Avant Rayan, l’histoire d’Omayra, l’autre enfant morte sous les yeux du mondeAFP
La semaine dernière, le sort de Rayan, ce petit garçon marocain coincé dans un puits pendant plusieurs jours et malheureusement décédé avant d'avoir pu être secouru, a bouleversé le monde entier. Il y a plusieurs années, un autre enfant a connu un sort semblable, et provoqué un émoi tout aussi fort. Il s'agit d'une petite fille colombienne : Omayra, 13 ans. Voici son histoire.

Dans la nuit du 13 au 14 novembre 1985, le volcan colombien Nevado del Ruiz entre en éruption, après plus de 140 d’inactivité.

La neige et la glace qui recouvrent le sommet du volcan, situé à plus de 5300 mètres d’altitude, fondent alors à une vitesse effrayante, pour venir se déverser, sous la forme de vagues de boue et de cendre (dont certaines font jusqu’à 20 mètres de haut), dans les vallées.

Dans la ville environnante d’Armero-Guayabal, c’est l’apocalypse. Les maisons sont détruites, et les habitants sont emportés par les nuées ardentes, ou ensevelis sous les débris.

Elle voulait sauver sa grand-mère

Omayra, 13 ans, avait des rêves plein la tête. La fillette voulait devenir architecte. Mais l’éruption du volcan va faire basculer le destin de la petite colombienne.

La nuit où l’éruption se déclare, Omayra et sa famille sont brusquement réveillés par l'arrivée d'une coulée de cendre, qui commence à tout inonder. Ils tentent alors de quitter précipitamment le village. Mais en chemin, la grand-mère d’Omayra fait une chute dans la cavité d’un aqueduc. En essayant de la sauver, Omayra est alors emportée par la coulée. Elle finit par se retrouver coincée, les jambes prises dans un enchevêtrement de poutrelles, de briques, et de débris, dont elle ne parvient pas à se libérer.

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Pour les secouristes, qui sont appelés en renfort, il n’y a qu’une seule solution : il faut amputer la jeune fille. Mais sur place, impossible de trouver le matériel chirurgical nécessaire pour pratiquer une telle opération en toute sécurité.

Abandonnée

Alors, la petite Omayra va rester là. Pendant plus de soixante heures. Elle est ensevelie d’eau brune jusqu’au cou, et terrifiée. Elle passe son temps à pleurer, prier, ou à discuter avec secouristes et journalistes. Elle lance même un appel poignant à sa mère, face caméra, pour que celle-ci vienne la retrouver. Mais il n’en sera rien.

Au bout de trois jours, son état se dégrade sévèrement. Omayra semble être victime d’hallucinations, et répète par exemple qu’elle va être en retard à l’école. Puis, la fillette décède, de la gangrène ou d’un choc hypothermique.

Le drame aurait pu être évité

Quatre heures plus tard, une ville voisine reçoit dix-huit motopompes, destinées à aspirer l’eau et la boue, qui auraient pu largement sauver la jeune adolescente si elles avaient été acheminées correctement. Les secours, et, au-delà, le gouvernement colombien, seront vivement critiqués pour leur passivité dans le drame.

Le sort d'Omayra va émouvoir le monde entier, notamment grâce à cette photo prise par le reporter Frank Fournier. Dépêché par son agence de presse à Amero pendant l’éruption, il rencontre Omayra au troisième jour de son calvaire, alors que la jeune ado se retrouve seule, abandonné par les secours. Il décide de la prendre en photos, avec son accord. Son cliché, intitulé « l’agonie d’Omayra », fait le tour du globe.

En tout, la catastrophe du Nevado del Ruiz a causé la mort de 23 000 personnes, dont 8000 enfants, et a transformé de nombreux colombiens en sans-abris en détruisant plus de 14 villages.

Selon l'observatoire volcanologique de Colombie, le volcan est encore en activité. Et reste une constante menace pour les 500 000 personnes qui vivent encore dans ses vallées.