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Ce qui est arrivé à Alain, 80 ans, on ne le souhaite à personne. " C’est moi, le ressuscité. ", plaisante-t-il auprès du Parisien fin avril. L'octogénaire a tout bonnement été déclaré mort de son vivant par l'administration.
Ce Parisien du XIXe, qui fêtera bientôt ses 80 ans le 29 mai, du jour au lendemain, le mois d'août 2023, a cessé de percevoir ses quelque 2 500 euros de retraite mensuelle depuis août 2023, revient l'article du Parisien qui lui est dédié.
" Mme veuve Saada "
Sa vie, mais également celle de son épouse Pauline, a basculé le jour où cette dernière a reçu un courrier de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) adressé à " Mme veuve Saada ", qui sous le choc a déchiré le courrier.
Les deux retraités se sont bien évidemment empressés de vérifier la chose auprès de l'administration, mais la Cnav a bien suspendu la pension d’Alain. Dans les faits, sa pension était jusqu’alors découpée en deux versements mensuels, un premier de très exactement 1 058,74 euros pour ses années de travail comme salarié, et un deuxième de 1 320,67 euros, correspondant à sa carrière d’indépendant dans le prêt-à-porter, détaille le Parisien.
Le couple sapprêtait même à bénéficier de la de 5,3 % au 1er janvier qui aurait dû porter le total à un peu plus de 2 500 euros par mois. Mais rien ne s'est passé comme prévu.
" Mon père a un homonyme parfait, Alain Saada, également né en Tunisie, le même mois et la même année, en mai 1944. Et lui est décédé en août dernier", témoigne Franck, son fils unique au Parisien. Et ce, après d’innombrables appels téléphoniques et lettres recommandées !
"Mais, derrière Alain, j’ai deux autres prénoms, Roger et Joseph, et je suis le seul à les avoir, s'emporte son père. Et le numéro de Sécurité sociale, il est unique. " C'est d'ailleurs une des raisons de la confusion, car sur les treize chiffres, les neuf premiers seraient identiques.
Et le calvaire débute à peine.
"L’ensemble de la carrière de mon père a été écrasée et remplacée par celle de son homonyme "
C'est seulement après trois mois que la famille, a enfin réussi à faire valoir auprès de la Cnav que leur Alain était bien vivant. Mais les ennuis n'ont pas que commencé. Car, l’octogénaire a vu arriver sur son compte un virement mensuel de la Cnav de 250 euros, une somme qui correspondrait… au montant de la pension du Alain Saada décédé, revient le Parisien.
" D’ailleurs, à ce moment-là, ils m’ont envoyé des messages me disant que mon changement d’adresse avait bien été pris en compte, alors que ça fait cinquante ans que j’habite là, explique le retraité. Et que mon changement de banque avait aussi été pris en compte alors que ça fait cinquante ans que je suis à la Caisse d’épargne. " " En fait, l’ensemble de la carrière de mon père a été écrasée et remplacée par celle de son homonyme », précise Franck son fils.
Une situation qui a empiré pour Alain...
"Ils ont ainsi accumulé jusqu’à 9 000 euros de dettes "
Une situation de plus en plus confuse. Avec la Cnav, après moult échanges, seul un rendez-vous physique que la famille a obtenu, en février, dans le XIXe arrondissement, qui a finalement reconnu « un mélange de comptes ».
Malgré cela, Alain ne voit toujours rien venir. L’octogénaire se retrouve du coup dans une situation financière critique, puisque sa femme, Pauline, qui a tenu le magasin de vêtements du couple de 1977 à 2019, ne reçoit de son côté qu’environ 90 euros de pension par mois. Insuffisant pour vivre, et ne serait-ce que pour payer leurs 1 400 euros de loyer. Ils ont ainsi accumulé jusqu’à 9 000 euros de dettes envers le bailleur social Paris Habitat.
Pour tenir, le couple a vendu les bijoux de Pauline et des meubles, et a demandé de l’aide à des amis. Leur fils leur donne également 1 500 à 2 000 euros par mois pour qu’ils puissent subvenir à leurs besoins…Une situation cauchemardesque. Sans compter que le couple a la santé fragile
."Une procédure judiciaire, ce sera très long, très cher, mais ce sera surtout trop tard pour mon père ", se désole Franck Saada, qui implore la Cnav de faire au moins une régularisation provisoire en attendant que le problème informatique soit réglé. " C’est quand même fou qu’ils ne peuvent pas faire un virement : ils font la différence entre les 2 500 euros qu’il devrait percevoir et les 250 euros qu’il reçoit, ils multiplient par huit comme le nombre de mois que dure cette histoire et ils versent la somme. ", conclut-il au journal.