Tiphaine, 46 ans, raconte son quotidien de "quincado"©Orane Scherschel
TEMOIGNAGE. Je m'appelle Tiphaine. Pour mes amis, c'est Miss Maximum ou Mère Teresa. J'ai 46 ans et le statut de "quincado" me correspond bien.

Propos recueillis.

Je m’appelle Tiphaine. Pour mes amis, c’est Miss Maximum ou Mère Teresa. J’ai 46 ans et le statut de "quincado" me correspond bien. J’aime faire la fête et danser jusqu’à 5h du matin en soirée électro. L’imprévu ne me fait pas peur : si demain, on me propose de partir bosser pour trois semaines dans les Antilles, je fonce ! En revanche, le chiffre cinquante me fout les boules. Quand j’y pense, j’ai un petit pincement au cœur, même si finalement, je ne me sens pas si vieille que ça.

J’ai deux grands enfants, Mathéo et Léo, 20 et 18 ans. On est très complices. Bien sûr, il y a eu des problèmes de communication pendant leur adolescence, mais on a toujours eu une très belle relation de confiance et de partage.

Quand Mathéo invite des amis à la maison, ça ne le dérange pas si je suis là, au contraire. Ses copains m’apprécient et je passe souvent le début de soirée avec eux. Pour les 18 ans de Léo, on a prévu un séjour tous les trois à Amsterdam. Il a fait son premier tatouage là-bas. Peu de mamans entretiennent ce genre de relations avec leurs enfants, j’imagine.

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Je me suis séparée de mon mari en 2003. Grâce à des applications comme Tinder ou Happn, j’ai pu faire de belles rencontres. Il suffit d’être droite dans ses bottes et de dire "je suis pas là pour rencontrer l’homme de ma vie ni pour un plan cul". Je n’ai jamais eu envie d’écumer les bars ou tenter ma chance avec les potes de potes de potes… Ouvrons le champ des possibles !

Côté job, je bosse depuis presque 10 ans en freelance dans l’événementiel. J’ai toujours voulu faire ça. Les périodes sans job sont pénibles, c’est les montagnes russes émotionnelles. Courir après les missions, ce n’est pas facile. Mais je redoute les CDI : aller tous les jours dans le même bureau me file des angoisses. À 46 ans, un peu de stabilité ne serait pas du luxe, mais la routine m’effraie.

J’ai toujours ce grain de folie qui ne m’a jamais quittée. Ça peut faire peur à certains. On doit se dire "à 46 ans, elle est toujours aussi folingue..." Mais le jugement des autres m’importe peu. En réalité, je pense que c’est une caractéristique qui plaît chez moi. Mes amis disent souvent que je suis la fédératrice. Rameuter les troupes et gérer l’organisation, c’est mon truc. Ils sont dans le même état d’esprit. Je suis encore proche de mes amis d’études, mais je fais également partie d’une joyeuse bande de mamans rencontrées à l’école de mes enfants. On se surnomme les DDE - les divorcés deux enfants - et ça fait 14 ans que ça dure !

Quand j’avais 20 ans, j’étais plus éparpillée et revendicatrice, tout feu tout flamme. Aujourd’hui, je suis plus réfléchie et posée. La retraite ? J’y pense peu. Avec une bande de copains, on envisage de se mettre en coloc dans une grande maison pour partager les frais. Je ne me vois absolument pas dans une maison de retraite. J’ai fait jurer à mes enfants de m’aider à partir si je perdais mon autonomie, je ne veux pas arriver à un stade où on devra m’aider à manger, à m’habiller ou à m’asseoir sur une chaise. Devenir dépendant de quelqu’un, c’est ma plus grande angoisse. Je veux laisser un souvenir de la vraie moi, dynamique et tenace.