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Romy Schneider : une enfant au talent inné
"Je me cogne si fort à ma vie", tels étaient les mots de Romy Schneider qui, 40 ans après sa mort, font écho à un passé douloureux semé d'embûches. Pour comprendre celle qui deviendra l’une des plus grandes icônes allemandes au coeur du cinéma francophone, il faut revenir à ses origines. Fille de la comédienne Magda Schneider et de Wolf Albach-Retty, la jeune Rosemarie Magdalena Albach, dite Romy Schneider, se prédestine dès sa naissance à suivre les pas de sa mère, elle-même vedette du cinéma autrichien des années 1930. "Elle avait livré une prestation très impressionnante dans Libelei (Une histoire d’amour en français) en 1933, c’était une bonne actrice et Romy aspirait également à jouer", nous confiait Emmanuel Bonini, auteur de l’ouvrage La véritable Romy Schneider.
Déjà, lors de son intégration à l’internat de jeunes filles de Goldenstein en 1949, la jeune Romy Schneider se démarque. De par son fort tempérament et ses grandes ambitions, elle fait ses premiers pas en tant que comédienne en participant à des spectacles devant ses jeunes camarades. Elle n’aura qu'à attendre 1954 pour entrer dans la cour des grands avec son premier film Quand refleuriront les lilas blancs de Hans Deppe. "Son audition a été extraordinaire. Son père lui disait "Tu n’es pas belle mais tu captes la lumière comme personne". Elle était très photogénique", expliquait le biographe. Une alchimie naissante entre la caméra et la jeune adolescente de 15 ans qui la suivra jusqu’à son dernier souffle.
Le sacre de Sissi
Deux ans après ses débuts d’actrice, la jeune Allemande incarne sur grand écran - ce que certains considèrent comme le plus grand rôle de sa vie – l’impératrice d’Autriche alias Sissi dans Les Jeunes Années d'une reine. Un personnage qui la poussera sur le devant de la scène… Mais à quel prix ? Si le premier opus fut une mise en bouche réussie pour Romy Schneider, tourner les volets deux et trois fût plus laborieux. "Elle avait envie de donner autre chose très jeune. Sa mère lui avait dit qu’il ne fallait pas s’enfermer dans un rôle, mais il y avait aussi de l’argent à la clé", nous expliquait Emmanuel Bonini.
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Forte de ce succès international, la jeune Romy Schneider aspire à plus grand. Coup de chance ou non, le réalisateur Pierre Gaspard-Huit a pour objectif de tourner un remake du film Libelei qui a sacré Madga Schneider, vingt ans plus tôt. Pour reprendre le rôle de cette dernière, qui de mieux que sa propre fille ? À son arrivée en France, Romy Schneider fait la connaissance de son futur partenaire de scène - et futur amant - Alain Delon. Contre toute attente, le coup de foudre ne fut pas immédiat, bien au contraire. "Ils étaient tellement différents", nous rappelle Emmanuel Bonini. Mais les opposés ne s’attirent-ils pas ? Le 22 mars 1959, Romy Schneider et Alain Delon se fiancent en toute discrétion.
Une comédienne dans l’ombre d’Alain Delon
Désormais fiancée à Alain Delon, Romy Schneider se voit qualifiée de "femme de". Devenue "ringarde", le public ne porte plus autant d'intérêt à la jeune Allemande qui devint l’ombre de son amant. "Sa relation avec Delon a été néfaste. Ce qui est sûr, c'est qu’il lui a ouvert les portes de la France. C’était bien pour elle", expliquait Emmanuel Bonini avant de nuancer : "Mais elle a été cataloguée, c’est très dur. Elle n’avait plus de propositions. Delon était arrivé dans le cinéma par hasard alors qu’elle était une actrice dans l’âme. Elle avait besoin de ça".
Ce sera finalement le réalisateur Luchino Visconti qui lui permettra de renouer avec le succès. En 1961, Romy Schneider et Alain Delon se donnent à nouveau la réplique dans la pièce de théâtre Dommage qu’elle soit une putain. Un exercice nouveau pour la jeune prodige qui n’a pas pour habitude de jouer devant des spectateurs. Si le succès était au rendez-vous, ce ne fut pas sans souffrance pour Romy Schneider. Entre Visconti et Romy - renommée Romina par ce dernier - les tensions et les disputes fusent. "C’était un type qui sentait le potentiel, quelqu’un de singulier. Il était terrible", expliquait Emmanuel Bonini. Malgré cela, lorsque Romy Schneider recevra son premier César, elle le dédiera au réalisateur.
Le renouveau de Romy Schneider
De retour sur le devant de la scène, Romy Schneider part au pays de l’Oncle Sam après avoir joué dans la pièce de théâtre La Mouette d’Anton Tchekhov. Bien que peu connue outre-Atlantique, l’Allemande tourne sous la direction de plusieurs grands réalisateurs américains dont Orson Welles dans Le Procès, Carl Foreman dans Les Vainqueurs, Otto Preminger avec Le Cardinal et Prête-moi ton mari de David Swift. C’est d’ailleurs à cette époque que certaines rumeurs d’infidélité lui parviennent aux oreilles. Son fiancé Alain Delon batifolerait avec une certaine Nathalie. Désabusée, la jeune femme ne prend pas au sérieux cette supposée idylle, elle qui croit dur comme fer à leurs fiançailles.
