À 105 ans, Jacques Lewis, l’un des derniers survivants français du Débarquement est mort ©Niviere Davidabacapress
L'un des vétérans de la Seconde Guerre mondiale, qui a joué un rôle essentiel lors du Débarquement en Normandie, est décédé à l'âge de 105 ans.
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Un des derniers Français encore en vie ayant participé au Débarquement en Normandie est décédé à l'âge de 105 ans le 25 juillet 2024, a annoncé l'Élysée, le  mardi 30 juillet. Figure emblématique de la Résistance, il reste dans les mémoires pour son courage et son engagement exceptionnel.

Les débuts de Jacques Lewis

Jacques Lewis est né à Bordeaux en 1919. Jeune homme, il poursuit des études à Sciences Po, se préparant à une carrière prometteuse. Cependant, la Seconde Guerre mondiale bouleverse ses projets. À 20 ans, alors que la France est occupée, il se retrouve contraint de quitter son pays.

Décidé à ne pas accepter l’armistice signé avec le IIIe Reich, il entreprend un voyage audacieux à travers les Pyrénées : "Il a traversé les Pyrénées à pied, muni seulement d’une boussole, arrêté à son arrivée en Espagne (…) il parvint à s’extraire de la prison de Pampelune, monta à bord d’un cargo libérien et entama la traversée de l’Atlantique sous les bombardements allemands", rappelle l’Élysée dans un communiqué.

Son périple le conduit jusqu'à Londres, où il rejoint les Forces françaises libres. Ce début de vie marquant forge le caractère de Jacques Lewis, le préparant à devenir un acteur clé du Débarquement en Normandie.

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Une recrue précieuse

Peu de temps son arrivée à Londres, sa maitrise de l'anglais lui permet d'intégrer les rangs de la deuxième division blindée américaine du général Patton. Connu sous le nom de "l’enfer sur roues", cette unité joue un rôle crucial dans la libération de l'Europe. Ses nombreuses compétences font de lui un atout précieux pour les missions sur le terrain. "Ses qualités d’interprète le prédisposaient aux missions de reconnaissance", rapporte l’Élysée.

Le Débarquement sur Utah Beach

Le 6 juin 1944, le jour du Débarquement , Jacques Lewis débarque sur Utah Beach avec son unité. Ce débarquement est le début de l'une des campagnes les plus décisives de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir posé le pied sur le sol normand, Jacques Lewis découvre la ville de Carentan, dans la Manche. "Les villageois étaient dans la rue, aux fenêtres. Ils étaient heureux de nous voir. On donnait du chocolat aux enfants", se remémore-t-il plus tard pour TF1. La ville, après six jours de combats acharnés entre Américains et Allemands, est finalement libérée.

Une carrière dans l'industrie cosmétique 

Après la Seconde Guerre mondiale, Jacques Lewis poursuit une carrière dans le secteur cosmétique, travaillant notamment dans les laboratoires du Docteur Payot. Il se retire dans cette nouvelle vie professionnelle tout en restant un fervent "passeur de mémoire", partageant son vécu avec les générations suivantes.

Un témoin lors des commémorations

En 2019, il participe aux commémorations du 75ᵉ anniversaire du Débarquement de Normandie aux côtés de Léon Gautier, une autre figure héroïque décédée un an avant lui. En juin 2024, Jacques Lewis se rend sous l'Arc de Triomphe pour accueillir le président américain Joe Biden à l'occasion du 80ᵉ anniversaire du Débarquement.

Hommages et reconnaissance

Emmanuel Macron et son épouse saluent "la figure d’un destin français pétri de courage et d’audace, qui préféra risquer sa vie plutôt que son honneur, et permit à la Nation de retrouver sa liberté", expriment-ils dans un communiqué de l’Élysée.

Une cérémonie en sa mémoire est prévue le 1ᵉʳ août 2024 à la cathédrale Saint-Louis des Invalides à Paris. Jacques Lewis, pensionnaire et doyen de l'Institution nationale des Invalides depuis 2018, restera dans les mémoires comme un héros discret que l'on n'oubliera pas.