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Mort d'Emile : L'étrange école dans laquelle son grand-père a étéIstock
Le passé de l'homme intrigue les enquêteurs.
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On ne sait toujours pas ce qui est arrivé au petit Émile, disparu le 8 juillet 2023 à l’âge de deux ans et demi, alors qu’il était en vacances chez ses grands-parents maternels dans le hameau du Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Toutefois, l’enquête a connu une nouvelle avancée ce mardi 25 mars avec le placement en garde à vue des grands-parents du petit garçon et de deux de leurs enfants. Ces quatre personnes sont entendues pour homicide volontaire et recel de cadavre.

Dans ce dossier, c’est le passé du grand-père de l’enfant qui interroge particulièrement depuis an. En mars 2024, Le Canard enchaîné révélait le statut de témoin assisté du grand-père d'Émile pour des faits de viols, d'agressions sexuelles et de maltraitance dans une autre affaire.

Un lieu d’éducation “à la dure”

Cette dernière concerne la communauté religieuse de la Sainte-Croix de Riaumont, à Liévin, dans le Pas-de-Calais. Dans les années 1900, Philippe V. officie au sein de l’école privée hors contrat de la communauté, baptisée Saint-Jean Bosco. Un établissement destiné à accueillir des jeunes pensionnaires âgés de 8 à 16 ans, encadrés par des religieux et des laïcs.

Autrice d’une enquête sur Riaumont retranscrite dans “Les enfants martyrs de Riaumont : enquête sur un pensionnat intégriste”, un livre paru en 2022, la journaliste Ixchel Delaporte explique que “c’était un lieu officiellement créé pour éduquer les enfants à la dure. C’était à la mode.”

Interrogée par France 3, la journaliste poursuit : “On parle d’un établissement très strict, rigoriste, militariste ; connu pour mater les gamins récalcitrants. Dans les années 90, beaucoup de familles catholiques traditionalistes envoient leurs enfants à Saint-Jean Bosco. Il s’agit de parents qui n’arrivent pas à gérer leurs enfants “récalcitrants”. Ils les envoient là-bas à la fois pour les redresser et pour leur donner une bonne éducation. Riaumont c’est ça : une école pour faire des bons petits soldats du Christ.”

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Le souvenir d’un homme violent

Quel souvenir a laissé le grand-père d’É mile dans cet établissement ? Ixchel Delaporte a récolté de nombreux témoignages attestants de la violence dont à fait preuve Philippe V., alors âgé de 26 ans au moment où il a intégré l'établissement en tant que chef scout, se faisant appeler "frère Philippe".

La journaliste explique avoir eu des "témoignages d'anciens, qui racontent avoir été frappés par ce monsieur." "On ne parle pas de petites tapes, mais de coups de Rangers, de fessées, avec des traces de doigts qui restent pendant deux mois, de tirages d’oreilles inouïs devant les parents des pensionnaires."

Des accusations balayées par l'intéressé. Dans les colonnes du magazine Famille Chrétienne, en septembre 2024, le grand-père expliquait : "Je passe pour un dominateur qui terrorise tout le monde, témoignait-il. […] Tout cela est faux, mais je m’en moque. La presse nous fait du mal, mais les gens autour de nous sont vraiment extraordinaires ! La preuve que Dieu existe, c’est la bonté qui nous est témoignée chaque jour".

En 2013, la justice s’est penchée sur les pratiques de l’établissement. En 2014, trois informations judiciaires pour viols, agressions sexuelles et maltraitance ont été ouvertes par le parquet de Béthune, concernant les soupçons de pratiques illégales au sein de l’établissement. Dans cette affaire, 11 personnes ont été mises en examen. Le grand-père du petit Émile n'en fait pas partie. L’établissement a été fermé en 2019.