Faut-il supprimer un jour férié pour combler le trou de la Sécurité sociale ? IllustrationIstock
L'exécutif soulève l'hypothèse de créer une nouvelle “journée de solidarité” pour financer les Ehpad. Les syndicats et travailleurs, qui y voient une nouvelle perte de pouvoir d'achat, s'y opposent.
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Travailler un jour de plus pour venir en aide aux Ehpad ? Après le lundi de Pentecôte, transformé en journée de solidarité pour les retraités en 2004, le gouvernement étudie la possibilité de supprimer un nouveau jour férié. Dans un contexte où le déficit pourrait atteindre 6.2% en 2024, le ministre de l'Economie Antoine Armand souligne sur LCI que cette proposition aurait "le mérite de créer de la richesse" pendant que les "dépenses sociales augmentent".

Pour rappel, la “journée de solidarité” est une journée travaillée lors d’un jour férié précédemment chômé, mais non payée pour les salariés. Depuis 2008 elle peut être travaillée lors de n’importe quel jour non travaillé, comme un samedi, un autre jour férié, ou même être étalée sur plusieurs jours. Le salarié peut également choisir de sacrifier un jour de RTT.

La Sécu en graves difficultés financières

L’objectif est simple : faire travailler les salariés gratuitement pour permettre aux employeurs de reverser une contribution à la Sécurité sociale. Selon plusieurs sénateurs, une telle journée permettrait de récupérer 2.4 milliards d’euros (voire plus de 3 milliards en mettant à contribution les retraités) pour financer des actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap.

Une mesure défendue par la rapporteuse centriste du budget de la Sécurité sociale du Sénat, Élisabeth Doineau. “A titre personnel, j’aurais été beaucoup plus favorable à une journée de solidarité en plus”, a-t-elle déclaré sur la chaîne Public Sénat, alors qu’elle était interrogée sur le gel des pensions des retraités. 

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Plusieurs membres de la coalition présidentielle et du gouvernement y sont favorables 

La proposition trouve écho parmi plusieurs membres de la coalition présidentielle et du gouvernement. Début octobre, l'ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin déclarait aux Échos être “favorable à la suppression d'un deuxième jour férié dans le public comme dans le privé” tout comme le patron du Medef, Patrick Martin, qui avait assuré qu’”il ne faut rien s’interdire”.

Ce lundi matin, c’est Frédéric Valletoux, le président Horizons de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée, qui a confié au micro de TF1 : “Pourquoi pas […] C’est pas juste pour aller chercher de l’argent, c’est pour financer une solidarité”.

La gauche et les syndicats s’y opposent 

Mais la mesure n’enchante pas l’opposition et les syndicats. “Ce serait une nouvelle perte de pouvoir d’achat qui n’est pas négligeable du tout. Ce serait encore faire payer aux salariés, le fait de travailler gratuitement, y compris les plus pauvres”, a déclaré au micro de RMC, Denis Gravouil, responsable du dossier “emploi et chômage” à la CGT avant d’ajouter "c'est scandaleux, ça fait perdre une journée de salaire". Même son de cloche du côté du sénateur PCF Ian Brossat qui estime que pour le gouvernement, la “solidarité” n’est en réalité que “celle des travailleurs au profit de ceux qui s’enrichissent en dormant”, a-t-il écrit sur son compte X.