Financer la dette en France par l'épargne : le "vol" dénoncé par les personnalités politiques IllustrationIstock
La dette française est une véritable préoccupation politique, d'autant plus depuis que l'Union européenne a ouvert une enquête pour un déficit trop important. Pour éponger la dette, certaines personnalités politiques proposent de toucher à votre épargne.
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La situation inquiète : 17 milliards d’euros de déficit public, voici la note que la France doit tenter d’éponger. Un déficit supérieur à 5.5 % du PIB, tandis que le gouvernement prévoyait dans la loi finances, un déficit de 4.9 % comme le rappelle Le Monde. Un déficit qui vient se cumuler à la dette, déjà existante, de l'État. La situation en vient même à préoccuper l’Union européenne, qui a enclenché une procédure pour “déficit excessif”.

Utiliser les 6 100 milliards sur les comptes  

Pour pallier la situation, Sandrine Rousseau, une députée écologiste, semble avoir trouvé une solution : utiliser l’épargne des Français. D’après les informations du Figaro, 6 100 milliards d’euros dormiraient sur les comptes épargne des Français (Livret A, Plan d’épargne en action, assurance vie, livret d’épargne populaire confondus). Certains voient dans cet argent dormant une fenêtre de sortie. 

Lors d’une interview, la députée a exprimé son idée : “la France est un des pays où il y a une épargne qui permet très bien de reprendre la main sur notre dette aujourd’hui”... Une déclaration qui a suscité l’intérêt du journaliste. Ce dernier a alors tenté de creuser le sujet “quitte à contraindre les épargnants ?”, ce qui lui a valu une réponse franche “absolument”.  

Comment convaincre les Français ?  

En pleine période d’inflation, alors que les Français sont préoccupés par leur pouvoir d’achat et attendent du gouvernement des réponses concises sur la question des salaires, des retraites, cette proposition fait peine à convaincre. Trop compter sur l’épargne des Français pourrait fragiliser plus encore leur opinion de la sphère politique, dernièrement, un sondage Odoxa commandé par Le Figaro précisait que 82 % des interrogés avaient déjà une mauvaise image des hommes et femmes politiques.

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Pour faire digérer la proposition aux Français, difficilement remis de la crise des gilets jaunes, Sandrine Rousseau a précisé quelques jours plus tard ces propos : “Je voudrais qu’on incite les banques à placer prioritairement sur la dette française”. En effet, l’argent disponible sur les comptes épargne ne se contente pas de “dormir”, comme le laisse à penser la députée. Avec cet argent, les banques investissent pour soutenir des projets de TPE, PME, à l’instar du Livret A, réputé pour financer le logement social.  

“Un fonds souverain” 

La question se pose alors, comment inciter les banques à investir dans la dette ? Le pari est risqué, les Français - probablement – peu engagés par l’idée. Marine Le Pen avait d’ailleurs mis ce sujet sur la table “chacun doit écouter attentivement ce qu’annonce Sandrine Rousseau : les Français qui travaillent et ont économisé toute leur vie pour se constituer une petite épargne seront impitoyablement ponctionnés”, avant de conclure, “c’est du vol”.

Aucune décision n’est prise à ce jour concernant l’investissement de l’épargne dans la dette publique. Cependant, une autre personnalité politique a, elle aussi, fait ce pari en proposant un “fonds souverain”, qui permettrait “’d’investir directement dans l’économie française, dans le soutien aux grandes infrastructures, aux TPE-PME, ou encore aux nouvelles technologies et à l’innovation”, avait évoqué Jordan Bardella.

Si les propositions ne sont pas sûres d’aboutir, il est une chose dont il est certain : la dette française se creuse chaque année, elle est, en 2024, de 3 000 milliards d’euros.