Une nonagénaire tuée par un chien : comment les faits ont été maquillésIstock
Une nonagénaire a été tuée mardi 28 mai après avoir été attaquée par un dogue argentin dans un cimetière du Gard. Une jeune stagiaire d'un élevage voisin promenait le chien avant de perdre le contrôle de l'animal. Des faits qui ont d'abord été maquillés.
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Une histoire macabre. Une femme de 93 ans a été mortellement mordue par un chien dans le Gard, le mardi 28 mai. Annette Guibal, ancienne maire de Canaules-et-Argentières, était allée dans le cimetière de ce petit village de moins de 500 habitants, en fin d’après-midi pour fleurir la tombe d’un proche. 

Que s’est-il passé le jour du drame ? 

La nonagénaire s’est fait attaquer lors “d’une agression d’une extrême brutalité” par un dogue argentin. Blessée à la carotide, cette dernière a chuté à terre avant de se vider de son sang. Annette Guibal n’a pas survécu à ses blessures, malgré l’intervention des secours qui ont tenté de la réanimer pendant près de trois quarts d’heure. 

Ce dogue argentin était avec deux autres chiens dont un berger australien et un Staffordshire bull terrier (staffie) sous la surveillance d’une jeune fille de 18 ans, stagiaire dans un élevage de chien situé à quelques centaines de mètres. Après avoir perdu le contrôle du chien, la stagiaire a immédiatement prévenu les secours, puis la gérante de l’élevage, une mère de famille de 42 ans.

"Une enquête pour homicide involontaire par agression d'un chien a été ouverte", a indiqué à France Bleu Gard Lozère Abdelkrim Grini, procureur de la République d'Alès.

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Pourquoi le chien a-t-il attaqué ? 

Tandis que les circonstances du drame restent encore à éclaircir, le chien a été retrouvé et placé dans un centre afin de mener des analyses comportementales. L'enquête devra déterminer si le chien avait le droit de se promener, s’il avait été tenu en laisse ou non et pourquoi il a attaqué la vieille dame.

Une version maquillée des faits 

La jeune femme qui a donné l’alerte a d’abord indiqué qu’il s’agissait d’un chien errant. Une version qu’elle a ensuite démenti, accussant la gérante de l’élevage de l’avoir mise “sous pression’. Cette dernière lui aurait alors demandé de mentir à la gendarmerie en indiquant que cette pauvre femme avait été attaquée par un chien errant. La mère de famille a ensuite envoyé ses propres enfants, âgés de 19 ans, pour maquiller la scène de crime en faisant disparaître le chien. 

La stagiaire affirme dorénavant avoir été victime d’intimidation de la part de la gérante, elle avoue “qu'il s'agissait d'un stratagème mis en place par la gérante pour évacuer son éventuelle responsabilité dans ces faits", a précisé le procureur d'Alès Abdelkrim Grini à l'AFP, mercredi soir.

Quatre personnes face à la justice

Dès mardi, la stagiaire, la gérante et ses deux enfants ont été placés en garde à vue jusqu’au lendemain. Les deux garçons sont accusés de "modification d'une scène de crime ou de délit" après avoir tenté de faire disparaître le chien du village. 

Les quatre accusés ont ensuite été déférés par la justice. La gérante de l’élevage canin a été mise en examen pour homicide involontaire et modification d’une scène de crime. Elle a été placée en détention provisoire.

De son côté, la stagiaire a été mise en examen pour homicide involontaire mais laissée libre, indique le parquet. Les deux fils de la gérante ont été mis en examen pour modification d'une scène de délit, et laissés libres sous contrôle judiciaire également

Pour le moment, les deux femmes risquent jusqu'à 5 ans de prison. Déjà connue de la justice, la gérante devrait être jugée en septembre par le tribunal correctionnel dans une autre affaire liée à des "violences", selon le procureur.