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Opération Renaissance : quel est le concept ?
Trois ans de tournage, un an de montage et un programme qui fait déjà parler de lui. Ce lundi 11 janvier, M6 diffuse sa nouvelle émission Opération Renaissance animée et produit par Karine Le Marchand. Une docu-réalité qui s’appuie sur le concept suivant : suivre le parcours d’individus atteints d’obésité morbide ayant choisi de maigrir en sollicitant une opération de l’estomac.
À travers ce thème de société, c’est aussi l’occasion d’évoquer ce sujet de santé à une heure de grande écoute à la télévision. Impliquée sur cette thématique, Karine Le Marchand a longtemps discuté sur cette idée de programme pour la chaîne privée. "Depuis plusieurs années, je demandais à M6 de faire une émission sur l'obésité. Il n'y avait rien là-dessus à la télévision, à part quelques documentaires de temps en temps. Selon moi, cette thématique ne peut pas être abordée de manière rapide", a-t-elle expliqué dans un entretien accordé à Pure Médias.
C’est après avoir vu l’émission de téléréalité américaine The Biggest Loser que l’animatrice de 52 ans a sauté le pas auprès des dirigeants pour préparer sa propre version, la méthode controversée en moins. "À l'époque, nous avions réfléchi avec Nicolas de Tavernost et Thomas Valentin à racheter le format. Nous en avions discuté avec Shine, qui en avait les droits, avant de renoncer. Affamer quelqu'un, le faire souffrir et le mettre en compétition pour qu'il perde massivement du poids étaient selon nous trop humiliants. Il fallait un autre format", avouait-elle à nos confrères.
Plus loin, Karine Le Marchand précise ses motivations pour produire son émission. "On a regardé les statistiques de 'The Biggest Loser'. Ça a été le déclencheur. Une étude a montré qu'après 10 ans, 95% des personnes qui avaient été suivies avaient repris tout leur poids, voire en avaient pris plus. […] Nous ne voulions surtout pas faire la même chose", justifie-t-elle en ajoutant. "Et puis, un an, ce n'est pas assez long. En un an, nos témoins ont perdu du poids mécaniquement. Les problèmes sont arrivés généralement après, quand ils se sont retrouvés face à leurs peurs et leurs angoisses. Le travail le plus important était à faire là !"
Opération Renaissance : quel est le profil des témoins ?
Pour aider les témoins dans cette démarche, Karine Le Marchand s’est également entourée de dix experts qui ont accompagné les candidats durant ces trois ans. Parmi eux, il y a des médecins, des nutritionnistes et des psychiatres, qui ont suivi la transformation de ces volontaires, étape par étape, dans leurs bons et mauvais moments.
Encore faut-il réussir à convaincre bon nombre d’individus d’accepter être suivi pendant plusieurs années vers une opération aussi risquée. Pour savoir comment ces derniers ont été choisis, éléments de réponse avec Karine Le Marchand dans les pages de Télé 7 Jours. "Nous souhaitions avoir des gens variés, de régions différentes et, surtout, affichant divers types de pathologies. Au final, avec les dix patients, nous avons pu créer un faisceau d’informations, pour que cela parle à tout le monde et que l’on comprenne bien les raisons qui mènent à l’obésité".
Auprès de nos confrères de Pure Médias, l’animatrice star de M6 développait son propos. "Je voulais que mes dix cas soient représentatifs de tout ce qu'on peut trouver sur les sources d'obésité et les maladies associées, qu'il s'agisse d'hypertension, de problèmes cardiaques, de problèmes d'essoufflement, de problèmes articulaires, de problèmes hormonaux, de problèmes de diabète ou de problèmes d'apnée du sommeil. C'était important à la fois d'avoir des pathologies différentes et des histoires de vie différentes".
Opération Renaissance : pourquoi l'émission divise ?
Si l’émission Opération Renaissance se veut bienveillante et du côté de ces témoins "déjà engagés dans ce processus" avant le tournage, précise l’amie de Stéphane Plaza et Cristina Cordula, elle a déjà essuyé plusieurs critiques avant sa diffusion ce lundi soir.
À l’image du collectif Gras Politique, luttant radicalement contre les oppressions grossophobes systémiques, qui a publié une tribune à charge contre l’émission sur le site de Mediapart. Signée par plus de 170 associations, soignants et anonymes, elle condamne la dangerosité d’une émission "dégradante et mensongère" auprès des personnes obèses et en surpoids. Déjà en 2017, l’association avait déjà alerté sur le lancement du programme et diffusé une pétition contre la réalisation du projet.
Par ailleurs, Gras Politique aurait souligné que l’émission comporte également des "conflits d'intérêts éthiques et financiers manifestes" entre Karine Le Marchand, marraine de l'Institut français du Bodylift, et sa fondatrice, une chirurgienne qui serait également une des expertes du programme de M6. "Je n'ai strictement rien à me reprocher, il n'y a pas de conflit d'intérêt", a rétorqué auprès de l’AFP l’animatrice de M6, également attaquée pour avoir paru un livre dictant une méthode facilitant la perte de poids, tirant profit de l’émission.
Face au tollé, le collectif Gras Politique a fait émerger le mot-clé #PasMaRenaissance en réaction au programme controversé sur les réseaux sociaux. Un hashtag partagé par des milliers d’internautes, vent debout contre l'émission. Dans un entretien accordé à Loopsider, Crystal, une des représentantes de l’association, a réagi après avoir vu les premières images de l’émission. "Ces personnes sont déshumanisées, elles ne sont plus que de la chair, du gras et des os", blâme-t-elle face caméra.