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Jordan Bardella déjà prêt à prendre la place de Marine Le Pen : qu’est-ce que cela change dans la stratégie électorale du parti ?UPI/ABACAabacapress
Jordan Bardella, président du RN depuis novembre 2022, a affirmé au Parisien sa disponibilité à représenter le parti à l'Élysée si Marine Le Pen est condamnée en appel à l'été 2026.

Le Rassemblement National (RN), héritier du Front National, traverse une période charnière. Alors que Marine Le Pen, figure emblématique du parti d'extrême droite, fait face à des turbulences judiciaires, Jordan Bardella, s'affiche comme le successeur naturel. Cette transition de leadership, bien que préparée depuis plusieurs années, soulève des interrogations sur l'avenir stratégique du parti.

Une condamnation qui redéfinit les contours du RN 

Le 31 mars 2025, Marine Le Pen a été condamnée à une peine de prison avec sursis de quatre ans, assortie d'une amende de 100 000 euros, pour détournement de fonds européens. Cette décision judiciaire, bien qu'elle fasse l'objet d'un appel, entraîne une inéligibilité de cinq ans, remettant en question sa candidature à la présidentielle de 2027.

Face à cette situation, Jordan Bardella, président du RN depuis novembre 2022, a affirmé au Parisien sa disponibilité à représenter le parti à l'Élysée si Marine Le Pen est empêchée de se présenter. Il a souligné son soutien indéfectible à sa mentor tout en se préparant à assumer la responsabilité présidentielle si nécessaire.

Une stratégie de succession anticipée ?

Depuis son élection à la tête du RN, Jordan Bardella a mis en place une stratégie visant à asseoir sa légitimité tout en préparant l'après-Le Pen. En janvier 2024, Marine Le Pen a officialisé son "ticket" avec Jordan Bardella, le désignant comme Premier ministre en cas de victoire en 2027. 

Cette démarche visait à rassurer les électeurs sur la continuité du projet politique du RN. Cependant, la récente condamnation de Marine Le Pen a accéléré cette transition. Le natif de Drancy passera-t-il de successeur à remplaçant ? 

Cette hypothèse semble plaire à l'électorat frontiste. Les sondages témoignent d'une popularité croissante de Jordan Bardella au sein du RN. Selon un baromètre politique d'Odoxa-Mascaret, 59% des sympathisants du RN préfèrent le jeune eurodéputé à Marine Le Pen, qui recueille 37% d'opinions favorables.

Cette dynamique s'explique par plusieurs facteurs : son discours plus jeune et énergique, sa capacité à incarner une rupture générationnelle tout en restant fidèle aux fondamentaux du RN, et son image de loyauté envers Marine Le Pen.

Un RN moins radical ?

La montée en puissance de Jordan Bardella pourrait entraîner une évolution de la stratégie électorale du RN. Alors que Marine Le Pen a axé sa campagne sur une ligne dure en matière d'immigration et de souveraineté nationale, Bardella pourrait adopter une approche plus modérée, visant à élargir la base électorale du parti au-delà de son socle traditionnel.

Cette évolution pourrait se traduire par une tonalité moins radicale dans les discours, une ouverture vers des alliances stratégiques avec d'autres formations politiques de droite, et une volonté de rassurer les électeurs hésitants sur la capacité du RN à gouverner.

La situation actuelle du Rassemblement National illustre une transition de leadership anticipée, dictée par des circonstances judiciaires imprévues. Jordan Bardella, en tant que président du RN, se positionne comme le successeur naturel de Marine Le Pen, prêt à incarner l'avenir du parti. Cette évolution pourrait redéfinir les contours de la stratégie électorale du RN, en visant une ouverture et une modération susceptibles d'élargir son audience tout en conservant son ADN politique.

Le paysage politique français, déjà marqué par des incertitudes, pourrait voir en cette transition une recomposition des forces d'extrême droite, avec un RN plus jeune, plus dynamique et potentiellement plus consensuel. Reste à savoir si cette nouvelle orientation sera suffisante pour conquérir l'Élysée en 2027.