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L’affaire avait marqué la France entière, et pour cause. En plein hiver de l’année 2017, c’est toute la famille Troadec qui avait disparu, du jour au lendemain, à quelques kilomètres seulement du 55, boulevard Schuman, où les corps des Dupont de Ligonnès avaient été retrouvés 6 ans plus tôt.
Tout commence le 23 février, à Orvault, en banlieue de Nantes, lorsque que la sœur de Brigitte Troadec, une mère de famille de 49 ans, s’inquiète : elle n’a pas de nouvelles d’elle, de son mari et de leurs deux adolescents depuis plusieurs jours. Elle décide d’alerter la police.
Le lendemain, une équipe de policiers se rend au domicile de la famille, un pavillon situé dans un quartier résidentiel de la commune. Pascal, Brigitte et leurs deux enfants Charlotte, 18 ans et Sébastien, 21 ans, vivent ici depuis une dizaine d’années. Et ce sont des gens bien ordinaires.
Sur place, les volets sont fermés, la maison est vide. Dans les chambres, les draps ont été ôtées et les brosses à dents emportées. Le foyer aurait-il pris la fuite ? Le scénario s’écroule rapidement. Car à l’intérieur du domicile, des traces de sang sont retrouvées un peu partout par les techniciens de la police judiciaire. Les analyses révèleront qu’elles appartiennent à Pascal, Brigitte et à leur fils Sébastien.
Le parquet de Nantes ouvre dans l’heure une information judiciaire pour homicides, enlèvement et séquestration.
Très vite, la presse s’emballe. L’affaire ressemble, à première vue, étrangement à la tuerie de Nantes, qui a bouleversé la région en 2011. Mais contrairement à la famille Dupont de Ligonnès, les Troadec, eux, ont tous disparus, et leurs corps demeurent introuvables.
L’affaire des « disparus d’Orvault »
Au départ, les enquêteurs soupçonnent le jeune fils Sébastien d’être à l’origine du drame : sur des forums en ligne, on découvre qu’il avait posté des messages plutôt sombres, et l’adolescent avait déjà été mis en cause dans une affaire d’atteinte aux personnes.
Les jours passent, et les officiers de la PJ de Nantes continuent leur minutieuse enquête, mais toujours aucune traces des « disparus d’Orvault ».
Le 1er mars 2017, un pantalon et la carte vitale de Charlotte sont retrouvés dans le bois de Coat-Mez, dans le Finistère. Et le lendemain, c’est la voiture de Sébastien qui est découverte, en pleine rue, à Saint-Nazaire.
Affaire Troadec : la terrible machination du suspect
Le 5 mars, coup de tonnerre : le parquet de Nantes annonce que Lydie Troadec, la sœur de Pascal, et son ex-compagnon Hubert Caouissin, viennent d’être placés en garde à vue. On aurait retrouvé l’ADN de ce dernier au domicile de la famille disparue, ainsi que dans le véhicule du jeune fils.
Agé de 46 ans, Hubert Caouissin est technicien des arsenaux à Brest. Il assure, dans un premier temps, n’avoir plus aucun contact avec sa belle famille depuis des années.
Mais les enquêteurs le savent fragile : il est d’ailleurs suivi pour dépression depuis quatre ans. Surtout, ils ont reçu un peu plus tôt une troublante lettre anonyme :
« Arrêtez de chercher du côté de Sébastien. Il n'a rien à voir avec tout ça. Allez plutôt voir le beau-frère de Pascal. Il est jaloux de lui à en crever »
Dans la soirée, le beau-frère finit alors par avouer l’impensable.
Dans la nuit du 16 au 17 février, Hubert se rend à Orvault afin d’espionner les Troadec. A la nuit tombée, il pénètre dans la maison par le garage, puis de sache dans la buanderie, avec « l’idée de récupérer une clé », dira-t-il. Mais il manque de discrétion ,et le bruit finit par alerter Pascal, le père de famille, qui descend, armé d’un pied de biche.
Là, raconte le suspect, les deux hommes auraient eu une altercation, au terme de la laquelle Hubert Caouissin aurait réussi à s’emparer du pied de biche, avant de frapper son beau-frère jusqu’à la mort. Il s’en prend ensuite aux trois autres membres de la famille.
De retour chez lui, dans le Finistère, au petit matin, Hubert avoue tout à sa compagne, Lydie, la sœur de Pascal. Le couple revient à Orvault le lendemain du massacre. Pendant qu’Hubert lessive la maison pour faire disparaître les traces de sang, Lydie « monte la garde » aux abords de la propriété. Ils auraient ensuite découpé les corps avant de les brûler et d’enterrer les restes dans une partie marécageuse et difficile d’accès de son domaine.
A l’issue de sa garde à vue, Hubert Caouissin est mis en examen pour « assassinats » et « atteinte à l’intégrité d’un cadavre ». Sa compagne, Lydie Troadec, est quant à elle mise en examen pour « modification de l’état des lieux d’un crime et recel de cadavres ». Ils sont tous deux écroués.
Affaire Troadec : le « trésor » au cœur du mobile
Le 10 mars, des « fragments de quatre corps humains et des bijoux appartenant à la famille » sont retrouvés à Pont-de-Buis-lès-Quimerch, dans la ferme appartenant au suspect.
Quelques jours plus tard, les résultats des analyses ADN confirme que les restes appartiennent bien à Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte Troadec.
La question est désormais sur toutes les lèvres : pourquoi un tel acharnement ?
En réalité, Hubert aurait bel et bien nourri une certaine jalousie, mêlée de rancœur et d’obsession, à l’encontre des Troadec. Surtout depuis le partage de l’héritage du défunt père de Pascal et Lydie, en 2010.
A l’époque, les deux familles s’étaient affrontées à plusieurs reprises. Car Hubert soupçonnait sa belle-famille de le spolier. Le technicien était persuadé que Pascal s’était approprié après le décès de son géniteur, des lingots et des pièces d’or provenant du « trésor » découvert en 2006 par l’ancien. Un trésor qui n’a pourtant jamais été trouvé, et serait le fruit d’un délire.
Affaire Troadec : Huber Caouissin était-il fou ?
Dans un rapport remis aux juges d’instruction en charge de l’affaire, une expertise psychiatrique menée à l’automne 2017, quelques mois après le drame, conclut à une « altération du discernement » d’Hubert Caouissin au moment des faits.
Selon les experts, l’homme serait « un cas d’école d’un délire paranoïaque » et n’aurait donc pas eu toute sa tête le soir du quadruple meurtre.
Le 22 juin 2021, le procès d’Hubert Caouissin et de Lydie Troadec débute, devant les assises de la Loire-Atlantique, à Nantes.
Le 7 juillet 2021, Hubert Caouissin est reconnu coupable du quadruple meurtre de Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte Troadec. Il est condamné à 30 ans de réclusion criminelle. Il échappe à la perpétuité, car la cour a bien retenu une altération de son discernement.
Lydie Troadec, quant à elle, est reconnue coupable de recel de cadavres et de modification de la scène du crime. Elle est condamnée à 3 ans de prison, dont un avec sursis.