Législatives : quel serait le scénario sans majorité absolue à l'Assemblée ?AFP
En annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin 2024, le président Emmanuel Macron a plongé la France dans l'incertitude. La répartition des sièges pourrait mener à une cohabitation ou à un blocage. Décryptage.
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Le 9 juin 2024, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette décision a été prise quelques heures après l'annonce des résultats des élections européennes, qui ont placé la nouvelle figure de proue du Rassemblement national, Jordan Bardella, largement en tête dans plus de 90 départements de France. Les sondages le donnent en tête au premier tour, mais l'incertitude planne toujours pour le second. Plusieurs scénarios sont envisageables

Majorité absolue pour le Rassemblement national

Jordan Bardella a posé des conditions strictes à son entrée à Matignon. "Si demain, je suis en capacité d'être nommé à Matignon et que je n'ai pas de majorité absolue, eh bien, je refuserais d'être nommé", a-t-il déclaré mardi 18 juin sur France 2.

En cas de victoire franche du RN, cela aboutirait donc à une cohabitation ou mais sans doute pas à une démission du président de la République, qui a écarté cette idée.  Avec une majorité absolue, le RN serait en mesure de mettre en œuvre son programme sans avoir besoin de former des alliances avec d'autres partis. Cela rendrait lui permettrait d'avancer rapidement sur leurs réformes et initiatives politiques. A condition que ces réformes ne soient pas retoquées par le Conseil constitutionnel. En outre, une partie des mesures proposées par le RN, notamment en matière d'immigration, impose de changer la Constitution, ce qui nécessiterait l'aval de l'Elysée et du Sénat.  

Les mesures du Rassemblement national

Une majorité absolue pour le RN représenterait un changement majeur dans le paysage politique français, marquant une nouvelle direction pour le pays. Le président du Rassemblement national a dévoilé dans les colonnes du  Parisien son plan pour gouverner la France

Sa première mesure en tant que Premier ministre serait de réduire la TVA à 5,5 %sur les énergies et le carburant. Il envisagerait d'inscrire cette procédure dans le cadre d’un projet de loi de finances rectificatif (PLFR) qui nécessiterait l’aval d’Emmanuel Macron et l’organisation d’une session parlementaire extraordinaire pendant les JO de Paris 2024. 

La deuxième mesure d’urgence pour l’eurodéputé s’il arrivait à Matignon serait de lancer des négociations avec la Commission européenne pour déroger aux règles de tarification de l’électricité. Cela permettrait de "baisser les factures de 30 %", affirme-t-il à nos confrères.

La dernière mesure d’urgence que le RN voudrait mettre en place, serait d'exonérer l'impôt sur le revenu de tous les médecins en cumul emploi-retraite.

Majorité absolue pour le Nouveau Front Populaire 

Si le Nouveau Front Populaire (NFP) obtient la majorité, ses membres pourront "répondre aux urgences qui affectent la vie et la confiance du peuple français", ont-ils déclaré lors d'une conférence de presse du mouvement, le vendredi 14 juin. Voici certaines des mesures qui seront étudiées par les parlmentaires si le regroupement de gauche l'emporte :

  • Hausse du Smic à 1600 euros net
  • Hausse du minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté
  • Hausse des indemnités des stagiaires
  • Hausse des salaires des apprentis et des alternants
  • Indexation des salaires sur l'inflation
  • Hausse de l'AAH au niveau du Smic
  • Hausse des APL de 10 %
  • Blocage des prix pour les biens de première nécessité : alimentation, énergie, carburant, souhaité"par décret" dans les 15 premiers jours

Majorité relative pour tous les partis

Si aucun parti n'obtient la majorité absolue, la situation politique se compliquera. Une majorité relative signifie que le gouvernement devra naviguer sans un soutien parlementaire solide, ce qui pourrait entraîner une instabilité politique marquée par des alliances temporaires et des compromis fragiles. 

Avec les trois blocs politiques RN, NFP et la majorité présidentielle potentiellement inconciliables, le risque d'un blocage institutionnel est réel, avec aucun Premier ministre capable de rassembler une majorité parlementaire claire. Dans ce contexte, le risque de blocage législatif est élevé, rendant difficile l'adoption des projets de loi. A moins que la France ne se calque sur le modèle des démocraties du Nord de l'Europe qui fonctionnent souvent sur le compromis.