Linky : cette action collective peut-elle faire ployer Enedis ?AFP
Ils sont des milliers à se préparer au combat contre Enedis. Ces Françaises et ces Français qui rejettent le compteur Linky ont prévu d'assigner la société en justice en mai 2020.
Sommaire

Linky : qui sont ces milliers de Français prêt à aller en justice contre le compteur ?

"Aujourd’hui, 90% des clients se disent satisfaits de l’installation de Linky", affirme sans trembler Enedis, qui répond aux avocats Christophe Lèguevaques et Arnaud Durand. Les deux hommes ont lancé une pétition contre le boîtier vert, sur la plateforme Mysmartcab.fr, ouvert en novembre. L’idée est simple, rapporte le quotidien Les Echos : préparer une action collective contre la filiale d’EDF, qu’ils entendent assigne en justice en mai.

Actuellement, les deux maîtres revendiquent 12 000 signataires. "82% des pétitionnaires ont déclaré vouloir aller en justice", explique Arnaud Durand. Son confrère toulousain, lui, explique qu’il pourrait à terme s’agir de "la plus grande action collective française". C’est pourquoi ils ont ouvert une souscription de plaignants, après avoir envoyé leur pétition à Enedis dans le courant du mois de février, non sans réclamer le respect du "refus individuel du Linky" ainsi que de "délivrer une électricité dépolluée des nouveaux courants porteurs en ligne". Les requérants, qui doivent se signaler entre le 24 février et le 31 mars, devront s’acquitter de la modique somme de 8,20 euros deux ans durant.

Dans leur action collective conjointe, les deux avocats demandent l’indemnisation du préjudice moral de leur client, à hauteur de 5000 euros. Compte tenu du type d’action intenté, cette somme devrait être individuelle, si elle est obtenue. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les avocats se lancent dans ce genre de procédure, rappelle le journal qui cite notamment l’affaire du Lévothyrox et la privatisation de l’aéroport de Toulouse, contre laquelle s’est battu Christophe Lèguevaques.

L’argumentaire des pétitionnaires se construit autour des angoisses habituelles que génère le compteur Linky, comme le risque sanitaire supposément induit par les ondes. "Il persiste une zone d’incertitude qui empêche de proposer des conclusions définitives", rappelait, en 2017, l’Agence nationale de sécurité sanitaire. 

Vidéo du jour

Si de tels arguments ont permis aux plaignants d’obtenir gain de cause à Toulouse, Tours, Bordeaux, Grenoble et Foix, la plupart du temps les opposants à Linky ont été déboutés. En mars 2019, le juge des référés de Toulouse décidait cependant d’interdire le compteur intelligent pour treize individus électrohypersensibles.

Linky : la réponse d’Enedis

"Cette action lancée par des avocats ne nous semble pas refléter la réalité de ce que vivent au quotidien nos clients et nos équipes sur le terrain", a répondu d’entrée de jeu Enedis, qui rappelle avoir installé plus de 24 millions de compteurs sur les 34 millions qui doivent être posés au total, rapporte BFMTV

"Son installation, qui se fait dans le respect total de la propriété privé, ne peut relever d’un choix personnel dans la mesure où la loi est claire sur le caractère obligatoire du déploiement", assure l’entreprise, qui n’hésite d’ailleurs pas à "contester formellement les affirmations" qu’ont relayé les avocats.

Que reproche-t-on au compteur Linky ?

Si le compteur Linky génère une telle défiance, c’est parce qu’il fait l’objet de nombreux reproches, comme le rappelle Capital. Il est notamment accusé de provoquer des départs de feu, mais dans l’immédiat les études ne permettent pas d’établir de lien de cause à effet entre le dispositif et les milliers d’incendies constatés depuis 2015.

L’appareil d’Enedis est aussi accusé de "faire mal à la tête" et de "donner des vertiges". "Les ondes émises par le système Linky sont inférieures aux plafonds prévus par les normes sanitaires définies aux niveaux européen et français", rappelle cependant l’Agence nationale des fréquences. 

Ce n’est pas tout ! Le boîtier vert est aussi accusé de faire exploser les factures d’électricité… et de servir d’espion.