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Elisabeth Borne règle ses comptes. Dans son livre “20 mois à Matignon”, qui sortira le 23 octobre prochain, l’ancienne Première ministre livre ses confidences sur son expérience à la tête du gouvernement, elle n'hésite pas à critiquer certaines décisions du chef de l'État et à exprimer son incompréhension face à son départ. Même si “il ne fait pas de doute que nous n’avons pas le même caractère, le même vécu”, admet-elle dans une interview accordée au Point ce mercredi 16 octobre.
Après 20 mois à Matignon, Elisabeth Borne est remplacée en 9 janvier 2024, une décision du président de la République qu’elle ne “comprend pas”. “Je venais de rattraper un texte mal engagé [la loi immigration, NDLR], et j’avais envie de continuer en portant des sujets qui me tenaient à cœur, comme la transition écologique ou l’égalité des chances”, fait-elle valoir.
Des relations qui ne sont plus au beau fixe
Si elle ne le dit jamais directement, Élisabeth Borne laisse entendre que ses relations avec Emmanuel Macron ont été marquées par une certaine distance. Elle regrette que le président ne l’ait pas soutenue après la défaite aux législatives de 2022, moment où il aurait pu renforcer sa position en acceptant sa démission avant de la reconduire.
Elle raconte également une petite phrase du président lors d’une interview en mars 2023, qui l'a marquée : “J'espère qu'elle y parviendra”, en référence à l’élargissement de la majorité, une remarque qu’elle a perçue comme un désaveu subtil de sa part.
Elisabeth Borne dénonce le sexisme
Elisabeth Borne s’en prend aussi à certains membres de son propre camp. Elle revient sur les rumeurs concernant sa prétendue homosexualité, qu’elle attribue à des manœuvres internes : “J’ai toutes les raisons de croire que mon propre camp politique les a lancées.”
Elle évoque également le sexisme qu’elle a subi en tant que femme à Matignon et la violence des critiques après l’utilisation du 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. Certains l’auraient même surnommé “madame 49.3”.
"Vous êtes en permanence comparée à des codes masculins, sur la façon dont vous faites par exemple le tour du salon de l'agriculture (...) La référence c'est les hommes", a expliqué l'ex-Première ministre. "Les hommes en politique, ils ont tous intérêt à imposer des codes masculins, ça élimine la concurrence", a-t-elle ajouté, relevant que "dans les noms qui ont circulé pour (la) remplacer, il n'y avait que des noms d'hommes, pas le nom d'une seule femme".
Un pique à Gabriel Attal ?
L’ancienne Première ministre se confie également sur son parcours personnel difficile, marqué par son statut de pupille de la nation devenue par la suite "préfète, puis dirigeante d'une grande entreprise (la RATP, NDLR), ministre puis Première ministre". "Tout ça me donne une connaissance du pays, pas de quelques arrondissements parisiens", indique-t-elle, semblant adresser une pique à Gabriel Attal.
Cette remarque s’inscrit dans un contexte de rivalité politique avec Gabriel Attal, qui pourrait devenir son principal concurrent dans la course à la présidence de Renaissance.