Brune, blonde, forte personnalité ou fragile : une victime n’est jamais choisie au hasard
Consciemment ou non, les tueurs en série ciblent des victimes qui vont alimenter certains de leurs fantasmes. Un choix qui s'avère souvent révélateur de la psychologie du tueur.
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« Je ne crois pas au hasard, je crois à l'accident et à la logique des conséquences », disait le romancier Victor Cherbuliez. Et ce ne sont pas les psychocriminologues qui vont dire le contraire. Loin des clichés hollywoodiens, ces spécialistes des comportements criminels sont, en quelque sorte, à mi-chemin entre les profiler et les psychologues. Leur mission : établir un profil du tueur en se servant de données déjà existantes mais, à la différences de leurs homologues américains, ils vont également se focaliser sur les motivations criminelles pour remonter jusqu'à un individu.

« 90 % des gens qui passent à l’acte le font sur un conjoint, un ami, quelqu’un qu’ils connaissent »

Un travail méthodique qui leur permet d’affirmer qu’un criminel ne choisit généralement pas ses victimes au hasard. Psychocriminologue et co-autrice avec Florent Gatherias du livre Psychologues du crime (Fayard), Emma Oliveira explique que « 90 % des gens qui passent à l’acte le font sur un conjoint, un ami, quelqu’un qu’ils connaissent ». En clair, la grande majorité des crimes de sang comporte un vecteur affectif important. Dès lors, le choix de la victime n’est pas anodin puisqu’il existe un lien relationnel. 

En revanche, les tueurs en série, eux, n’ont généralement pas de lien clairement établi avec leurs victimes. « Contrairement à ce que l’on peut voir dans les films, les tueurs en série n’observent pas une victime pendant des mois avant de passer à l’acte. En général, ils restent dans le schéma de ce que l’on appelle un ‘crime d’opportunité’, c’est-à-dire un crime dont l'opportunité s'est révélée avec les circonstance ». Pour autant, les tueurs en série choisissent presque toujours une victime qui vient alimenter leurs fantasmes…

« Le fantasme est souvent d’ordre sexuel ou haineux »

Si les tueurs en série cèdent généralement au « crime d’opportunité », il n’en reste pas moins que ce crime traduit généralement un fantasme. « Le fantasme est souvent d’ordre sexuel ou haineux. Par exemple, lorsqu’un certain type de femmes est visé ou lorsqu’un tueur hait les femmes, développe Emma Oliveira. Les tueurs en série peuvent également rechercher la victime facile, donc la victime à haut risque. Par exemple, des prostitués, des jeunes filles vivant en foyer ou une joggeuse courant en forêt. Dans ce dernier cas, c’est le contexte qui est favorable au passage à l’acte, et non la victime en elle-même. » Si le choix d’une victime ne résulte pas du hasard, qu’en est-il de la manière dont elle est tuée ? 

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Un couteau ou un revolver : le choix de l’arme n’est pas anodin 

La manière dont l’auteur d’un crime a exécuté sa victime va donner plusieurs indices aux enquêteurs. « Cela va nous donner un aperçu de la relation fantasmatique, c’est-à-dire sur ce que le tueur essaie de résoudre via son crime, explique Emma Oliveira. Par exemple, lors d’un crime haineux, les attaques vont être relativement brutales, le corps de la victime sera mis à mal car l’idée est de détruire quelque chose qui insupporte l’auteur ». Autre indication utile aux enquêteurs : le choix de l’arme. « Les mains ou les couteaux sont plutôt des armes de proximité tandis qu’une mise à mort par arme à feu va traduire une mise à distance », analyse la spécialiste. Un choix qui s’exprimera différemment en fonction des pathologies dont souffrent les tueurs en série.

« Les victimes de psychopathes ne sont qu’un objet leur permettant de réaliser leur fantasme »

En effet, un psychopathe qui passe à l’acte n’aura pas les mêmes intentions qu’un pervers. De fait, l’arme et la méthode vont différer. « Pour un psychopathe, sa victime n’est qu’un objet lui permettant de réaliser son fantasme. Généralement, la mise à mort est donc assez rapide, car sa victime ne l’intéresse pas, détaille Emma Oliveira. A contrario, les pervers sont dans un lien très empathique avec leur victime, ils ont besoin d’elle pour jouir psychiquement. Ils vont donc la maintenir en vie et la torturer pour obtenir un sentiment de puissance. » Ainsi, si Guy George, le tueur de l’Est parisien, se contentait d’étrangler ses victimes, Dennis Rader, un tueur en série américain, qui se surnommait lui-même BTK pour Bind, Torture, Kill (en français, Ligoter, Torturer, Tuer), prenait un malin plaisir à les torturer avant de passer à l’acte.

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