De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Financer les retraites en travaillant moins : c'est possible ?
"On a pas le choix. Si on ne fait rien, le régime tombera dans le rouge dès l'année prochaine", martelait le président du Medef dans les colonnes du Figaro. Geoffroy Roux de Bézieux parle du régime de retraite que le gouvernement entend réformer. Il accuse d'ailleurs l'exécutif de mentir "par omission" à ce sujet : selon lui, il est essentiel de toucher à l'âge légal de cessation d'activité. Plus exactement, il faudrait l'indexer "mécaniquement" "sur l'évolution de l'espérance de vie", résume le journal.
Le patron des patrons n'est pas le seul à réclamer - ou au moins envisager - une hausse de l'âge légal de départ à la retraite. En vérité, c'est un sujet qui a longuement déchiré le gouvernement, rappelle le quotidien régional Le Dauphiné Libéré. Emmanuel Macron lui même en convient : les Françaises et les Français devront travailler plus. Il comptait le leur annoncer lors de son allocution télévisée, finalement repoussée en raison du dramatique incendie de Notre-Dame de Paris, indique BFMTV. Au centre et à droite, un consensus semble quasi établi sur le sujet. Toutefois, à gauche, certains continuent à penser qu'il existe des alternatives. C'est notamment le cas de Pierre Larrouturou, ancien conseiller régional d'Île-de-France, issu des rangs du PS, et aujourd'hui candidat Place Publique aux élections européennes.
Dans les pages du magazine Marianne, il l'assure : passer à la semaine de 4 jours permettrait de financer les retraites à même niveau de pension. Voire de les augmenter… Et pour cause ! Selon lui, une réduction du temps de travail entraînerait mécaniquement une augmentation du nombre de cotisants et donc de plus fortes entrées d'argent dans les caisses du régime des retraites.
"La meilleure façon d'équilibrer le système de retraite, ce n'est ni de reculer l'âge de départ à la retraite, ni d'augmenter la durée légale du travail, c'est de créer des emplois correctement pays pour cotiser", souligne d'ailleurs l'économiste, spécialisé sur la question.
Retraite : travailler moins pour la même pension, une alternative viable ?
"C'est mécanique : une augmentation de la masse salariale signifie effectivement un système plus à l'équilibre. Celui-ci repose en grande partie sur les cotisations", confirme effectivement Philippe Crevel, macro-économiste spécialisé sur la question des retraites, libéral et directeur du Cercle de l'Epargne. "Il s'agit d'une variable importante, avec l'âge légal de départ à la retraite et le montant des pensions", poursuit-il encore au micro de Planet. En théorie, donc, si l'enveloppe total des cotisations augmente, il serait possible de gonfler les pensions. "Attention à prendre en compte le choc démographique que connaît la France. On compte actuellement 16 millions de retraités. Et leur nombre continue à croître", tempère l'économiste.
Ce n'est d'ailleurs pas le seul problème à ses yeux : si, théoriquement, le progrès de la masse salarial serait bénéfique, rien ne permet d'assurer que le nombre de cotisant augmenterait. "Il est important de distinguer le nombre d'emplois du temps de travail par emploi, ce sont deux choses différentes. Une baisse du second n'engendre pas nécessairement un accroissement du second", assure le directeur du Cercle de l'Epargne. "En vérité, il est même possible qu'une telle mesure engendre une réduction de la masse salariale et, par conséquent, du montant total des cotisations. C'est en partie ce qu'il s'est passé lors du passage à la semaine de 35 heures", précise le libéral.
Retraite : une perte de pouvoir d'achat à craindre en cas de réduction du temps de travail ?
Pour le libéral, les désavantages pourraient être nombreux en cas de réduction du temps de travail. Et ils ne toucheraient pas que les retraités… "Réduire le temps de travail n'est pas nécessairement une mauvaise chose en soi : nous l'avons fait plusieurs fois les décennies et siècles passés. Toutefois en 2002-2003, après la mise en place des 35h, on a constaté un véritable décrochage de l'économie française", alerte Philippe Crevel.
"Par ailleurs, selon comment elle est faite et jusqu'à quel point elle est menée, la réduction du temps de travail soulève plusieurs problèmes. Certains sont d'ordre économique, comme la baisse du pouvoir d'achat des cotisants, tandis que d'autres sont d'ordre humain. La transition vers une semaine de 35h a durablement bouleversé l'organisation du travail. Dans de nombreuses entreprises, il est devenu plus intensif, puisqu'il fallait abattre en 35h le même ouvrage qu'en 39h. Sans compter, évidemment, l'aspect socialisant du travail qui a perdu en force", pointe du doigt l'économiste.