De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
La revalorisation du point enflamme les débats. Ce paramètre essentiel au calcul du montant des pensions dans le futur régime universel est en effet au cœur des inquiétudes des Français. Pour tenter d’apaiser la situation, le gouvernement n’a eu de cesse de répéter que la valeur des points ne pourrait pas baisser. "La loi prévoira une indexation progressive non pas sur les prix, comme aujourd'hui, mais sur les salaires (moyens Ndlr), qui augmentent plus vite que l'inflation", a même assuré Edouard Philippe en décembre dernier.
Pourtant, cette promesse ne sera pas tenue. Contrairement à ce qui a été annoncé dans l’étude d’impact, les points de retraite seront finalement indexés chaque année sur le "revenu moyen d'activité par tête", à partir de 2045, précise le projet de loi.
"Revenu moyen d'activité par tête" : l'indicateur n’existe pas
Problème, cette statistique complexe n’existe pas aujourd'hui dans les comptes de l’Insee, rapporte L’Express.
"Le cahier des charges est prêt, précise un conseiller. Ce sera la somme des revenus d'activité pondérée par le poids que représente chaque catégorie professionnelle : 70% pour les salariés, 20% pour les traitements des fonctionnaires, 10% pour les indépendants."
Si cela semble "cohérent "pour Vincent Touzé, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la revalorisation serait moins favorable que celle initialement annoncée.
Retraite : flou autour du "revenu d'activité moyen"
Selon le projet de loi, l'Insee devra mettre au point le "revenu d'activité moyen" selon "des modalités de calcul déterminées par décret" ; soit par le gouvernement, après le vote des parlementaires, note Marianne.
"Vous nous demandez d'adopter une base de calcul du point sans savoir ce que ce sera ce revenu d'activité par tête. C'est ahurissant !", s'est indignée Clémentine Autain, députée de La France insoumise, en commission, le 7 février dernier. Si sur France Inter, le secrétaire d'Etat aux retraites Laurent Pietraszewski s'est par la suite voulu rassurant, il n’a pour autant pas donner bien plus de précisions : cet indicateur "ultra-technique" doit "comprendre l'activité des salariés, mais aussi des fonctionnaires et des professions libérales", a-t-il annoncé.
Revalorisation du point retraite : pourquoi les travailleurs non-salariés vont poser problème ?
L’intégration des travailleurs non-salariés engendrera une difficulté supplémentaire. "Les revenus des indépendants (professions libérales, agriculteurs, commerçants) sont mal connus. Il n'y a aucune source statistique pour les suivre trimestre par trimestre", prévient Henri Sterdyniak, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Et d’ajouter : "Ce genre de statistique n'est disponible que deux ans après la période étudiée". Cela pousserait donc l’Insee à "faire une estimation, qui sera imprécise."
Cela est sans compter le fait que les revenus des indépendants "fluctuent beaucoup plus" que ceux des autres catégories de travailleurs, rappelle l'économiste à Marianne. L’instabilité de la future revalorisation du point est donc de mise.