Législatives : pourquoi les sondages ne garantissent rienIllustrationIstock
À l'approche du premier tour des législatives le 30 juin 2024, les instituts de sondage publient leurs derniers pronostics. Peut-on vraiment s'y fier ? On vous explique.
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C'est la dernière ligne droite. Le 30 juin 2024, les Français sont invités à se rendre aux urnes pour choisir le candidat qui les représentera à l'Assemblée nationale. Depuis le début de la campagne des élections législatives anticipées, les pronostics des instituts de sondage se multiplient. Plusieurs données sont communiquées : le nombre de participation, l'évaluation du nombre de sièges pour chaque formation politique... Mais peut-on vraiment s'y fier ? 

Une méthode différente des européennes

Pour les élections européennes du 9 juin 2024, les projections faites par les instituts de sondages ont pu correspondre à la réalité du scrutin. En effet, au 7 juin 2024, le baromètre Odoxa pour Public Sénat et les presses quotidiennes régionales s'approchaient fortement des résultats. L'institut accordait 32 % d'intentions de vote à Jordan Bardella, 15 % à Valérie Hayer et 14 % à Raphaël Glucksmann. 

Au 9 juin 2024, Jordan Bardella a cumulé 31,37 % des suffrages, Valérie Hayer a récolté 14,60 % du scrutin et Raphaël Glucksmann, 13,83 %. Néanmoins, les méthodes de projections ne sont pas les mêmes, car les élections ne fonctionnent pas de la même manière. 

Contrairement aux élections européennes, les instituts de sondage ne doivent pas prendre en compte une seule candidature pour chaque formation politique, mais 577, équivalant au nombre des circonscriptions. Cette différence complique la tâche, notamment pour les sondages qui "mesurent le rapport de force des différents partis ou coalition au premier tour", comme l'explique franceinfo. Il peut ainsi y avoir des écarts entre les intentions de vote dans chaque circonscription. 

Des rebondissements depuis les européennes

"La transposition des résultats des élections européennes sur les élections législatives n'est pas possible", explique Olivier Rouquan, chercheur associé au Centre d'études et de recherches de sciences administratives et politiques (Cersa), interrogé par Sud-Ouest. Plus encore, les Français peuvent être plus attachés aux personnalités politiques qui se présentent dans leur circonscription. 

Surtout, depuis les européennes, la situation a beaucoup évolué. Après la dissolution de l'Assemblée nationale, de nombreux Français ont fait le choix de faire la démarche du vote par procuration.Le ministère de l'Intérieur en comptait près de deux millions à quelques jours du vote. Plus encore, les consignes de votes des différents partis pour le second tour peuvent également changer la donne. Pour le deuxième type de sondage correspondant à la répartition des sièges, les calculs seraient également imprécis. 

Des projections de sièges incertaines

Mardi 25 juin 2024, la Commission des sondages a publié un communiqué informant de l'incertitude des projections de sièges faites par les instituts de sondage. En effet,"un tel exercice ne présente pas les mêmes encadrements méthodologiques que les sondages et demeure tributaire d'un grand nombre de paramètres, souvent propres à chacune des 577 circonscriptions comme ceux de l'offre politique de chaque élection locale, de la personnalité des candidats, du taux de participation qui peut conditionner la survenance et la configuration d'un second tour, etc.", pouvait-on lire dans le communiqué relayé par franceinfo. 

Les projections de sièges pour les élections législatives de 2022 avaient d'ailleurs été éloignées de la réalité. En effet, plusieurs organismes parlaient de 55 sièges maximum pour le Rassemblement national qui en avait obtenu 88. On peut donc s'attendre à des surprises pour les résultats des élections anticipées.