La marge vous permettant de ne pas être flashé sur l’autoroute par les voitures radar serait bien supérieure à 130 km/h. Et c’est la sécurité routière qui le dit.
Alors qu’elle devait renforcer la protection des travailleurs et travailleuses du sexe, la loi de pénalisation des clients, votée en 2016 a fait plutôt le contraire. C’est le bilan sévère d’une étude menée par la sociologue Hélène Le Bail, pour près d’une douzaine d’association. Parmi les conséquences pointées par les quelques 583 questionnaires : précarisation en hausse, et exposition accrue à la violence mais aussi aux MST. Thierry Schaffauser, travailleur du sexe et membre du STRASS (Syndicat du Travail du sexe) confirme à Planet : "Aujourd’hui je suis sous traitement préventif au SIDA (prep) parce que je n’arrive plus à imposer le port du préservatif aux clients. Il faut comprendre que dans un métier aussi précarisé que celui-là, on ne peut pas se permettre de perdre des clients et donc forcément on prend plus de risques", explique-t-il.
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Alors que la loi devait "responsabiliser" les clients, les travailleurs du sexe se retrouvent plus exposés à la violence. "Nous sommes conduits à travailler plutôt de nuit et à pied maintenant, mais aussi dans des endroits qui sont plus reculés, isolés, où on ne peut plus compter sur la solidarité entre travailleurs du sexe. Forcément, dans ces conditions, il est plus facile de nous agresser", détaille Thierry, tout en ajoutant qu’il y a aussi une perte de revenue conséquente. "Les clients estiment qu’ils prennent plus de risques qu’avant et donc ils négocient les tarifs. J’ai des collègues, au bois de Vincennes, qui ont divisé par deux le prix de la passe en passant de 40 à 20 euros. Et puis vous avez carrément des clients qui arrivent et imposent leur tarif", dénonce-t-il.
A cela s’ajoute aussi le fait que même si le délit de racolage a été abrogé, certaines municipalités ont pris des arrêtés, c’est notamment le cas dans les grandes villes, comme à Paris. "Aujourd’hui on a le droit de vendre un service sexuel, le devoir de payer des impôts et des charges, mais on ne peut pas avoir de clients", ajoute Thierry.
Beaucoup de bruit pour rien
Thierry déplore que sous couvert de cette loi de pénalisation, on assure que les travailleurs du sexe, dont le nombre est estimé à 50 000 en France, ne sont plus pénalisés, ce qui n'est pas le cas et il ajoute : "La répression des clients est finalement faible par rapport à la répression que subissent les travailleurs du sexe". En deux ans, environ 2000 PV ont été dressés contre des clients.
Il regrette que cette loi encore une fois stigmatise sa profession. "Cette loi renforce l’idée que nous sommes comme des mineurs. Ca renforce l’idée qu’on n’aurait pas compris ce qu’est le "bon" sexe. On a l’impression d’être comme les gays dans les années 50. L’Etat considère que nous sommes des victimes de la prostitution", ajoute-t-il. Si un processus de sortie de la prostitution a bien été mis en place pour celles et ceux qui le souhaitent, Thierry le juge inadéquat.
Au-delà de la loi de pénalisation du client, le STRASS s’inquiète aujourd’hui de la loi asile-immigration, qui sera discutée lundi à l’Assemblée nationale. "Le travail du sexe est exercé par beaucoup de migrants et là nous sommes face à une loi qui complique le droit d’asile. Aujourd’hui en France, on renvoie des personnes trans et séropo au Brésil alors qu'elles y sont assassinées et qu'il n'y a pas de traitements efficaces", déplore-t-il. Une manifestation aura lieu ce dimanche à Paris contre le projet de loi.