Législatives : que proposent l'extrême droite et l'extrême gauche pour les retraites ? IllustrationIstock
A quelques jours des élections législatives, les programmes des partis politiques, et des extrêmes, se précisent un peu plus. Scrutées par les électeurs, les nouvelles propositions sur la réforme des retraites sont attendues. Que proposent les extrêmes ? Retour sur les programmes.
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Elle a créé une polémique, fait descendre les Français dans les rues... La réforme des retraites adoptée le 14 mars 2023 sous le coup d’un 49.3 fait son retour sur la table quelques jours seulement après la dissolution de l’Assemblée nationale. Elle est sûrement le point sur lequel les partis sont le plus attendu quelques semaines avant les élections législatives.

Aussi, chacun y va de ses propositions. Pour Lutte Ouvrière (LO), le but n'est pas d'annoncer publiquement ses ambitions politiques, mais de représenter les travailleurs. Pierre Royan, porte-parole du parti, l'objectif est "si possible, d'avoir une retraite à 60 ans et 37 et demi-annuités. Pourquoi ce qui était possible avant ne le serait pas maintenant, la richesse existe", a-t-il expliqué à Planet.

Quant aux réactions de Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, qui fustigeait il y a encore quelques jours le financement des réformes souhaitées par les oppositions, en qualifiant des "contre-sens" économiques, et des mesures "complètement inefficaces" sur le point de la TVA, Pierre Royan, lui, estime que l'actuel gouvenement est "dans le camp des capitalistes, il se plie à leurs critères, ils sont embarrassés par la retraite, ça ne les intéresse pas", a-t-il lancé en expliquant les raisons qui poussent le gouvernement à attaquer les propositions des partis.

Sur la question des carriières longues, il prône une politique en faveur des travailleurs : "qu'ils aient du temps pour vivre", explique t-il, et pas pour "mourir six mois après". 

Les propositions de la coalition de la gauche 

Pour le Nouveau Front populaire (regroupement du Parti socialiste, La France insoumise, Europe Écologie Les Verts, Parti communiste français), la proposition est simple : rétablir l’âge légal du départ à la retraite à 60 ans. Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, a déclaré devant les caméras revenir en arrière sur la réforme des retraites “dans les 15 jours, après (sa) victoire le 7 juillet prochain”. Aussi, la coalition de gauche souhaite une augmentation de la pension minimale et surtout une indexation des pensions de retraite sur les salaires, et non plus sur l’inflation.

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Pour réaliser son objectif, le Nouveau Front populaire a annoncé, comme le relate Le Point, quelques pistes pour financer cette retraite à 60 ans à meilleur revenu. Les cotisations vieillesse seraient augmentées de 0.25 point pendant cinq ans, les plus hauts salaires feront face à une forte augmentation des cotisations...

Une proposition au cœur d’une inquiétude française

Une proposition qui pourrait inciter les Français au vote. En effet, un an auparavant, quelques semaines avant le 49.3 déposé par Elisabeth Borne, Premier ministre de l’époque, les manifestants défilaient en masse dans les rues : 1,3 million de personnes dans tout le pays selon les autorités, 2,8 millions selon la CGT. Elisabeth Borne le concédait, la réforme était sujette aux “interrogations et aux doutes”. Faire machine arrière est-il un choix stratégique ?

Le Rassemblement national rétropédale

Le parti était monté au créneau en 2023 face à la volonté d’augmenter l’âge de départ à la retraite. Mais à la veille des élections législatives, le parti, porté par Jordan Bardella semble plus mesuré sur l’abrogation de la réforme “on verra”, a-t-il lancé avant de se justifier : “j’ai la lucidité et l’honnêteté de dire aux Français que la situation économique dont nous allons hériter sera compliquée. Par conséquent, nous serons (...) amenés à faire des choix”. Comme La Dépêche le rappelle, Jordan Bardella a énoncé son souhait de renforcer le dispositif de carrières longues avec un départ à la retraite à partir de 40 annuités.

“Du grand foutage de gueule”

Face aux ambitions avancées par chaque parti, les membres de l’actuel gouvernement ne manquent pas de réagir. Au micro de Sud Radio, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, tentait d’éveiller les consciences : “le Rassemblement National se fout de la gueule de ses électeurs, ils ne feront rien”, s’insurgeait-il en dénonçant “un message de grand-guignolesque et de tragique”. Face à la marche arrière du RN sur la réforme des retraites, Bruno Le Maire évoque une stratégie de “grand renoncement” et “un prétexte pour ne rien faire, dire qu’on ne savait que les comptes étaient en aussi mauvais état” rapporte Capital. “Ils savent très bien qu’il faut maintenant faire des économies parce qu’on a beaucoup protégé avant”, avait-il conclu.

Il reste peu de temps aux partis politiques pour affiner leurs stratégies et leurs programmes avant l’élection. Mais, selon un sondage d’Opinionway rapporté par 20 minutes, le RN sortirait en tête de ces élections (33 % au premier tour) face au Nouveau Front populaire (25 %) la majorité présidentielle (20 %).