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Les divorces des séniors sont de plus en plus nombreux, notamment à l’âge de la retraite. Selon une étude du National Center for Family & Marriage Research, relatée par CNN, plus d’un tiers des personnes qui divorcent ont plus de 50 ans.
Selon les chercheuse de l’étude, Susan K. Brown et I-Fen Lin, le taux de divorce des plus de 50 ans avait doublé entre 1990 et 2010, un phénomène qu'elles nomment “la révolution du divorce gris”. En effet, d’après l’étude, les séparations après plus de 65 ans sont de plus en plus courantes.
“Le divorce des seniors survient au moment de la retraite”
Un constat également observé par Michelle Dayan, autrice du livre “Nous nous sommes tant aimés” et avocate spécialisée dans le droit des familles. Interrogée sur le divorce gris, elle a accepté de répondre à nos questions pour Planet.
J’ai toujours eu des couples âgés dans mon cabinet. Le divorce des seniors survient au moment de la retraite aux alentours de 65 ans. Dans certains cas, j’ai eu des couples âgés de 70-75 ans, voire 80 ans.
Au sein de son ouvrage, l’écrivaine précise : “En trente ans (de 1996 à 2016), les divorces de la tranche des 60 ans et plus ont quasiment triplé, tout comme ceux des 50-59 ans, tous les sexes confondus.”
Une révolution des mentalités
Selon l’avocate, cette hausse des divorces est aussi liée à la santé des séniors qui s'améliore, ils sont en forme de plus en plus longtemps. Aujourd'hui, les femmes à 65 ans sont en bonne santé. On a moins cette image patriarcale de la femme avec des rides. Elle n’ont plus cette impression d’avoir une date de péremption de leur vie.
Il y a ceux qui étaient "mal mariés" qui attendaient que les enfants soient partis du foyer pour divorcer. Il y a aussi les victimes de violences conjugales, ces femmes se disent que ce n’est plus tolérable.
“J’observe depuis une dizaine d’années, avec une accélération les cinq dernières années, ce phénomène : des femmes de plus de 60 ans qui sont à l’initiative de la séparation, après des décennies de mariage. Pour certaines, c’est un second souffle amoureux avec un homme parfois plus jeune qu’elles (ce que je ne voyais jamais il y a dix ans) qui les pousse, pour d’autres c’est le désir de vivre une vie meilleure pour les deux décennies à venir, en tant que célibataires assumées. Elles ont moins peur de “rester sur le carreau” comme le prédisaient nos grand-mères aux femmes seules”, écrit l’avocate.
“Jusque dans les années 2010, mes clients amenaient avec eux des problématiques de garde d’enfants, de recomposition professionnelle nécessaire après une séparation et d’organisation nouvelle digne d’un marathon olympique pour concilier toutes leurs vies. Aujourd’hui, coexistent dans ma clientèle à côté de ces jeunes parents actifs des grands-parents dynamiques dont l’horizon ne s’arrête plus aux mercredis passés avec leurs petits-enfants et à l’aménagement de la maison familiale pour accueillir leur descendance”, écrit-elle.
Le marketing du bonheur
Après la retraite, les envies ne sont plus communes. Il y a aussi la silver économie, ce marché marketing qui ouvre le droit au bonheur qui passe parfois par la case divorce.
Avant la retraite, on avait une vie sociale et une vie professionnelle plus active. Après la retraite, on se retrouve avec l’autre toute la journée, c’est un accélérateur de particules.
Aujourd’hui, les retraités sont plus actifs. Ils font du sport, ils bougent, on est dans une sorte de prévention. La vie ne s'arrête pas passé un certain âge. Ils se rendent compte qu’ils sont moins heureux, surtout à la retraite. Ils ont besoin d’un épanouissement personnel.
Une situation difficile à accepter pour les enfants
Parmi tous les couples qu'elle a dû "divorcer", Michelle Dayan remarque que les enfants plus âgés ont souvent plus de mal que les plus jeunes à accepter la situation, car ils sont plus affirmés.
“Lorsque nos parents divorcent, quel que soit notre âge, nous redevons des enfants orphelins de la famille idéalisée. En 2024, alors qu’un couple sur deux se sépare, que ce n’est plus forcément un drame et que ça peut même être une très bonne nouvelle, les enfants adultes le vivent encore comme un point final insupportable”, écrit-elle.
Aujourd'hui, les parents sont soucieux de ne pas dépendre des enfants, et de profiter de leurs dernières décennies.