De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Les seins nus ne s’affichent plus sur les plages. Selon un sondage Ifop publié en 2019, le nombre de femmes qui font du topless diminue d’année en année. L’été dernier, à peine 19% des femmes de moins de cinquante ans déclaraient se mettre seins nus à la plage. En 1984, elles étaient 35%. Interrogée par Planet, Louise [le prénom a été modifié, NDLR] voit cette pratique comme "un peu dépassée et réservée aux femmes d’un certain âge". Un désamour confirmé auprès de Planet par Christophe Colera, socio-anthropologue et chercheur indépendant, auteur de La nudité, pratiques et significations (éditions du Cygne) : "Le topless, qui a été un symbole de la libération du corps féminin sur les plages à partir des années 1970, n’est plus trop en vogue".
Fin du topless : "Les traces de maillot, c'est quand même pas mal !"
Comment expliquer ce désamour pour le topless, qui est même jugé ringard chez les plus jeunes ? La société est-elle devenue pudique ? Louise, qui aime bronzer l’été mais sans excès, n’imagine pas exposer sa poitrine aux rayons du soleil alors qu’on sait, désormais, qu’ils peuvent être dangereux pour la peau. "On sait que c’est une partie du corps extrêmement sensible, avec une peau fragile, alors pourquoi prendre des risques ?", demande la jeune trentenaire. "Les traces de maillot, c’est quand même pas mal ! Ça permet d’évaluer son bronzage", s’amuse-t-elle.
On l’a compris, en 2020, le topless ne séduit plus les jeunes femmes. Pour Christophe Colera, la désaffection "est plus ancienne" et il évoque aussi "un retour de nouvelles formes de pudeur dont on ne connaît pas très bien les causes". "Il y a parfois la crainte d’être ennuyées par des hommes, mais des enquêtes ont montré que beaucoup de femmes n’appréciaient pas de voir des corps d’autres femmes dénudées autour d’elle", ajoute-t-il auprès de Planet. La crise sanitaire et le Covid-19 ont-ils mis un frein définitif à la pratique du topless en France ?
Fin du topless : "Le covid-19 a pu jouer un rôle"
Le confinement, le stress et la peur du virus ont-ils un impact sur le topless cet été ? "Le Covid-19 a pu jouer un rôle, puisque les informations, perçues comme assez contradictoires par les gens, créent une vision assez confuse des conditions de transmission du virus entre les corps, ce qui n’encourage pas trop à se dévêtir", confirme à Planet Christophe Colera.
Il estime également qu'"il y a eu une certaine virtualisation du rapport au regard d'autrui pendant le confinement, en faisant en sorte que tout passe par l'intermédiaire des écrans". Il émet donc l'hypothèse que "beaucoup de femmes qui ressentaient la pratique du topless comme un moyen d'affirmer la libeté de leur corps dans le regard d'autrui sur la plage ressent maintenant moins le besoin de le faire dans un espace physique réel et préfère affirmer leur liberté et leur existence sur WhatsApp ou Skype".
Pour autant, la crise sanitaire qui touche le monde depuis plusieurs mois ne serait pas la seule explication à ce désamour du topless. La société n’accepterait-elle plus le topless aussi bien qu’avant ?
Fin du topless : une pratique qui n'est plus en accord avec la société ?
Dans les années 1990, le sociologue Jean-Claude Kaufmann s’est intéressé aux seins nus sur les plages, affirmant, dans une interview accordée en 1995 à L’Express, que "la pratique des seins nus obéit à un code très rigoureux que chaque femme se doit de respecter selon le contexte de la plage, sa capacité d’aisance, son âge ou sa morphologie". Pour Christophe Colera, "la diversité culturelle sur les plages a aussi brouillé un peu les codes de convenances en termes de topless qu’avait étudié Kaufmann dans les années 1990". Selon lui, "la seule anticipation de 'problèmes' liés à cette diversité peut aussi jouer un effet dissuasif sur les plages". Pour le docteur en sociologie, il y aurait également "une volonté croissante de protéger l’enfance et les ados". Le topless d'une femme en présence d'enfants ou d'adolescents serait donc mal vu, peut-être plus qu'avant.
Pour autant, Christophe Colera estime qu’il faut être nuancé sur la question du topless. "Tout comme il y a beaucoup de femmes qui peuvent ressentir un besoin de retour à la pudeur, d’autres tiennent à affirmer la présence de leurs corps sans norme, par exemple en pratiquant le naturisme". Certaines le font "dans une optique revendicatrice comme les Tumultueuses ou pratiquent le no-bra [ne pas porter de soutien-gorge, NDLR]", précise-t-il. Néanmoins, ces deux mouvements restent "minoritaires" pour le sociologue et "en tout cas ce n’est pas sur les plages".