De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
A Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), du samedi 18 février au lundi 6 mars 2023, 82 jeunes font leur Service universel obligatoire (SNU). Pendant leurs vacances scolaires, ces jeunes âgés de 15 à 17 ans, se lèvent à l’aube, chantent l’hymne national et hissent les couleurs françaises.
Dans le cadre de leur SNU, ils réalisent un "séjour de cohésion" dans un autre département que le leur. Au programme, de 6h30 à 22h30 : des ateliers civiques et des modules d’apprentissage sur des enjeux liés à la défense, à la mémoire, à la transmission "des valeurs de la République" ainsi qu’au développement durable.
"On apprend les corps armés, on apprend de la politique. On apprend de tout, pour être un bon citoyen", déclare une jeune participante à nos confrères de BFMTV.
En 2022, 32 000 jeunes ont participé au SNU. A un rythme quasi militaire, portant des uniformes identiques, ces jeunes gens n’ont pas accès à leur téléphone portable le temps du séjour. Selon Régis, un encadrant : "L’objectif n°1 est la cohésion, de se mélanger, de découvrir d’autres personnes, d’autres milieux sociaux. Ils ont eux-mêmes reconnu avoir parlé à des gens à qu’ils ne parleraient pas dans la vie de tous les jours."
Lundi 27 février, Politis a dévoilé un document de travail interne au ministère de l’Éducation nationale jusque là confidentiel. Ce document révèle que le SNU a vocation à devenir obligatoire d’ici 2024.
SNU : rendu obligatoire dans 6 départements à partir de janvier 2024 ?
Dans le cadre d’une expérimentation, tous les élèves de seconde et ceux de première CAP de 6 départements devraient participer obligatoirement au SNU à partir de janvier 2024. Puis, un élargissement progressif à l'ensemble du territoire devrait avoir lieu, rapporte Politis.
Le document interne au ministère de l’Éducation nationale n’a pas encore été officialisé, mais la secrétaire d’État chargée du SNU, Sarah El Haïry, a confirmé à Politis que la généralisation fait partie des options sur lesquelles elle travaille.
"Si le SNU devenait obligatoire, il pourrait alors s’inscrire sur le temps scolaire", explique la secrétaire d’État. La généralisation et le caractère obligatoire du SNU concernerait 800 000 jeunes dans toute la France. Le coût du dispositif est estimé à près de deux milliards d'euros par an.
En revanche, le SNU ne devrait pas fondamentalement être obligatoire. Auprès de franceinfo, qui a également pu consulter ledit document, le secrétariat d'État au SNU indique qu'il pourrait s'agir d'un dispositif incitatif, "avec notamment une formation au permis de conduire offerte pour tout SNU réalisé".
Le document interne précise d’ailleurs qu’une "telle montée en puissance implique l’accès à des bâtiments pour colonies de vacances afin de recevoir des cohortes d’au moins 150 jeunes, sur des périodes qui se multiplient dans l’année."
SNU : que contient le document du ministère de l'Éducation nationale ?
Ce séjour de 12 jours devrait obligatoirement se dérouler en dehors du département du jeune concerné. Il sera suivi d'une "période d'engagement facultative qui peut prendre la forme d'un service civique ou d'un engagement dans les réserves".
En outre, les jeunes qui participeront au SNU ne pourront choisir ni la date ni le lieu de leur convocation, bien qu'un report pourra être accepté "en cas de force majeur".
"Ce lieux existe déjà et ça s'appelle l'école !"
La généralisation du dispositif inquiète les syndicats enseignants. Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du syndicat enseignant SNES-FSU considère que "le SNU n’est pas une bonne idée. C’est un gaspillage d’argent piqué à l’éducation nationale."
"Quand on lit la liste des activités : comme la sensibilisation au développement durable ou qu'on entend les membres du gouvernement défendre le SNU comme un lieu de rencontre entre des élèves de différents milieux sociaux, d'émancipation par l'apprentissage, mais ce lieu existe déjà et ça s'appelle l'école ! Ce sont des thématiques que l'on traite en cours", poursuit Sophie Vénétitay.
Pour l’instant le SNU obligatoire n’est qu’un projet. Le gouvernement devrait modifier la loi pour faire adopter le dispositif et, donc, le faire voter au Parlement. Le service militaire avait été dissout le 28 octobre 1997 : le SNU pourrait-il le remplacer ?
Dans quels départements pourrait être imposé le Service universel obligatoire dès janvier 2024 ?