Inquiétudes autour d’un djihadiste récemment libéré de prison
En 2012, Flavien Moreau était le premier Français à se rendre en Syrie. Fraîchement libéré, il affirme avoir changé mais sa sortie inquiète ceux qui l'ont côtoyé ces dernières années.
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Il était le premier Français à vouloir se rendre en Syrie. Le djihadiste Flavien Moreau a été libéré de prison sous conditions lundi 13 janvier, après avoir effectué une peine de cinq ans de prison. Il avait été condamné en novembre 2014 à sept ans d’emprisonnement pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d’acte de terrorisme". En 2012, alors âgé de 25 ans, il avait rejoint une cellule de combattants islamistes en Syrie. Son départ avait eu lieu trois ans avant la vague d’attentats qui a frappé la France en novembre et juillet 2015 et deux ans avant l’instauration du califat autoproclamé de l’État islamique. Lors de son procès au tribunal correctionnel d’Alençon en mai dernier, Flavien Moreau affirmait avoir "changé" et avoir "compris que la France était un pays de droits". Pourtant, comme l’explique France 3, sa récente libération inquiète toutes les personnes qui ont pu le rencontrer.

Djihadiste libéré : qui est Flavien Moreau ?

Avant de vouloir quitter la France pour la Syrie, Flavien Moreau a passé son enfance et son adolescence dans la région de Nantes (Loire-Atlantique), avec ses parents. Adopté à l’âge de deux ans en Corée, il a un frère, Nicolas, de deux ans son aîné. Comme l’explique Ouest-France, il a sombré dans la délinquance après le divorce de ses parents et a découvert la religion musulmane à 19 ans, pour se convertir un an plus tard. Sa radicalisation s’est affirmée au fil de ses différents passages en prison, avant son départ pour la Syrie en 2012. Un séjour qui tournera court, le jeune homme décidant de rentrer en France après seulement quelques jours. Il essaiera ensuite, à plusieurs reprises, de retourner sur le sol syrien entre décembre 2012 et janvier 2013, jusqu’à son interpellation le 28 janvier. Sa condamnation à sept ans de prison était la première du genre en France et, désormais, les autorités s’inquiètent.

Comme l’explique Ouest-France, l’administration pénitentiaire a tout fait pour le maintenir en détention le plus longtemps possible. Fouille surprise de sa cellule, écoute de ses appels téléphoniques… Rien n’a empêché la libération du djihadiste. Désormais, les surveillants pénitentiaires qui l’ont côtoyé tirent la sonnette d’alarme.

Djihadiste libéré : "Il n’a pas changé d’état d’esprit"

Les professionnels qui ont côtoyé Flavien Moreau lors de son séjour à la prison de Condé-sur-Sarthe ne cachent pas leur inquiétude. Citée par Ouest-France, une source proche du dossier explique que le trentenaire "pouvait se tenir à carreau pendant un mois et après, il pétait un plomb". "Il aimait bien bloquer la cour de promenade aussi et ne pas réintégrer sa cellule. Il n’était pas violent physiquement, mais virulent dans ses paroles", ajoute la même source. Interrogé par France 3, un agent pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe va dans le même sens, affirmant qu'"il n’a pas évolué dans son état d’esprit". "Les agents du centre pénitentiaire d’Alençon Condé-sur-Sarthe ont toujours effectué des écrits pour signaler qu’il y avait un risque de passage à l’acte à sa sortie". Selon lui, Flavien Moreau aurait menacé les agents de venir "devant l’établissement pour [les] tirer à coups de kalachnikov".

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Pour le surveillant, la détention du djihadiste "s’est résumée à de la provocation, à créer des petits incidents et refuser de réintégrer les cours de promenades et à insulter les agents au quotidien. En quatre ans à Condé, on n’a vu aucune évolution de son comportement en fait depuis le début de son incarcération". Au moment de sa libération, Flavien Moreau aurait révélé ses plans aux surveillants pénitentiaires : "Il a annoncé qu’il effectuerait son assignation à résidence et une fois qu’il serait plus soumis au contrôle il partirait de la France", explique l'agent à France 3.

Les révélations de ces surveillants soulèvent de nombreuses questions, notamment sur la vie de Flavien Moreau après sa sortie de prison. La justice va-t-elle surveiller ces faits et gestes ?

Djihadiste libéré : comment va-t-il être suivi ?

Flavien Moreau est libre, mais il doit respecter strictement plusieurs conditions pendant un an. Selon les informations de Franceinfo, le djihadiste va faire l’objet d’une surveillance judiciaire pendant un peu plus de onze mois. Il devra se rendre à plusieurs convocations du juge d’application des peines et du service d’insertion et de probation de Loire-Atlantique. Flavien Moreau doit désormais fixer sa résidence dans un lieu donné, il est interdit de tout port d’arme et est soumis à une obligation de soins. Il pourrait aussi être inscrit au fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions terroristes. Si c’est le cas, il devra déclarer tout déplacement à l’étranger pendant dix ans.

Malgré toutes ces mesures, les agents pénitentiaires de Condé-sur-Sarthe sont inquiets. "Je pense que le gouvernement a beaucoup de questions à se poser parce qu’on n’a remarqué aucune évolution et il n’y a eu aucun travail qui a pu être fait avec lui. Pour nous, il y a de l’inquiétude", explique l'un d'eux à France 3. Interrogé par Europe 1, un avocat a également dénoncé la situation, affirmant que "la justice française est assez naïve face à ces gens. Les peines prononcées par la justice anti-terroriste sont en réalité beaucoup plus faibles qu’elles ne le devraient. Le procureur national antiterroriste et la DGSI sont furieux contre les peines prononcées".

Selon lui, la pire crainte à avoir est que le djihadiste commette un attentat sur le sol français. Fin novembre en Angleterre, un homme déjà condamné pour terrorisme a tué deux personnes dans une attaque au couteau à Londres.