
Son temps de parole à la télévision dépasse légèrement celui de ses prédécesseurs, mais cette visibilité accrue s'explique aussi par l'évolution des médias et la transformation de la consommation de...
“Qu'on brûle cette maison salie par le vice !”. Un peu à l’écart du centre-ville de Mazan, entre deux rangées de cyprès, cette demeure a tout d’un petit cocon provençal. Pourtant, c’est entre ces murs que Gisèle Pelicot a été droguée et violée pendant plus de 10 ans par son mari Dominique et plus de 80 hommes recrutés par ce dernier sur le site “coco.gg”.
Quelques jours seulement après la découverte des faits en 2022, Florian, David et Caroline, les enfants de Dominique et Gisèle Pelicot étaient retournés sur les lieux le temps d’un week-end pour “faire tout disparaître” de ce qui les liait “à cet homme”. Deux jours auront été nécessaires pour détruire les traces de ce semblant de famille. “Tout de cet homme devait disparaître. Aujourd'hui, nous n’avons plus aucune photo des albums de famille”, avait expliqué David Pelicot devant la Cour criminelle du Vaucluse le 18 novembre dernier.
Pour les Mazanais aussi, la page est difficile à tourner. L'ouverture du procès de Dominique Pelicot et de 50 hommes identifiés le 2 septembre 2024 et sa couverture médiatique internationale ont mis sous le feu des projecteurs ce charmant village provençal niché au pied du mont Ventoux. “Village de violeurs. C’est comme ça qu’on nous appelle maintenant”, témoignait auprès du Figaro un quinquagénaire habitant le village. “Vous allez voir, bientôt, il va y avoir des cars de touristes qui vont passer devant la maison de l’horreur, comme aux États-Unis”, avait-il ironisé.
Il faut dire que sur les 83 hommes suspectés d’avoir violé Gisèle Pelicot, une trentaine n’ont jamais été identifiés. “Le plus inquiétant dans cette histoire, c’est que les accusés sont des Monsieur-Tout-le-Monde. Trente d’entre eux n’ont pas pu être identifiés. On se dit qu’on les croise peut-être dans la rue, dans les commerces ou au boulodrome”, avait déclaré Louis Bonnet, le maire du village, au média. “Cette affaire a fait une très mauvaise publicité au village. Depuis le XVIIIe siècle, il ne s’était rien passé ici”, a-t-il poursuivi.
Tous s’insurgent de la réputation cauchemardesque dont est victime le village depuis la révélation des agissements de Dominique Pelicot. “Qu’on brûle cette maison salie par le vice !”, s’exclame Laurine, 32 ans, habitante du village encore sous le choc après avoir découvert que deux hommes de son entourage figuraient parmi les accusés.
Dans ce village d’un peu plus de 6 200 habitants où tout le monde se connaît, l’ombre de la bâtisse plane désormais dans toutes les mémoires. “C’est là que j’emmenais ma fille chez sa nounou, juste à côté… J’en ai encore des frissons”, confie Mathilde, 35 ans. “On n’en parle pas, mais tout le monde y pense. Cette maison, on la voit chaque jour. Elle est là, plantée dans le décor comme une balafre”.
Pour un habitué du marché, “ce n’est pas la Provence des cartes postales, mais c’est la Provence tout de même”, soupire l’homme, avant d’ajouter “et maintenant, c’est tout ce que les gens retiennent de Mazan”.