Cohabiter avec le coronavirus : comment allons-nous faire ?AFP
Selon Edouard Philippe, il va falloir que les Français "apprennent à vivre" avec le Covid-19. Gestes barrière, distanciation sociale, réunions familiales... Comment allons-nous devoir nous adapter ?
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Il va falloir apprendre à vivre avec lui. Il est un colocataire que les Français n’avaient pas prévu d’accueillir parmi eux, mais il est bien là depuis le mois de janvier. D’abord discret, puis bien présent, il a chamboulé le quotidien de toute la population le mardi 17 mars, avec la mise en place du confinement. La restriction des sorties doit être levée le 11 mai prochain, mais le coronavirus, lui, sera toujours là.

Emmanuel Macron a répété à plusieurs reprises que le pays menait "une guerre" contre cet ennemi et qu’elle serait longue. Edouard Philippe a affirmé dimanche 19 avril que la crise sanitaire "n’était pas terminée". "Notre vie, à partir du 11 mai, ça ne sera pas exactement la vie d’avant le confinement. Pas tout de suite, et probablement pas encore avant longtemps", a ajouté le Premier ministre, concluant : "Nous allons devoir apprendre à vivre avec le virus".

Vivre avec le coronavirus : accepter les mesures barrière

Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), a fait le même constat dans une interview à franceinfo. "On est parti pour des mois de cohabitation avec le virus, tant qu’on n’a pas trouvé un vaccin, parce que le traitement, même s’il y a un traitement, ça ne fera pas disparaître le virus tout seul", a-t-elle expliqué. Vivre avec le Covid-19, d’accord, mais vivre comment ? Après deux mois à l’arrêt, comment le pays pourra-t-il se remettre en marche avec des citoyens déconfinés et donc automatiquement exposés ?

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Les gestes barrière vont rester en vigueur après le 11 mai. Se laver les mains très régulièrement et tousser dans son coude vont devenir la norme, plus seulement des mesures exceptionnelles dans un temps restreint. Le port du masque pourrait également devenir obligatoire pour un temps donné, dans les transports en commun mais peut-être aussi dans les lieux accueillant du public, comme les supermarchés. Le gouvernement ne s’est pas encore prononcé sur cette question, mais la piste a été évoquée. Le port du masque pourrait également, à terme, s’inscrire dans les habitudes des Français, comme c’est le cas dans de nombreux pays asiatiques. "Cohabiter" avec le coronavirus signifie aussi un changement total de nos interactions avec les autres.

Vivre avec le coronavirus : accepter les restrictions

Il va falloir apprendre à accepter les restrictions. Les Français, ce peuple de "Gaulois réfractaires" selon Emmanuel Macron, n’aiment pas que l’on touche à leurs droits et à leurs libertés. Si la sortie du confinement a bien lieu le 11 mai prochain, le gouvernement a répété qu’elle serait "progressive". Les cafés, restaurants, cinémas, musées, boîtes de nuit, clubs de sport etc. ne sont pas prêts de rouvrir leurs portes au public. Les rassemblements vont encore être limités jusqu'au mois de juillet, même dans un cadre familial ou amical.

Pour cohabiter avec le coronavirus Covid-19, il va donc falloir que la nouvelle norme devienne celle de la "distanciation sociale". Les Français, réputés dans le monde pour aimer faire la bise, vont devoir trouver d’autres parades pour se saluer. En serons-nous capables ? Interrogée sur France Inter, la professeure Karine Lacombe affirme qu’il va "falloir adapter nos modes de vie" : "Ça veut dire adapter, changer culturellement notre façon de vivre, nous qui étions des personnes culturellement plutôt proches les uns des autres". Mais vivre avec le virus va aussi changer notre perception sur la maladie : après s’être barricadés chez eux pendant deux mois, les Français vont devoir accepter d’être, peut-être, contaminés.

Vivre avec le coronavirus : accepter qu’on peut être contaminé

Les Français ont, dans l’ensemble, plutôt bien respecté les règles du confinement, ce qu'a salué Edouard Philippe le 19 avril. Ils sont restés chez eux pour se protéger, protéger leurs proches et protéger les autres, ces inconnus plus fragiles, plus âgés, déjà affaiblis. Désormais, il va falloir sortir et accepter de prendre le risque d’être contaminés. Pour atteindre l’immunité collective, il faudrait que 70% de la population ait été infectée par le virus mais, selon des estimations de l’Institut Pasteur, seulement 5,7% des Français auront été contaminés au 11 mai… Le virus va donc continuer de circuler entre les personnes, malgré les gestes barrière et toutes les précautions qui vont être prises par les uns et les autres. "Il va falloir encore s’en méfier quelques mois", assure la virologue Christine Rouzioux auprès d’Europe 1. Cohabiter avec le Covid-19, c’est donc aussi accepter qu’il soit là, autour de nous, autour de ceux qu’on aime, tout en restant vigilant, pour soi comme pour les autres.