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Ralentir la propagation du virus, coûte que coûte. Cet objectif, le gouvernement entend l’atteindre grâce à une batterie de mesures strictes. L’allocution très solennelle du président de la République ce jeudi 12 mars au soir depuis l’Elysée le démontre. Pour contrer le Covid-19, l’ensemble des établissements scolaires seront par exemple, dès lundi 16 mars, fermés "au moins jusqu'aux vacances de printemps", a indiqué le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer ce vendredi sur France Inter.
Emmanuel Macron a aussi appelé jeudi soir "tous les Français" à limiter "au strict nécessaire" leurs déplacements. Il demande de privilégier le télétravail lorsque cela est possible. Les visites aux personnes âgées doivent également être évitées.
Ce vendredi 13 mars au soir, selon le dernier bilan du ministère de la santé, 79 décès et 3 661 cas de coronavirus sont confirmés en France. Soit 800 nouveaux cas en 24 heures.
"Nous ne sommes qu'au début de l'épidémie, elle progresse, c'était attendu", a par ailleurs souligné vendredi soir le ministre de la Santé Olivier Véran.
Coronavirus : les rassemblements de plus de 100 personnes désormais interdits
Édouard Philippe a, quant à lui, annoncé au JT de 13h sur TF1 ce vendredi 13 mars, que les rassemblements de plus de 100 personnes sont désormais interdits, en plein air comme à huis clos, jusqu’à nouvel ordre. Cela afin de "retarder le pic épidémique".
De fait, les bars, les restaurants, les cinémas, les théâtres tous comme les discothèques sont concernés, a confirmé ce vendredi après-midi le préfet de la région Pays-de-la-Loire à 20 minutes.
Une "distance d’environ un mètre" entre chaque client devra aussi être maintenue.
Si les cinémas resteront ouverts, la limite de 100 personnes devra strictement être respectée. A noter cependant qu’avec les reports de sortie de films, l’offre va être limitée.
"Il y aura des contrôles aléatoires de la part des services de l’Etat afin de vérifier que ces dispositions soient appliquées", indique Claude d’Harcourt, le préfet des Pays-de-la-Loire.
Seules exceptions à cette règle pour le moment : les commerces alimentaires et les transports.
Certes, ces mesures sont pour l’instant plus légères que celles prises en Italie, où l’ensemble des commerces, à l'exception de ceux de la distribution alimentaire et de la santé, ont été fermés. La liberté de circuler y est également restreinte et les rassemblements dans tout le pays sont proscrits, jusqu’au 3 avril.
Mais en France, avec la fermeture des écoles, la SNCF et les réseaux de transports en commun n’ont pas d’autres choix que de réduire leurs offres.
Coronavirus : les offres de transports réduites
Comme le rapporte LCI, La RATP et la SNCF ont d’ailleurs annoncé ce vendredi 13 mars qu'à partir de lundi 16 mars, l’offre sera moindre d’environ 20%. En effet, en raison du coronavirus, une partie de leur personnel devra rester chez eux pour garder leurs enfants.
"S'il y a moins de personnels, il y aura moins de trains. La mécanique est connue. C'est une logique assez proche de celle de la grève. La première raison sera l'impact de la fermeture des écoles et des gardes d'enfants. Et ensuite, au fur et à mesure de l'avancée de l'épidémie, il y aura peut-être des collègues malades", a déclaré un porte-parole de la SNCF.
"En raison des différentes mesures nationales de lutte contre l’épidémie de COVID-19, à partir du lundi 16 mars 2020, 80% de la circulation des trains du quotidien et des trains longue distance seront assurés."
Peu à peu, la France va-t-elle alors se mettre à l’arrêt ?
Covid-19 : la France semble suivre la même courbe que l’Italie
L’hypothèse semble probable. Si l’on compare l'évolution du nombre de personnes infectées dans le temps, on s’aperçoit alors que la France semble suivre la même courbe que l'Italie, avec environ 9 jours de retard, note L’Express.
Plusieurs pays européens sont dans le même cas. C’est ce que démontre un graphique interactif établi par Silvia Merler, directrice des études du think tank britannique Algebris Policy. Il est fondé sur les chiffres du nombre de cas dans le monde, recensés par l'Université Johns-Hopkins de Baltimore. Ainsi, la Belgique et l’Allemagne aurait 10 jours de retards et l’Espagne 7 jours, par rapport à l’Italie.
"La multiplication du nombre de cas en France est exponentielle. Les courbes étudiant la propagation du Covid-19 en France, mais aussi en Espagne, en Allemagne ou en Suisse, suivent aujourd'hui celle de l'Italie", détaille à L'Express l’épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale à l'Université de Genève, Antoine Flahault.
Pour Emmanuel Macron, le coronavirus "n'a pas de frontières". Il a d’ailleurs appelé lors de son discours à "éviter le repli nationaliste" tout en assurant que les fermetures de frontières, "quand elles seront pertinentes", seraient décidées "à l'échelle européenne".
Se dirige-t-on alors vers un probable confinement ?
Coronavirus : chaque Etat est libre de ses choix
Un scénario à l’italienne est-il probable en France ? Si la propagation du coronavirus en Europe suit la même tendance que l’Italie, le confinement total est toutefois difficile à affirmer. "L'OMS n'a pas émis de recommandation avec des critères à partir desquels il faut prendre telle ou telle mesure", souligne l’épidémiologiste Antoine Flahault. Chaque État reste ainsi libre de ses choix.
Les mesures de lutte restent toutefois limitées, surtout en l’absence de vaccins ou de médicaments. Si les actions individuelles du respect des mesures d’hygiène sont primordiales, les actions collectives publiques restrictives "se résument à quatre mesures : la fermeture des établissements scolaires, la restriction des rassemblements, la restriction des déplacements et les quarantaines", liste Antoine Flahault.
"Limiter les mouvements de la population et l'agrégation des gens dans des endroits confinés, va participer à la réduction de la probabilité de contamination, et donc réduire la vitesse de propagation de l'épidémie. Ce sont des mesures qui ont montré leur efficacité en Chine et en Corée du Sud", analyse-t-il.
Doit-on dès lors s’attendre à cette application dans les jours à venir ? Selon l’épidémiologiste, "c'est probable si la France reste dans la même dynamique épidémique".