De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
A l’approche des notes données par les agences de notation Moody’s et Fitch sur la dette souveraine française, ce vendredi 26 avril, de nombreux scénarios sont envisagés pour réduire la dette publique. Annoncée par l’Institut national de la statistique (l’Insee), le déficit de l’Etat s’élève à 154 milliards d’euros, soit 5,5% du PIB en 2023, loin des 4,9% sur lesquels avait tablé le gouvernement.
20 milliards d’euros d'économie en 2024
Face à cette hausse du 0,6% de la dette, le gouvernement cherche des solutions pour reprendre de la croissance. En février, l’Etat avait revu à la baisse la croissance attendue en 2024 en passant de 1,4% à 1%. Afin de pouvoir respecter la trajectoire prévisionnelle sur 2024, avec un déficit prévisionnel à 5,1%, le gouvernement doit désormais trouver 10 milliards d’euros, en plus des 10 milliards déjà gelés en février dernier. Au total, l’Etat va devoir économiser 20 milliards d’euros pour rester dans l’objectif fixé.
Dans les colonnes du Monde, un collectif de cinq économistes propose de mettre "à contribution" les retraités pour atteindre le déficit prévisionnel fixé pour 2024.
“Nous proposons de mettre davantage à contribution les retraités, pour des raisons d’efficacité économique et de justice sociale. Rappelons que les retraités actuels ont été les principaux bénéficiaires de la dette publique contractée au cours des cinquante dernières années, et du récent "quoi qu’il en coûte" destiné à préserver leur santé”, précisent les économistes.
Les retraités amenés à contribuer davantage
Dans les colonnes de Capital, Arnaud Chéron et Anthony Terriau, professeurs des universités au Mans et signataires de la tribune détaillent leur idée. Pour réduire le déficit, les cinq économistes proposent “une désindexation des pensions de retraite et la suppression de l’abattement de 10% sur leur imposition”.
Pour arriver à cette conclusion, les économistes se sont intéressés aux principaux bénéficiaires de la dette publique, qui s’élève à 3 000 milliards d’euros, soit 110% du PIB.
“Comme l’Etat a vécu à crédit pendant les 50 dernières années, les personnes qui en ont le plus profité sont les seniors, via le système fiscal et les prestations sociales qui ont dépassé largement le montant des contributions qu’ils ont versées”, indique Anthony Terriau.
D’après les chiffres, le versement des retraites représente 350 milliards d’euros par an.
Pour ne pas risquer de freiner l’activité économique en taxant les personnes sur le marché du travail et les entreprises, les économistes préconisent de faire participer ceux qui sont déjà sortis du marché du travail.
Quelles sont les mesures envisagées ?
La participation des retraités se ferait sous condition. “Pour les 20% des retraités les plus aisés, qui gagnent plus de 4 000 euros par mois, on pourrait ne pas indexer les pensions sur l’inflation. Pour un autre tiers, dont les revenus sont compris entre 2 000 et 4 000 euros, il faudrait envisager une sous-indexation”, précise Arnaud Chéron.
Grâce à ce nouveau système, le gouvernement pourrait se rapprocher de l’objectif fixé à 5,1% du déficit l’année prochaine. “En ciblant certaines sous-catégories et en étalant cette désindexation sur plusieurs années, on peut arriver à des résultats comparables à une désindexation complète”, détaille Anthony Terriau.
“Par exemple, sur trois ans, avec un taux d’inflation autour de 2%, si on gelait la pension des plus aisés et revalorisait seulement de 1% celles des retraités dont les revenus sont compris entre 2 000 et 4 000 euros, on pourrait atteindre 10 milliards d’économie par an”, conclut-il.
La retraite n’est pas le seul poste de dépense visé par l'exécutif. Les dépenses publiques liées aux prestations familiales, au RSA et à l'assurance chômage sont également scrutés par l’Etat.