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« Psychopathe ». Aujourd’hui, on entend, et on utilise ce terme à tout bout de champ. Pourtant, ce mot n’est pas anodin. Dernièrement, lors du procès de Nordahl Lelandais pour l’enlèvement, la séquestration et le mettre e la petite Maëlys de Araujo en août 2017 à Pont-de-Beauvoisin, le diagnostic de l’accusé comme « psychopathe » par plusieurs experts a soulevé quelques questions. Nous en avons posé quelques-unes au Dr. Alexandre Baratta, expert psychiatre près la Cour d’Appel de Metz et praticien hospitalier. C’est un habitué des tribunaux, et des prisons, et il a croisé plusieurs psychopathes au cours de sa carrière.
Qu’est-ce qu’un psychopathe ?
Pour le Dr. Baratta, tout d’abord, une distinction s’impose entre deux notions : celle du « sociopathe » et celle du « psychopathe », deux termes que l’on utilise souvent, à tort, comme des synonymes.
« Ceux qui parlent de sociopathes ont tendance à penser q ue c’est la société qui les rend méchant s. Or, pour un psychopathe, le déséquilibre est inné », explique le psychiatre.
Autre différenciation de taille : « La psychopathie n’est pas une maladie mentale, c’est un trouble de la personnalité ». Rien à voir, donc, avec les personnes psychotiques, schizophrènes, bref, avec la « folie mentale » au sens large.
Les psychopathes sont donc « nés ainsi », bien que, selon Alexandre Baratta, les causes du trouble soient « multifactorielles ».
« Il y a notamment une grosse part éducative », poursuit le spécialiste. Des foyers violents ou maltraitants, des parents absents ou en proie à des addictions, par exemple, peuvent alimenter le trouble, qui peut apparaître très tôt, « à partir de 12-13 ans », selon le Dr. Baratta, bien qu’on ne puisse complètement le diagnostiquer qu’à la majorité.
Les traits de caractère des psychopathes
Le diagnostic, justement, répond à des critères très spécifiques. « C’est un trouble qu’on peut mesurer grâce à l’échelle de Hare, dont l’analyse nécessite une véritable formation spécifique » ajoute le psychiatre.
Au quotidien, la psychopathie chez les individus se manifeste par les traits de personnalité suivants, selon lui :
- Ils sont égocentriques
- Ils sont impulsifs. « Ce sont, au final, comme des enfants dans des corps d’adultes, ils peuvent faire de violentes crises car ils sont intolérants à la frustration », signale le médecin. Une frustration qui augmenterait leur propension à passer à l’acte.
- Une froideur de contact et une absence d’empathie. « Ils peuvent voir quelqu’un souffrir, ça ne leur fera ni chaud ni froid », poursuit le Dr. Baratta, qui précise : « contrairement à la personnalité perverse, qui jouit de la souffrance d’autrui, le psychopathe ne ressentira rien, que la personne souffre ou qu’elle soit heureuse ».
- Un narcissisme développé « Ils s’aiment, et ils pensent avoir tous les droits », explique le médecin.
- Ils sont constamment à la recherche de sensations fortes. Drogues stimulantes, alcool, pratiques sexuelles : pour le Dr. Baratta, les psychopathes veulent « tester les limites », y compris, celles de la justice. « Lorsqu’ils sont condamnés par exemple à porter un bracelet électronique, pour eux, c’est de la rigolade, et ils vont tout faire pour contourner ».
Le psychopathe, un danger public ?
Bien que les personnalités psychopathes soient rares (elles concerneraient 2 à 3% de la population mondiale, majoritairement des hommes), on les retrouve particulièrement dans certains milieux.
« C’est un profil assez fréquent en prison », explique notamment le Dr. Baratta. Pour lui, ces individus ne sont pas vraiment adaptés à la vie en société, du fait, entre autres, de leur dangerosité.
« Ils ont tous une propension à la violence physique et sexuelle », poursuit le médecin. Certains se cantonneraient à la petite délinquance, mais tous seraient donc, ultimement, voués à un passage à l’acte.
Comment les gérer ?
De plus, le trouble psychopathique est « assez fixe, et peu susceptible de se modifier avec le temps », selon Alexandre Baratta. Les psychopathes restent donc psychopathes toute leur vie. Que faire d’’eux, alors ?
« Au niveau psy, on peut limiter les facteurs de risque en les sevrant de certains toxiques qui majorent le passage à l’acte, et on peut prescrire un traitement neuroleptique pour diminuer leur impulsivité », affirme le psychiatre. Mais encore faut-il que ces individus acceptent le suivi médical, ce qui est très rare chez ces personnalités « au-dessus de toute loi », qui, la plupart du temps, ne se rendent pas compte qu’ils ont un trouble.
La solution pénale, lorsque ces personnes sont condamnées, n’est pas non plus idéale, pour le Dr. Baratta. « Une fois qu’ils vont sortir de prison, ça sera la même chose, ils n’auront pas changé d’un iota, la prison ne leur servira à rien ».
Nordahl Lelandais, un « psychopathe pervers »
Pour le Dr. Baratta, qui a suivi les débats de la cour et les expertises psychiatriques de Nordahl Lelandais, l’ancien maitre-chien coche, à priori, toutes les cases de la personnalité psychopathe.
Mais, en plus, il semble aussi disposer de traits pervers, c’est-à-dire qu’il est capable de jouir de la souffrance et de l’humiliation des autres.
« Il y a cette escalade, ce besoin d’aller toujours plus loin, et ce profil où on voit qu’il a tué à plusieurs reprises », développe le psychiatre.
Pour lui, s’il n’avait pas été interpellé rapidement dans l’affaire Maëlys, Nordahl Lelandais « ne se serait pas arrêté là » et aurait probablement commis d’autres crimes.
Nordahl Lelandais, s’il est psychopathe, ne changera donc jamais.