De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Le 14 septembre 1991, Jacky Bleunven, un breton de 36 ans, se lance dans l’aventure de sa vie. Il veut parcourir le monde en courant. Son itinéraire de « globe-trotter » est tout calculé : Jacky compte traverser 60 pays et effectuer plus de 50 000 kilomètres, le tout en 3 ans. Il finance son incroyable voyage avec ses économies personnelles.
Ce grand sportif s’est entraîné pendant des mois, entouré de ses amis de l’association « Courir le Monde », qu’il a lui-même fondée.
Il s’élance depuis sa ville natale de Brest, en Bretagne, encouragé par ses proches, qui l’accompagnent sur les premiers kilomètres. Puis, il arrive en Suisse, au Liechtenstein, en Europe de l’Est, en Turquie, en Iran... A chaque étape, le trentenaire ne manque pas de donner de ses nouvelles à ses proches, à qui il envoie de nombreuses cartes postales.
En zone hostile
Le 29 janvier 1992, Jacky débarque aux portes de l'Asie, au Pakistan. Cela fait près de 5 mois qu’il court de pays en pays : il a déjà parcouru 5000 kilomètres à la force de ses mollets. A l’époque, la zone est pourtant hostile, en plein conflit. « Ici, il est interdit de courir en short » écrit alors le breton à ses proches dans un courrier. Deux cartes datées du 13 février arriveront jusqu’en Bretagne. Et puis, plus rien.
Au fil des semaines, les proches du coureur commencent à s’inquiéter sérieusement. « On savait qu’il traversait des zones où la communication était difficile », expliquait son ami Paul à Loopsider en novembre dernier. « Mais au bout d’un mois, on était vraiment inquiets. Ce n’était pas son habitude de laisser autant de temps ». Jacky a disparu, à plus de 6000 kilomètres de chez lui.
L'enquête impossible
Ils alertent l’ambassade du Pakistan. Mais les autorités françaises, comme locales, ne semblent pas très intéressées par cette disparition. Les proches du trentenaire, eux, se démènent de leur côté pour tenter de comprendre ce qu’il est advenu du breton. Pour eux, la thèse d’une fuite est improbable.
« Jacky était un gars vraiment extraordinaire. Intellectuellement, c'était quelqu'un, il avait changé plusieurs fois de métiers, avait monté plusieurs associations, il touchait à beaucoup de choses. Quand il s'intéressait à un problème, il aimait faire le tour de la question. Et puis, c'était un grand sportif. Il pratiquait, rugby, triathlon, ski, boxe, tennis », témoignait son ami d’enfance Jean-Alain Tanne dans les colonnes de l’Humanité, en 1993.
Ils retrouvent sa trace...
Pour ses proches, Jacky avait une telle envie de faire son tour du monde à pied qu’il ne se serait laissé décourager par rien. « Il savait que ça n’était pas une partie de plaisir. Certains pays lui faisaient même un peu peur », confiait ce même ami à l’Humanité.
Devant l’inaction des pouvoirs publics, les proches de Jacky vont alors se rendre sur place, au Pakistan. A force d'interroger les habitants, ils finissent par retrouver sa trace dans la ville de Sibi.
Ils découvrent que le jour de sa disparition, Jacky aurait quitté son hôtel, et aurait ensuite été aperçu en train d’acheter des pâtisseries, peu avant la tombée de la nuit. Et puis, plus rien.
Au fil des mois, l’espoir de retrouver Jacky s’amenuise. Mais sa famille et ses nombreux ne lâchent rien, et organisent même des sittings devant l’ambassade du Pakistan, à Paris.
Les théories
Depuis 30 ans, plusieurs théories circulent sur ce qui aurait pu arriver au français.
Au moment de sa disparition, Jacky se trouvait dans le Baloutchistan, une région du Pakistan à la frontière de l’Afghanistan, particulièrement dangereuse.
Sur place, il aurait pu être arrêté, soit par une tribu locale, soit par les autorités pakistanaises, avant de mourir en détention.
Plus curieux encore, selon les témoignages recueillis au fil de l’enquête, il se pourrait que Jacky ait été pris pour un « espion ».
Accident ? Meurtre ? Enlèvement ?
Des gens, notamment les personnes qui l’hébergeaient, l’auraient vu écrire des courriers dans une langue « codée » (qui était en réalité du breton) à la lumière de sa lampe frontale, et s’en seraient rapidement méfié.
D’autres avancent que Jacky aurait « dérangé » les locaux car il courrait en short, dans une région ou les mœurs l’interdisent.
Mais le breton aurait tout aussi bien pu être abattu « par erreur », victime d’un accident de la route, ou d’une blessure fatale lors de sa course. Aujourd’hui, le mystère reste entier.
« C’est sûr qu’à l’époque, il n’y avait pas les moyens d’aujourd’hui, le suivi GPS.. C’est sûr que ça aurait été plus simple » rapportait Paul, un ami de Jacky, à Loopsider, il y a quelques mois.
S’il était arrivé au bout de son périple, Jacky aurait réalisé à l’époque un record, une première : le tour du monde en course à pied solitaire.
Aujourd’hui, il aurait 65 ans. Ses proches ne désespèrent pas de le voir un jour arriver en trottinant, le sourire aux lèvres.