Imprévisible, le Guépard la quittera quelques semaines plus tard dans une lettre d’adieu de quinze pages. L’année suivante, en 1964, Alain Delon deviendra père d’un garçon prénommé Anthony. Un coup de poignard d’autant plus fort pour l’Allemande qui aurait avorté de leur enfant aux prémices de leur idylle.
Romy Schneider qui disait que "rien n’est plus froid qu’un amour mort" se raccroche à sa carrière d’actrice afin de surmonter son abandon brutal. Elle tournera dans les longs-métrages Quoi de neuf, Pussycat ? de Cliver Donner en 1965 puis dans Dix heures et demie du soir en été de Jules Dassin ainsi que dans Les Fantastiques histoires vraies d’Eddie Chapman. En 1966, elle épouse le metteur en scène Harry Meyen au Cap-Ferrat. Cette même année, Romy Schneider délaissera définitivement son rôle de jeune fille au profit de celui de mère à la suite de la naissance de son fils David.
"La piscine" ou le film de la maturité
Certains diront qu’il s’agit de la plus belle prestation à l’écran entre Alain Delon et Romy Schneider. Le long-métrage La Piscine, de Jacques Deray, reste avant tout les retrouvailles de la maturité entre les deux amants qui ont chacun évolué différemment. Il faut dire qu'Alain Delon "avait fait si mal à l’actrice qu’elle savait qu’il n’y aurait pas d’avenir avec lui", rapporte Emmanuel Bonini.
Des retrouvailles qui ont été possibles grâce à l’acteur qui a insisté pour que son ex-fiancée obtienne le rôle-titre après avoir essuyé le refus de Brigitte Bardot. En effet, malgré son obstination, Alain Delon était reparti bredouille de son siège à la Madrague.
"Toutes les conditions étaient réunies pour en faire un film mythique. Elle a eu à se battre pour changer, pour s’émanciper. Elle s’est battue pour qu’on la regarde comme une comédienne et non comme une star", nous explique le biographe. Règne dès lors sur le plateau de tournage un parfum étrange contrastant avec ce tableau idyllique, d’autant plus lorsque leurs enfants respectifs - Anthony Delon et David Meyen - s’amusent ensemble au bord de la piscine entre deux prises de vues.
Une actrice aux rapports de forces complexes
"J'ai mon apogée derrière moi, je ne le dis pas ironiquement, parce que je crois réellement qu'une actrice est à son apogée à vingt-cinq ans", affirmait la comédienne Romy Schneider, l’année de ses 35 ans. Et pourtant, la comédienne est loin de se douter des nombreux films à succès qui imposeront définitivement son succès en France. Son passeport d’entrée dans le cinéma populaire arrive en 1972 avec le film César et Rosalie. Comme tous les réalisateurs avant lui qui ont eu l’opportunité de tourner avec Romy Schneider, Claude Sautet (avec qui la comédienne avait déjà tourné dans Les Choses de la vie en 1969) a dû faire face aux coups de sang et à l’impulsivité de la comédienne.
Il faut dire que la star était d’autant plus meilleure lorsqu’elle était poussée dans ses retranchements. "Elle disait qu’elle voulait d’un homme qu’il lui fasse violence. Elle avait besoin de ses rapports. Elle était nerveuse et en demande permanente d’affection. Avec le réalisateur Claude Chabrol, cela a été l’enfer. Il lui donnait ses directives puis il allait jouer aux cartes et elle devenait folle car il ne la regardait pas jouer", explique Emmanuel Bonini.
Déjà lors de sa collaboration avec Henri-Georges Clouzot dans L’enfer, en 1964, Romy Schneider fait face à un réalisateur aux méthodes pugnaces. "Elle a découvert autre chose. Avec lui, soit on progressait soit on se brisait". Même son de cloche en 1975, lorsque la comédienne tourne sous la direction du réalisateur Andrzej Żuławski pour L’important c’est d’aimer. "Alain Delon disait qu’elle était déjà trop "cassée" à cette époque de sa vie et qu’il aurait fallu ne pas lui faire jouer dans ce genre de film", explique le biographe et d’ajouter : "Mais c’est elle qui était en demande. Elle avait besoin de ça".
L’acteur Jean-Louis Trintignant dira à son sujet : "Romy était malheureuse alors que le métier marchait formidablement bien. Quand elle l'a tourné, elle était déjà en train de mourir. Les drames de sa vie rejaillissaient à l'écran", rapporte le biographe dans son ouvrage, La véritable Romy Schneider. Un film éprouvant dont elle ressortira grande gagnante en remportant le César de la meilleure actrice en 1976. Des rôles forts, épuisants qui l’ont souvent poussée au bord du précipice, l’actrice en a connu beaucoup. Elle n’aura pas à attendre longtemps avant de tomber définitivement dans une sphère infernale dont il est presque impossible de surmonter…
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