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Nous sommes en 2006 et Clément*, tout juste 18 ans, vient de réussir son bac S avec mention. "Ce n'était pas vraiment une surprise, confie sa mère. Il avait toujours était excellent à l'école, et il n'avait jamais causé le moindre problème." Ce bac, cette mention, c'est le début d'une nouvelle aventure pour Clément, qui se lance dans des études de médecine. "Il a toujours dit qu'il serait médecin, se rappelle Christine*. Il avait les résultats pour, et donc naturellement, nous l'avons encouragé et accompagné autant que possible." La famille vit en banlieue parisienne, et Clément a deux petites sœurs. Pour faciliter ses révisions et limiter les allers-retours, ses parents lui proposent donc d'habiter le studio du centre de Paris dans lequel ils ont investi plusieurs années auparavant. "Nous le louions généralement à des étudiants, et à ce moment-là il venait d'être libéré, c'était l'occasion. Le deal était simple : le temps de ses études, il y habitait gratuitement. Plus tard s'il devenait interne et gagnait sa vie, il nous verserait un petit loyer." En plus du studio proche de l'université, Clément bénéficie de 500€ d'argent de poche chaque mois, pour les dépenses du quotidien. Une situation idéale pour étudier dans d'excellentes conditions. Tant et si bien que Clément réussit brillamment, année après année, et prolonge même ses études pour se spécialiser.
Seulement voilà : alors qu'il gagne officiellement sa vie comme interne depuis plusieurs années, il ne paie toujours pas de loyer, et ses parents continuent de lui verser de l'argent chaque mois. "Il repoussait sans cesse le moment de prendre son indépendance, explique sa mère. Il avait souvent des problèmes d'argent, alors on donnait un peu plus. C'était un sujet difficile à aborder, et quand on le faisait, il disait toujours qu'il pourrait bientôt se prendre en charge." Au fil des mois, l'étudiant visite de moins en moins ses parents : il est pris par un emploi du temps très chargé. "On l'a toujours encouragé à pousser ses études le plus loin possible, alors on ne pouvait qu'approuver."
Jusqu'à ce jour du mois de novembre 2016, où Clément propose à ses parents de déjeuner au restaurant. Son père, qui voyage beaucoup, est présent lui aussi. Christine se souvient de chaque détail. "La date précise, le restaurant, ce que j'ai mangé : je pourrais tout décrire avec précision. Pourtant, c'est un moment que je voudrais bien oublier." Car ce jour-là, Clément confesse tout : sa première année de médecine avortée, et les neuf ans de mensonge qui ont suivis. Ses études n'ont jamais réellement commencé, et il n'a jamais travaillé. Depuis son bac, dix ans plus tôt, ses parents financent sa vie parisienne. Rien d'autre. "Je ne peux pas expliquer ce que j'ai ressenti. Je n'arrivais pas à réagir. Comment pouvions-nous imaginer une seule seconde que rien de tout cela n'était vrai ? C'était mon fils, ça n'y changeait rien et pourtant je sentais bien qu'à partir de cet instant, nos relations seraient transformées à jamais. Qu'il n'y aurait pas de retour en arrière." Et comme coup de grâce, l'absence d'explication. L'impossibilité de comprendre. "Aujourd'hui encore, je ne sais ni pourquoi il a fait ça, ni pourquoi il a fini par tout nous avouer." Clément, lui, vit et travaille désormais loin de Paris.
*Les prénoms ont été changés.