France 3. Une demeure idéale pour y implanter un centre culturel et touristique qui fasse rayonner le pays d'Armagnac et plus largement le Gers." Dans cette optique, la communauté de communes de Fezensac avait donc fait une offre d'achat à la propriétaire du château, en vente depuis plusieurs années.
Une longue bataille s'en est donc suivie... En résumé, le château, situé à Lupiac, était en vente depuis plusieurs années et deux candidats étaient intéressés. D’un côté les collectivités locales qui voulaient donc en faire un musée, et de l’autre, le patron d’Auchan Retail, Yves Claude, dont le rachat était d’abord présenté comme une simple volonté d’avoir un joli lieu pour sa retraite.
Ce lundi 22 janvier marquait donc la décision finale tant attendue sur le grand vainqueur de cette bataille médiévale. Voici ce que l'on sait quant à la nouvelle future identité de la propriété.
Un projet des collectivités cohérent
Ainsi, depuis plusieurs années, les acteurs publics des environs veulent utiliser la renommée du personnage pour développer le territoire. En 2022, le département a donc essayé de racheter le bien, évalué à 1 million d'euros, selon Philippe Dupouy, le président du conseil départemental. Mais il est contraint d'abandonner l'idée après que le propriétaire en a demandé le double du prix, avec des travaux de rénovation à effectuer.
Néanmoins, en 2023, les collectivités (communauté de communes, département, région, État) ont relancé l'idée en créant "Autour de d'Artagnan", une "association de préfiguration" pour faire naître un projet "ambitieux" exploitant "le potentiel socio-culturel, économique et touristique" du site. Ils ont ainsi fait une nouvelle proposition d'achat à l'été dernier. En vain...
Une lettre déterminante
Le 19 décembre, la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) du Gers, qui dispose d'un droit de préemption (droit de préférence) sur le château en raison des quelque 150 hectares de terres agricoles qui l'entourent, a penché pour l'offre de l'homme d'affaires, Yves Claude.
Ce dernier, qui nourrirait "un projet d'habitation privée" du domaine selon une source proche du dossier, s'est défendu dans une lettre transmise à France 2 et dont des extraits ont été rendus publics. "Depuis le premier jour, j'ai bien précisé à la propriétaire ainsi qu'à la Safer que la propriété serait ouverte et que je mettrais mon énergie à partager ce lieu le mieux possible avec le public", assurait-il dans son courrier. "Je veux mettre en valeur l’histoire de ces lieux. L’histoire de d’Artagnan appartient aux Gersois et aux Français et ne peut appartenir à un particulier, ni à une collectivité d’ailleurs, ni servir un projet politique", poursuivait il.
Tout le monde ou presque est finalement convaincu
Des arguments qui ont peut-être convaincu certains élus, à l'instar de Philippe Dupouy, président du département, pourtant opposé au projet de l'homme d'affaires, mais également des habitants.
"Le nouvel acquéreur dispose des moyens nécessaires au bon entretien et à la rénovation de l’édifice et, par ailleurs, il est conscient de sa responsabilité morale à l’ouvrir au public. C’est donc tout bénéfice pour la vie et les finances locales", estime ainsi un internaute sur la page Facebook de la maire de Lupiac. Même le patron de la coordination rurale du Gers y est allé de son commentaire dans le même sens. "Les gens de la com com ne veulent plus payer ! Trop c’est trop ! Et l’investisseur privé fera profiter du château aux gens avec un financement privé et non public ! Merci a lui !", juge-t-il sur le réseau social.
La fin d'une bataille et le début de la paix
Il faut dire que le sujet avait échauffé les esprits sur place, pointe Le Figaro. "J’ai lu et entendu beaucoup de choses. De l’enthousiasme débordant, parfois à l’excès, de certains défenseurs, jusqu’à l’aigreur, teintée d’inexactitude, de quelques détracteurs du projet public. Le bien, le mal, tout a été dit", explique Barbara Neto, présidente de l’association Autour de d’Artagnan.
Pour finalement appeler à "refermer ce chapitre" et "ouvrir une nouvelle page". Avant de rappeler et surtout de concéder : "Un projet d’envergure est nécessaire pour le développement économique, culturel et touristique de notre territoire". Reste à savoir, désormais le plan de route concret du nouveau propriétaire de ce patrimoine de Gascogne tellement symbolique.