De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Huguette exerce ce métier depuis 25 ans, et cette chauffeuse de taxi n’est pas du genre à se laisser faire. « D’habitude, c’est rare que je refuse un client, et quand je vois qu’ils sont irrespectueux, je leur fais comprendre que c’est moi qui fais la loi dans ma voiture », affirme la quinquagénaire. Pendant ces longues années de carrière, cette professionnelle qui exerce dans la région de Tours, a rarement eu des déconvenues. En tant que femme, elle ne s’est jamais sentie particulièrement en danger au volant de son taxi.
Jusqu’à dimanche dernier. Ce matin-là, à 10h45, Huguette accueille un client à la gare de Tours. Il lui demande de prendre la route de Chambord, et de le déposer assez loin, mais elle accepte. « Dans la voiture, il commence à me dire qu’il travaille comme « sentinelle » pour la SNCF, j’ai trouvé ça bizarre car je sais que ça n’existe pas ». Mais la quinquagénaire ne s’inquiète pas. « Il faisait jour, il me vouvoyait, il n’y avait rien d’anormal », poursuit Huguette.
« Tu rigoles ? Tu as vu ma gueule ? »
Au moment de déposer son client, ce dernier lui explique qu’il doit récupérer une carte bleue, avant de revenir. « Il avait laissé son sac, donc ça ne risquait rien », explique la chauffeuse. Une fois de retour, l’homme récupère son sac à l'arrière du véhicule, et s’approche de la portière côté conducteur.
Tout à coup, c’est un déferlement de violence qui s’abat sur Huguette. « J’ai senti qu’il m’avait gazé, heureusement j’avais un masque et des lunettes, donc je n’ai rien senti. Mais ça l’a déconcerté », raconte la quinquagénaire.
Le client ouvre alors la portière, et se déchaîne sur elle. il la frappe, Huguette tombe mais parvient à se relever. « Il ne m’a pas lâchée pour autant, il m’a tiré par le bras et m’a donné deux pains, puis il m’a attaché les mains avec un câble électrique ». Huguette se débat de toutes ses forces. En vain. Elle supplie alors son agresseur : « je lui ai dit, prenez ma voiture si vous voulez, mais laissez-moi. Il m’a répondu : « tu rigoles ? t’as vu ma gueule ? ».
Deux heures de calvaire
L’homme traine la chauffeuse jusqu’au coffre de sa voiture, où il l’enferme. Huguette a les pieds et les mains liées. Alors qu’elle est confinée, son agresseur prend le volant.
« J’étais comme dans un shaker », explique la quinquagénaire. « Il prenait les ralentisseurs à toute vitesse, il faisait n’importe quoi avec ma voiture ». Huguette parvient à défaire les liens qui lui enserrent les pieds, mais ses mains sont encore attachées. « Je n’avais aucune notion du temps, j’étais tellement secouée, j’avais mal partout », poursuit la professionnelle.
A ce moment-là, Huguette sent que sa vie est danger. Mais elle refuse de céder à la panique. « J’ai passé tout ce temps à réfléchir, à trouver un moyen de m’en sortir. Mais il n’y avait rien que je pouvais faire ». La quinquagénaire crie de toutes ses forces. En vain : le coffre de sa voiture est insonorisé.
« J'ai su que j'allais m'en sortir »
Au bout d’un certain temps, la voiture s’arrête dans une station-service, et elle entend son bourreau demander de l’essence à un « collègue » taxi. Ce dernier se rend compte que la voiture de son « confrère » est amochée, et surtout, que ce dernier a du sang sur les chaussures. Il prévient discrètement la police.
Quelques minutes plus tard, depuis son coffre, Huguette entend « à terre ! ». Ce sont les forces de l’ordre. « A ce moment-là, j’ai su que j’allais m’en sortir » confie la professionnelle. « Au final, j’ai passé deux heures enfermées dans ce coffre », explique-t-elle. La libération est un soulagement.
Une « pulsion de viol »
L’homme est immédiatement interpellé et placé en garde à vue. Son profil fait froid dans le dos. Agé de 26 ans, il est SDF et possède un lourd casier judiciaire.
Inquiété à 19 reprises pour des faits de vol et de violences, l’homme était sorti de prison il y a tout juste 6 mois. Il était suivi par une juge d’application des peines dans le cadre d’une peine de sursis. Plus inquiétant encore, il aurait des troubles psychologiques sévères, nécessitant un traitement médicamenteux, qu’il ne prenait plus depuis un certain temps.
En garde à vue, le suspect a expliqué qu’il avait eu, pour la première fois « une pulsion de viol », et « l’envie de donner la mort », en plus d’avoir « besoin d’argent ».
Il a été mis en examen pour enlèvement, séquestration, vol avec arme et violences aggravée et placé en détention provisoire. Il encourt la réclusion criminelle a perpétuité.
De lourdes séquelles physiques pour Huguette
En attendant un procès, Huguette, elle, tente de reprendre ses esprits. Mais elle refuse de céder à la haine. « C’est un peu compliqué mais il faut avancer, il faut passer la marche avant. C’est un cas isolé, heureusement, tous les clients ne sont pas comme ça, on est en sécurité la plupart du temps, on nous respecte », précise la quinquagénaire.
Elle veut retourner travailler
Elle l’assure, elle n’a pas « peur », et souhaite continuer à exercer son métier. Mais pour l’instant, Huguette doit se remettre de ses blessures.
Les séquelles de son agression sont nombreuses : son arcade sourcilière a été recousue, elle a également des points de suture sous les yeux, les os des pommettes fêlés, le nez cassé, et de nombreux hématomes sur tout le corps.
Une ITT de 45 jours lui a été délivrée. Huguette ne reprendra donc pas le volant de sitôt. Surtout que sa voiture est sous scellés pour les besoins de l’enquête, et nécessitera, ensuite, plusieurs réparations.
Aujourd’hui, Huguette compte se reposer, et profiter de ses proches, avec le sentiment d’avoir échappé au pire. « J’ai besoin de me poser, et d’avancer » conclut cette courageuse professionnelle.