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"Je ne sais pas". Ce jeudi 14 décembre dans une salle d'audience en apnée, Monique Olivier a lâché les mots assassins. Ceux qui laissent la famille de la victime dans l'incompréhension et l'ignorance, prisonniers de la mémoire tronquée de la femme assise dans le box des accusés. Le corps d'Estelle Mouzin, enfant de 9 ans kidnappée puis assassinée par le tueur en série Michel Fourniret en janvier 2003 à Guermentes (Seine-et-Marne), est là, dehors, mais inatteignable pour ses proches. Comment savoir où chercher, quand la dernière témoin de la mort d'Estelle se mure dans le silence ? "Je ne sais pas", a marmonné l'accusée encore et encore.
"J'étais révoltée et fâchée"
Interrogée par une assesseure, l'ex-épouse de l'Ogre des Ardennes est revenue sur les derniers instants de vie de la fillette kidnappée, qu'elle avait été chargée par Michel Fourniret de garder dans la maison de sa sœur, à Villes sur Lumes, dans les Ardennes. "Elle était sur une sorte de matelas, assise, habillée d’un pull rouge et d’un pantalon bleu marine", a-t-elle détaillé selon Le Parisien.
"Elle avait de la tristesse, des larmes, elle avait peur… Je me suis assise un peu avec elle, je lui ai parlé. Elle a demandé sa maman, je lui ai dit qu’elle allait la revoir… Elle espérait peut-être que… comme elle voyait une femme, elle a peut-être pensé que…" "Que vous alliez réagir comme vous auriez dû ?", a relancé l’assesseure. "Oui c’est ça. C’était lâche de ma part… ". "J’étais révoltée et fâchée de voir une si petite fille, a pourtant poursuivi Monique Olivier. "Je l’ai emmenée aux toilettes, et je l’ai remise dans la chambre, j’ai fermé la porte".
"J'aurais pu la libérer"
L'a-t-elle couverte, en cette très froide nuit de janvier, lui a-t-elle apporté à manger ? "Non", marmonne l'accusée. Elle savait qu'elle allait mouri r. "J’aurais pu la libérer, la laisser partir, je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas fait, c’est inhumain, ce que j’ai fait", bredouille-t-elle.Devant l'assistance consternée, la cour a projeté les photos de l'intérieur de la maison où a été gardée Estelle : des murs jaunis, un fatra de vêtements, des ordures et de la crasse. Le matelas sale retrouvé dans la fameuse chambre de captivité a été apporté dans la salle d'audience. L'ADN partiel de la petite fille ainsi que ceux de Monique Olivier et Céline Saison, autre victime de Michel Fourniret, y ont été retrouvés.
Il l'"avait sans doute étranglée"
Le 10 janvier au soir, Monique Olivier est rentrée chez elle, à Sart Custinne, laissant l'"Ogre" seul avec Estelle Mouzin. "C'est terminé", lui affirmera-t-il le lendemain. Son épouse lui apporte alors une pelle et une pioche, "ce n’était pas pour faire du jardinage", admet-elle. Selon elle, Michel Fourniret creuse un trou dans le bois d'Issancourt et Monique Olivier aperçoit pour la dernière fois le corps Estelle Mouzin. Il l'avait "sans doute étranglée", a-t-elle indiqué à la cour. La petite fille était enveloppée dans une sorte de drap de douche.
Le corps introuvable
L'avait-t-il violée ? "Elle était habillée quand je l’ai vue. Il ne m’a pas dit s’il avait obtenu ce qu’il voulait", a répondu l'accusée. Quid du corps ? Encouragée par son avocat, Monique Olivier a affirmé en fin de journée que le lieu qu’elle avait désigné au cours de l’instruction était "le bon endroit", mais les fouilles n'ont rien donné. Sa mémoire fait-elle défaut ? Monique Olivier ment-elle ? A l'image de son défunt ex-époux, la quasi-octogénaire avouera-t-elle à l'approche de la mort ? Questions stériles. Une fois de plus pour la famille d'Estelle Mouzin, pas de sépulture, pas de deuil.